La FED par sa hausse des taux de 0.75% met la pression sur les autres Banques centrales, qui, contraintes et forcées, vont devoir augmenter leur taux de façon plus agressive, car elles ne veulent pas voir leurs devises se déprécier par rapport au dollar.
La FED contraint les autres Banques centrales à accélérer le mouvement
La FED par sa hausse des taux de 0.75% met la pression sur les autres Banques centrales, qui, contraintes et forcées, vont devoir augmenter leur taux de façon plus agressive, car elles ne veulent pas voir leurs devises se déprécier par rapport au dollar.
Trois cas emblématiques
Après la hausse surprise de 0.50% lors de sa dernière réunion, la Banque centrale d’Australie est bien décidée à poursuivre le mouvement selon son gouverneur. Même si la hausse prochaine ne sera pas nécessairement de 0.75%, le taux directeur devrait terminer l’année en forte hausse si on se base sur le niveau du taux à 2 ans.
Il faut dire que selon le gouverneur, l’inflation devrait se situer à 7% d’ici la fin de l’année contre un taux de 6% précédemment estimé.
Deuxième cas, et le commentaire est on ne peut plus explicite concernant le risque que fait courir la dépréciation de la devise. Il s’agit de Catherine Mann qui est responsable de la fixation des taux d’intérêt au sein de la Banque d’Angleterre. « Selon moi, une politique plus énergique réduit le risque que l’inflation nationale déjà ancrée soit renforcée par une inflation importée via une dépréciation de la livre sterling ».
Et il est vrai que le sterling s’est sensiblement déprécié par rapport au dollar, en partie parce que malgré 5 hausses de taux, la BOE semble à la traîne par rapport à l’inflation et à la FED qui s’est montrée plus agressive.
C’est en partie parce que le sterling s’est affaibli que Catherine Mann avait voté pour une hausse de 0.50% lors de la dernière réunion de la BOE jeudi passé.
Et dernier cas, la BCE évidemment. Avec un changement de taille, puisque l’économiste en chef, Philip Lane, qui a mis du temps à reconnaitre qu’il fallait augmenter les taux, a estimé que si la BCE ne reviendrait pas sur sa décision d’augmenter les taux de 0.25% en juillet, en revanche l’ampleur de la hausse de septembre n’est pas encore décidée.
Bien évidemment ce changement de ton est justifié par l’inflation et les perspectives restent élevés comme l’a souligné Lane, « nous avons actuellement des taux d’inflation très élevés, et il est clair que nous pourrions être dans un monde où la psychologie de l’inflation s’installe ».
Mais la hausse de 0.75% de la part de la FED met un coup de pression supplémentaire sur la BCE qui ne veut absolument pas voir l’euro se déprécier par rapport au dollar.
La décision de la FED et la perspective de voir encore une nouvelle hausse de 0.75% lors de la prochaine réunion met une énorme pression sur les autres Banques centrales qui ne veulent pas subir une inflation importée à cause d’une devise faible.
Et le cas du yen est emblématique et préoccupe de plus en plus les autorités japonaises. Le ministre des Finances a ainsi déclaré, « le gouvernement sera en liaison étroite avec la Banque du Japon tout en surveillant le marché des changes et son impact sur l’économie et les prix avec un sentiment d’urgence encore plus grand. Nous réagirons de manière appropriée si nécessaire tout en restant en étroite communication avec les autorités monétaires des autres pays ».
Mais ces déclarations n’ont pas réduit la pression sur le yen qui reste toujours à son niveau le plus bas depuis plus de 20 ans. Même si un yen faible est évidemment une aubaine pour les exportations, ce qui explique peut-être le rebond du Nikkei ce matin.
Risque de fragmentation
La BCE doit aussi éviter le risque de fragmentation, c’est-à-dire de voir un élargissement des spreads au sein de la zone euro. Même si le résultat des élections en France n’a pas provoqué de tensions sur la dette française, comme je le soulignais hier au journal de Canal Z (rubrique Eco News à 5 minutes 10), ce risque de fragmentation plane sur la zone euro.
Christine Lagarde a dès lors insisté en déclarant « il faut tuer le problème dans l’œuf. Vous ne voulez pas laisser le risque de fragmentation se produire et entraver la transmission de la politique monétaire ».
Même si la tension est un peu redescendue depuis la réunion surprise de la BCE la semaine passée, avec un spread entre l’obligation italienne et le Bund qui est revenu à 200 points de base contre 250 la semaine passée, il demeure cependant encore trop élevé.
Bonjour et merci pour vos newsletters que je trouve toujours super intéressantes !
J’ai deux petites questions qui vont peut être paraître stupide, mais n’étant pas un spécialiste du monde de la finance, j’ai du mal à comprendre.
Pour commencer, pourriez vous expliquer en quoi le fait d’augmenter les taux directeurs aura pour effet de freiner l’inflation.
Ensuite, pour quelle raison la hause du taux directeur de FED a-t-elle un effet de dévalution des autres devises.
Bonjour et merci pour vos newsletters que je trouve toujours super intéressantes !
J’ai deux
petites questions qui vont peut-être paraître stupides, mais n’étant pas un
spécialiste du monde de la finance, j’ai du mal à comprendre.
Pour
commencer, pourriez-vous expliquer par quel mécanisme le fait d’augmenter les
taux directeurs aura pour effet de freiner l’inflation.
Ensuite, pour
quelle raison la hausse du taux directeur de FED a-t-elle un effet si fort sur
la dévaluation sur des autres devises.
Bonjour Monsieur Abraham,
Désolé de vous répondre un peu tardivement mais j’étais en déplacement ces derniers jours.
Merci pour votre message et pour l’intérêt que vous portez à mes commentaires.
Et je vais m’efforcer de répondre à vos deux questions qui sont tout à faits légitimes.
Concernant la première question, en augmentant les taux, les Banques centrales cherchent à ralentir la demande (la consommation) ce qui entrainera alors un ralentissement dans la hausse des prix et donc un recul de l’inflation. Elles veulent, en augmentant les taux, inciter les ménages à épargner plutôt qu’à dépenser.
Pour la deuxième question, comme la Banque centrale américaine a déjà augmenté ses taux et qu’elle a bien l’intention de le faire de façon plus agressive que la Banque centrale centrale européenne, les taux aux Etats-Unis sont largement au-dessus de ceux dans la zone euro. Avec comme conséquence que ces taux sont plus intéressants pour les investisseurs. Ces derniers décident donc d’acheter des obligations émises en dollar et de vendre leur euros (ou une autre devise) pour se faire. Avec donc comme conséquence, que les devises se dévaluées par rapport au dollar. C’est donc le différentiel de taux plus favorable au dollar qui explique (alors en partie) cette dévaluation des autres devises.
J’espère que mes explications sont assez précises et n’hésitez pas à me revenir si cela n’a pas été le cas.
Bonne journée.
Bernard Keppenne