La question du jour n’est pas de savoir si la BCE va augmenter ses taux à partir de juillet, mais de quelle ampleur sera la hausse d’ici la fin de l’année.
Christine Lagarde joue sa crédibilité ce jeudi
La question du jour n’est pas de savoir si la BCE va augmenter ses taux à partir de juillet, mais de quelle ampleur sera la hausse d’ici la fin de l’année.
Réunion de la BCE
Christine Lagarde est attendue au tournant car elle va devoir se montrer suffisamment crédible pour faire oublier qu’il y encore 15 jours il n’était pas question de hausses de taux cette année.
Cette réunion devrait entériner la fin du programme d’assouplissement quantitatif (programme de rachats d’obligations) à la fin de ce mois, ce qui permettra alors à la BCE d’augmenter ses taux.
La première hausse de taux devrait alors intervenir le 21 juillet avec une seule question à savoir une hausse de 0.25% ou de 0.50%. La réunion sera sur ce point cruciale et devrait nous donner des indications sur l’ampleur de la hausse d’ici la fin de l’année.
Les taux longs en zone euro ont déjà anticipé cette hausse que cela soit le rendement du Bund 2 ans ou 10 ans. Mais également les taux courts quand on observe l’évolution de l’Euribor 6 mois et 12 mois qui sont repassés au-dessus de 0%.
Mais, et c’est toute la difficulté de l’exercice, Christine Lagarde doit éviter que ces hausses de taux n’entrainent un élargissement trop important des différentiels de taux au sein de la zone euro au détriment des pays fortement endettés. Or si l’on observe l’évolution de ce différentiel entre le Bund et l’obligation italienne à 10 ans il s’est déjà très nettement élargi.
Lors de cette réunion, la BCE devrait revoir ses prévisions pour l’inflation, certainement pas à la baisse mais bien au contraire à la hausse, ce qui signifie que les hausses de taux perdureront en 2023.
Christine Lagarde pourra toujours se réjouir de la révision du chiffre de croissance au premier trimestre pour la zone euro. Après une première estimation qui avait été de 0.3%, Eurostat a revu ce dernier à 0.6%. Si l’on décortique ce chiffre, il ressort que la hausse a été assurée d’une part par les exportations nettes et d’autre part par les stocks. Avec derrière ce chiffre une question de savoir si les entreprises ont constitué des stocks pour faire face à une forte demande, ou si c’est la résultante d’une baisse de la demande.
Révisons encore
Christine Lagarde aura à l’esprit, malgré ce chiffre encourageant, les révisions à la baisse des prévisions de croissance de la Banque mondiale que j’évoquais hier, mais aussi celles de l’OCDE publiées hier.
Un graphique vaut mieux parfois qu’un long discours et celui qui illustre les révisions à la baisse des prévisions de l’OCDE est plus que parlant. Pour l’économie mondiale, la croissance en 2022 devrait être de 3%, soit 1.5% de moins que ce qu’elle avait annoncé en décembre. Et pour 2023, elle table désormais sur un taux de 2.8% contre 3.2% il y a 6 mois.
Les prévisions d’inflation ont été par contre fortement revues à la hausse, avec de nouveau un graphique très parlant, ce qui justifie le resserrement monétaire observé un peu partout. Pour autant, l’OCDE estime limité le risque de stagflation, mais s’inquiète des risques de famine dans les pays à très faibles revenus ou fortement dépendants des importations de céréales.
Reprise en Chine
L’OCDE a revu aussi ses prévisions pour la Chine à 4.4% en 2022 contre 5.1% précédemment, compte tenu des mesures de confinement qui ont pesé sur l’activité sur la première partie de l’année.
Mais la levée de ces mesures de restriction fait déjà sentir ses effets et devrait assurer une deuxième partie d’année plus positive. Cela s’observe avec les chiffres du commerce international. En effet, les exportations ont progressé en taux annuel de 16.9% en mai contre 3.9% en avril.
Et les importations ont augmenté de 4,1% en mai par rapport à l’année précédente, soit la première hausse en trois mois, après une croissance nulle en avril. Ce dernier chiffre est encourageant mais indique que la demande intérieure reste encore atone.
Ce n’est pas pour rien que les autorités ont pris une série de mesures pour soutenir la demande intérieure, mais il faudra du temps pour un retour à la normale. Et le risque de nouveaux confinements continuera de planer sur cette reprise. D’ailleurs ce matin, certaines parties de Shanghai ont commencé à imposer de nouvelles restrictions, entre autres, les habitants du quartier de Minhang ont reçu l’ordre de rester chez eux pendant deux jours.