Christine Lagarde s’est affirmée mais ce n’est pas sans conséquences

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On voit que les épreuves de ski à bosses et de glisse ont commencé quand on voit l’évolution des marchés boursiers, mais le plus impressionnant est sans doute le saut arrière de Christine Lagarde.

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On voit que les épreuves de ski à bosses et de glisse ont commencé quand on voit l’évolution des marchés boursiers, mais le plus impressionnant est sans doute le saut arrière de Christine Lagarde.

Le volte-face de la BCE

L’acte s’est passé en deux temps et a été impressionnant. A 13 h 45, la BCE a publié son communiqué qui ressemblait pratiquement mot pour mot à celui du mois de décembre. Elle confirmait le statu quo monétaire ainsi que la fin du programme de rachat (le fameux PEPP) en mars 2022 et le maintien pour autant du programme de rachat en vigueur depuis la crise financière.

Un non-événement donc et qui n’a provoqué aucune réaction de la part des marchés. Mais la conférence de presse de Christine Lagarde a pris une toute autre tournure et je peux même dire que c’est sans doute pratiquement la première fois qu’elle a assuré et assumé son rôle de présidente de la BCE.

Mais le revirement a été de taille et les réactions des marchés à la hauteur de ce revirement. Elle a d’abord reconnu que la hausse de l’inflation dans la zone euro à 5.1% en janvier avait surpris tous les membres du Directoire. Pour rappel, ils n’étaient pas les seuls car tout le monde s’attendait à un recul de l’inflation.

Christine Lagarde a reconnu que la situation avait changé et que « l’inflation devrait rester élevée plus longtemps que prévu auparavant mais refluer dans le courant de l’année (…). Par rapport à nos prévisions de décembre, les risques entourant les perspectives d’inflation sont orientés à la hausse, particulièrement pour le court terme ».

Même si elle estime que l’inflation devrait revenir vers l’objectif de la BCE et que cette hausse est essentiellement liée à la hausse des prix de l’énergie, elle a déclaré que « les surprises concernant l’inflation impliquent une vigilance unanime du Conseil des gouverneurs ».

Et même si la BCE ne va pas suivre la FED, car la situation est différente, et que les mesures seront progressives, Christine Lagarde a laissé la porte ouverte à toutes les options possibles et même à une hausse des taux si nécessaire. La BCE sortirait-elle du « syndrome Trichet » ?

C’est donc un message diamétralement différent du communiqué publié moins d’une heure plus tôt, qui a donc provoqué un véritable cataclysme dans les marchés financiers.

Les bourses européennes n’étaient pas du tout préparées à ce revirement et ont très mal vécu la perspective d’une hausse des taux dans un contexte déjà déprimé après les résultats de Meta (résultats qui ont d’ailleurs plombé le Nasdaq hier soir). La deuxième réaction a été une hausse assez nette de l’euro par rapport au dollar.

Mais le plus impressionnant a été la réaction sur le marché des taux avec une hausse très marquée du rendement du Bund à 2 ans et à 10 ans.  Mais pas uniquement du Bund, de l’ensemble des taux dans la zone euro avec un léger élargissement des spreads comme entre le Bund 10 ans et l’obligation italienne à 10 ans.

L’onde de choc a été tellement forte que le rendement de l’obligation japonaise à 10 ans a atteint son niveau le plus élevé depuis 2016. Mais il faut dire que la décision de la BOE avait déjà provoqué des petites tensions.

Décision de la BOE

Sans surprise, la BOE a relevé son taux de 0.25% pour le faire passer à 0.50%, mais il y a quand même 4 membres du Comité qui avaient voté pour une hausse de 0.50%. Et cela a été une véritable surprise car cela va totalement à l’encontre des habitudes de la BOE.

Pour autant, la BOE a clairement indiqué qu’elle n’entendait pas mener une politique de forte hausse des taux à l’avenir, son gouverneur précisant que « le MPC juge que si la situation économique évolue de manière globalement conforme au scénario central de février, un resserrement supplémentaire modeste pourrait être approprié dans les mois à venir. Mais ce serait une erreur d’extrapoler de manière simpliste sur la base de ce que nous avons fait aujourd’hui et de supposer que les taux sont désormais inévitablement engagés dans une longue ascension ».

Autre décision, attendue, la BOE va entamer en mars son resserrement quantitatif avec dans un premier temps l’arrêt du réinvestissement, soit 27,9 milliards de sterling pour le mois de mars d’échéances et céder d’ici fin 2023 la totalité des obligations d’entreprise qu’elle détient.

Si le sterling s’est renforcé juste après l’annonce, cela fut de courte durée avec la forte hausse de l’euro après les propos de Christine Lagarde. Par contre, le rendement du Gilt 2 ans anticipe encore des hausses de taux.

Autre hausse des taux

De la part de la Banque centrale tchèque qui a augmenté son taux de 0.75% pour le porter à 4.50% , soit son niveau le plus élevé depuis janvier 2002.

Le gouverneur de la Banque centrale n’a pas exclu encore une hausse des taux compte tenu du fait que l’inflation devrait encore progresser cette année malgré les hausses déjà effectuées l’année passée. La couronne tchèque s’est encore un peu plus renforcée par rapport à l’euro.

L’effet Omicron

L’effet Omicron s’est fait durement sentir sur les indices PMI des services en particulier en Italie et en Espagne. En Espagne, la chute est conséquente en passant de 55.8 à 46.6, soit son niveau le plus faible depuis mars 2021.

Aux Etats-Unis, l’indice ISM non manufacturier a également sensiblement reculé sous l’effet de la résurgence du virus. Et les chiffres du chômage publiés cet après-midi devraient confirmer cette situation. On attend un taux de chômage stable à 3.9%, et seulement 150.000 créations d’emploi.

Sans surprise

Même en limogeant le directeur de l’institut des statistiques cela n’a évidemment pas empêché l’inflation en Turquie de s’envoler à 48.69%, soit son niveau le plus élevé depuis 20 ans.

D’un mois à l’autre elle a augmenté de 11.1% sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie, de l’alimentation et de la dépréciation de la devise. Mais vu le maintien des taux par la Banque centrale, le mouvement pourrait encore s’accentuer durant les prochains mois.

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