L’UE encore a la croisée des chemins

Une nouvelle fois, la question de la solidarité européenne va se poser, et une nouvelle fois des mesures fortes sont attendues pour permettre à l’UE de s’en sortir.

Solidarité européenne ?

Les dirigeants européens se réunissent par vidéoconférence, et si l’on parle d’un plan de relance de 2.200 milliards d’euros dont l’UE aura bien besoin, il faut que les Européens soient solidaires et qu’une décision commune aboutisse aujourd’hui. Il est inenvisageable d’avoir un échec vu la gravité de la situation, et seule, la BCE ne pourra pas continuer à tenter de stabiliser la situation si des mesures de soutien ne sont pas mises en place par le monde politique.

BCE qui d’ailleurs continue d’assouplir ses critères pour assurer le plus possible la liquidité et qui a convenu hier qu’elle appliquerait à chaque actif sa note de crédit à la date du 7 avril afin que les banques puissent continuer à les utiliser, à condition que la note reste dans la partie supérieure de la catégorie non investissement, soit deux crans dans la catégorie “spéculative”.

C’est clairement une décision qui vise à se préparer à des changements de rating de l’Italie en particulier, et le message de la BCE est assez clair sur ce point ; “la BCE pourrait décider, si et lorsque nécessaire, de prendre des mesures supplémentaires pour atténuer davantage l’impact des dégradations de notation, particulièrement avec l’objectif d’assurer la transmission fluide de sa politique monétaire dans toutes les juridictions de la zone euro”.

Mais en dehors du cas de l’Italie, on constate un élargissement des spreads malgré le franc succès des émissions obligataires. Après l’Italie, l’Espagne a emprunté 15 milliards d’euros à 10 ans et son adjudication a fait l’objet d’une demande de 97 milliards d’euros. Mais cela n’a pas empêché, comme le montre le graphique, que le spread de l’Espagne avec le bund se soit nettement tendu.

Autre preuve d’une certaine tension sur le marché et d’une hausse des coûts de financement, comme le montre le graphique, l’euribor 3 mois a augmenté pour atteindre son niveau le plus élevé depuis 2016.

Il y a donc urgence de voir l’Europe s’engager de façon solidaire, surtout que les indices PMI vont nous rappeler la dureté de la situation et sa gravité, comme le montre le tableau des prévisions de ces différents indices attendus aujourd’hui.

Indices en chute aussi en Asie

Et il ne faut se faire aucune illusion concernant ces indices quand on observe ce matin les indices PMI publiés en Asie.

Au Japon, comme le montre le graphique, l’indice PMI des services est tombé à son niveau le plus bas depuis septembre 2007 et celui de l’industrie à son niveau le plus bas depuis avril 2009. Comme en plus, le gouvernement a décidé assez tardivement la mise en confinement d’une partie du pays, la chute des indices devrait encore se poursuivre.

En Australie, même constat et le graphique ressemble furieusement à celui du Japon, l’indice des services est à un niveau inédit.

Et la situation en Corée du Sud n’est guère mieux, avec l’annonce d’une contraction de 1.4% du PIB au premier trimestre, soit la plus forte contraction depuis le quatrième trimestre 2008. Ce recul est la conséquence d’une chute de 6.4% de la consommation et d’un recul de 2% des exportations. Mais la situation devrait encore se dégrader car sur les 20 premiers jours d’avril, les exportations ont plongé de 27% en taux annuel.

Nouvelles mesures aux Etats-Unis

La Chambre des Représentants a approuvé un nouveau plan d’aide de 500 milliards de dollars, qui vient s’ajouter aux aides précédentes et qui est destiné en particulier aux PME.

Ce vote ainsi qu’une remontée du prix du baril ont permis à la bourse américaine de connaitre une hausse sensible et d’entrainer dans son sillage toutes les autres bourses.

Mais ces nouvelles mesures sont indispensables car la situation continue de se dégrader aux Etats-Unis. En particulier sur le marché de l’emploi comme devrait venir le confirmer la publication du chiffre des inscriptions hebdomadaires au chômage. Cette semaine elles devraient s’élever à 4.2 millions contre 5.245 millions la semaine passée.

Soit un chiffre total de 26.2 millions d’inscriptions depuis le 21 mars, ce qui représente 16% de la population active. Et pour donner une idée de l’ampleur du choc, l’économie américaine avait créé 22 millions d’emplois entre septembre 2010 et février de cette année.

Recul de l’inflation

Le taux d’inflation au Canada a chuté de 0.9% en mars contre un taux de 2.2% en février, soit son taux le plus bas depuis mai 2015.

Le taux d’inflation en Grande-Bretagne est passé de 1.7% à 1.5%, et pourrait encore accentuer son recul et pourrait même passer sous les 1% dans les prochains mois.

Recul de l’inflation ou pas, la banque centrale de Turquie a décidé de réduire de 1% son taux pour le ramener à 8.75% pour faire face à l’effondrement de l’économie.