La FED a soufflé le chaud et le froid hier soir, mais Powell a finalement laissé la porte ouverte à toutes les possibilités, ce qui a fortement déplu aux bourses.
La FED douche tous les espoirs … ou les illusions
La FED a soufflé le chaud et le froid hier soir, mais Powell a finalement laissé la porte ouverte à toutes les possibilités, ce qui a fortement déplu aux bourses.
Encore des hausses
D’abord, sans surprise, la FED a bien augmenté de 0.75% son taux pour le porter à 3.75%-4%, soit le niveau le plus élevé depuis 2008.
Dans un premier temps, lors de la conférence de presse, Powell a laissé entendre que, tout doucement, la FED allait sans doute commencer à réévaluer le rythme des hausses futures.
Pour se faire, « en déterminant le rythme des futures augmentations de la fourchette cible, le comité prendra en compte le resserrement cumulatif de la politique monétaire, les délais avec lesquels la politique monétaire affecte l’activité économique et l’inflation, ainsi que les développements économiques et financiers » a souligné Powell.
Mais ce débat n’a pas encore eu lieu et Powell de préciser, « cela peut arriver dès la prochaine réunion ou celle d’après. Aucune décision n’a été prise. Il est probable que nous ayons un débat à ce sujet lors de la prochaine réunion ».
Dans un deuxième temps, Powell a douché les espoirs avec deux remarques qui ont fait basculer les bourses dans le rouge vif. D’une part, en déclarant, « le “niveau ultime” du taux de politique de référence de la Réserve fédérale est probablement plus élevé que prévu précédemment ». Et d’autre part, qu’il y avait « une incertitude significative » autour du niveau de taux nécessaire pour faire baisser l’inflation mais « nous avons encore du chemin à parcourir ».
Conséquences, les taux sont repartis nettement à la hausse, à l’instar du rendement du Treasury 2 ans, et la probabilité d’une hausse de 0.50% en décembre est tombée à 50% contre 50% pour une hausse de 0.75%. Et alors que jusqu’à présent, en tenant compte des Dot Plots de septembre, la fourchette maximum était de 4.50% -4.75% courant 2023, ses propos donnent à penser qu’elle sera plutôt à 5%- 5.25%.
Une aubaine pour la BoE
La Banque d’Angleterre, qui se réunit ce jeudi, va pouvoir profiter de ces propos plus agressifs que prévu pour procéder à une hausse de 0.75% de son taux pour le porter à 3%, ce qui serait la plus forte hausse depuis 1989.
Elle devrait aussi commencer à réduire la taille de son bilan, ce qu’elle n’avait pas pu faire à cause de la crise politique qui avait secoué le pays.
La hausse des taux de la part de la FED et de la BCE, la semaine passée, est sans doute une aubaine pour la BoE qui peut surfer sur ces hausses malgré un contexte politique qui demeure plus qu’incertain.
La Banque centrale de Norvège, qui se réunit aussi aujourd’hui, va encore augmenter son taux de 0.50% pour le porter à 2.75%.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent
La politique zéro-covid en Chine continue de peser lourdement sur l’économie et après l’industrie, c’est au tour des services de montrer de sérieux signes de ralentissement.
C’est ce qui ressort de la publication de l’indice PMI des services qui est tombé à 48.4 en octobre contre 49.3 en septembre, suite aux mesures de restriction, à l’absence des touristes et des contraintes pour voyager à l’intérieur du pays.
Résultat, l’indice PMI composite est tombé à 48.3 contre 48.5, soit son niveau le plus faible depuis mai, ce qui maintient la pression sur le yuan par rapport au dollar.
Petit retour sur les indices PMI manufacturiers
Comme je le soulignais hier, nous connaissons un ralentissement généralisé de la production industrielle et les indices PMI manufacturiers en zone euro l’ont nettement confirmé hier.
Aucun pays n’a échappé à cette tendance, avec en particulier un très net recul en Espagne, son indice passant de 49 à 44.7, soit son niveau le plus bas depuis mai 2020. Et l’Italie ne fait guère mieux avec un indice qui est passé de 48.3 à 46.5.
Et pire encore, l’indice pour la zone euro a été revu à la baisse, et le sous-indice mesurant l’évolution de la production a chuté à 43,8 après 46,3 en septembre. Ce qui a fait dire à Joe Hayes, économiste senior de S&P Global Market Intelligence, « en octobre, les nouvelles commandes ont baissé à un rythme que nous avions rarement observé en 25 ans de recueil de données; il n’y a que pendant les pires mois de la pandémie et au plus haut de la crise financière mondiale entre 2008 et 2009 que la baisse a été encore plus forte ».
Et pour encore compliquer les choses le cavalier seul de l’Allemagne passe très mal. Cavalier seul avec le voyage du Chancelier allemand en Chine, comme si l’Allemagne n’avait pas encore compris ce qu’impliquait d’être dépendant d’un seul partenaire et qu’il faut que l’Europe négocie ensemble et pas en ordre dispersé.
Et cavalier seul en mettant en place son bouclier de 200 milliards d’euros sous la forme d’un plafonnement du prix de l’électricité dès le 1er janvier pour l’industrie et les ménages. Le coût du kilowattheure d’électricité sera limité à 13 centimes d’euros jusqu’à 70 % de la consommation de l’année précédente pour les entreprises et de 40 centimes d’euros le kWh jusqu’à 80 % de la consommation de base pour les ménages.