La course folle des Banques centrales

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Les Banques centrales courent après l’inflation, mais elles ont pris du retard, et pour rattraper ce dernier elles pourraient se montrer plus agressives ce qui fait craindre une récession.

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Les Banques centrales courent après l’inflation, mais elles ont pris du retard, et pour rattraper ce dernier elles pourraient se montrer plus agressives ce qui fait craindre une récession.

L’exemple de la BOC

J’aurais pu prendre n’importe quelle Banque centrale, mais comme la Banque centrale du Canada se réunissait hier, elle va nous servir d’exemple.

Lors  de cette réunion, elle a décidé d’augmenter de 0.50% son taux directeur pour le porter à 1.5%. Jusque là pas de surprise et rien d’étonnant.

Mais il s’agit quand même de la deuxième hausse consécutive de 0.50%, ce qui est historique de la part de la BOC. Et surtout, son gouverneur a clairement laissé entendre que non seulement elle allait poursuivre le mouvement, mais qu’elle pourrait procéder à une hausse de 0.75% ou plus la prochaine fois si nécessaire.

Le message est sans ambiguïté, « le conseil des gouverneurs est prêt à agir plus énergiquement si nécessaire pour respecter son engagement à atteindre l’objectif d’une inflation de 2 % ».

Et quand on observe l’écart entre le taux directeur et l’inflation, il est évident que la Banque centrale va encore devoir agir alors que l’inflation pourrait encore augmenter.

Et d’ailleurs le marché a clairement intégré le fait que la Banque centrale coure après l’inflation et agira encore lors de ses prochaines réunions en envoyant le rendement de l’obligation à 2 ans à son niveau le plus haut depuis septembre 2008. Ce qui veut dire que le marché table sur un taux directeur à 3% d’ici la fin de l’année.

Si on écoute bien la présidente de la FED de San Francisco on entend exactement le même message, car elle appelle à une hausse rapide des taux de 0.50% lors des deux prochaines réunions pour atteindre le plus rapidement possible le taux neutre.

« Atteignons cet objectif aussi vite que possible », a ajouté Mme Daly à propos de l’obtention d’un taux neutre, soit un niveau qui ne stimule ni ne limite la croissance économique, et qu’elle estime à 2,5 %.

Crainte de récession

Un resserrement monétaire plus agressif n’est évidemment pas sans risque et fait craindre une récession, ce qui continue de préoccuper les bourses.

Mais cette crainte ne se reflète pas encore dans les indices de confiance des entreprises, que cela soit en Europe ou aux Etats-Unis.

Et même, aux Etats-Unis, l’indice ISM manufacturier a légèrement rebondi même si les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement perdurent à cause des fermetures en Chine. Et comme la demande reste forte, les entreprises sont écartelées entre cette dernière et les problèmes d’approvisionnement ce qui maintient la pression inflationniste.

Même constat quand on regarde les indices PMI en zone euro qui soulignent la poursuite des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement. Un exemple parmi d’autres, Stellantis a annoncé qu’il fermerait du 6 au 11 juin son usine en Italie qui emploie 7.000 travailleurs en raison d’une pénurie de puces.

La tension devrait donc encore perdurer, mais on constate un déplacement de la demande des biens vers les services, ce qui pourrait alléger les tensions dans l’industrie mais fait craindre en même temps un risque de ralentissement.

Et ce ralentissement s’observe déjà, par exemple en Allemagne, où les ventes de détail ont chuté de 5.4% sur le mois d’avril. En cause, évidemment la hausse des prix qui touche les produits alimentaires, mais aussi les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement.

Selon l’institut IFO, quelques 80,1 % des détaillants allemands interrogés en mai ont déclaré qu’ils ne recevraient pas toutes les marchandises qu’ils ont commandées, les blocages en Chine exacerbant les problèmes d’approvisionnement.

Et après les chiffres d’inflation en zone euro, la publication du chiffre des prix à la production ne va certainement pas rassurer. On attend en effet un taux annuel qui passerait de 36.8% à 38.5%, ce fait clairement craindre que l’inflation va continuer de progresser en zone euro les prochains mois.

Si les indicateurs PMI en zone euro font preuve d’une bonne résistance, en revanche, ceux des pays de l’Europe de l’Est connaissent un sérieux tassement. Et même celui de la Pologne est passé sous le seuil des 50 suite à une forte baisse de la production et des commandes.

Si les entreprises dans ces pays avaient encaissé sans trop de problème la hausse des prix et des salaires, cela ne semble plus le cas et cela annonce très probablement un risque de net ralentissement de l’économie. Un signal avant- coureur pour les entreprises en zone euro ?

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