L’aversion au risque a tout balayé sur son passage et les craintes en Asie se sont répercutées sur l’ensemble des bourses…
Le Delta plante les bourses
L’aversion au risque a tout balayé sur son passage et les craintes en Asie se sont répercutées sur l’ensemble des bourses, craintes accentuées avec les nouvelles mesures de restriction en Europe.
Aversion au risque
La crainte que le variant Delta ne vienne remettre en cause la reprise des économies a entrainé une très forte correction des bourses avec des secteurs qui ont particulièrement souffert comme le tourisme ou l’aérien.
Je soulignais hier combien l’Asie était confrontée à ce variant Delta, mais comme le montre le graphique, à part Singapour, le taux de vaccination dans ces pays est extrêmement faible. Ce qui laisse espérer qu’en Europe, même si la quatrième vague est bien là, nous éviterons de nouvelles restrictions trop lourdes.
L’aversion au risque a donc entrainé une chute importante des rendements obligataires, en particulier ceux aux Etats-Unis comme le montre le graphique du rendement du treasury 10 ans. Ce qui a entrainé un resserrement très marqué du différentiel de taux entre le rendement du treasury 10 ans et 2 ans, comme le montre le graphique, ce qui peut s’interpréter comme un doute de la part des investisseurs sur la solidité de la reprise.
Le prix du baril a fait le grand plongeon, comme le montre le graphique, accentué évidemment par l’accord de l’OPEP+ de la hausse de la production au moment où les doutes s’amplifient sur un recul possible de la demande à cause des nouvelles mesures de restriction.
Le seul indice qui ne baisse pas, au contraire, est l’indice VIX, à savoir l’indice de volatilité, mais la hausse reste modeste et contenue.
Surprise au Japon
Comme le montre le graphique, le taux d’inflation au Japon est repassé en territoire positif pour la première fois en un an avec un taux annuel de 0.2%. Mais cette hausse est largement imputable à la hausse des coûts de l’énergie et le Core CPI reste en territoire négatif.
Ce qui veut dire que cet effet est temporaire, surtout vu la correction du prix du baril, et aussi parce que les mesures de restriction vont peser sur la consommation et donc inéluctablement sur les prix.
Dilemme pour les Banques centrales
A l’instar de la Banque centrale d’Australie, les Banques centrales risquent fort de se trouver confrontées au dilemme de vouloir réduire leur programme de rachat alors que les nouvelles mesures de restriction risquent de rebattre les cartes.
C’est ainsi le cas de la Banque centrale d’Australie qui avait annoncé le 6 juillet qu’elle allait réduire ses achats d’obligations à 4 milliards de dollars australiens par semaine contre 5 milliards de dollars australiens à partir de septembre.
Mais les nouvelles mesures de confinement sont venues remettre en cause le beau scénario optimiste et la dernière enquête auprès des consommateurs a montré une chute de la confiance, la plus forte depuis mars 2020. Elle pourrait donc devoir revenir sur cette annonce si la dégradation de la situation se confirme.
C’est exactement le dilemme dans lequel se trouve la BOE. La semaine passée deux de ses membres s’étaient exprimés sur la nécessité de procéder à un durcissement de la politique monétaire en réduisant les rachats d’obligations. Mais, ce lundi, un autre membre, Jonathan Haskel, s’est inquiété d’un resserrement trop rapide, estimant que la hausse de l’inflation était temporaire, et, je vous le donne en mille, liée à la hausse du prix de l’énergie.
Il estime que « ces pressions et ces données irrégulières devraient être temporaires (…) en outre, l’économie n’est pas encore totalement rétablie et devra affronter deux obstacles dans les prochaines mois: le variant Delta, hautement transmissible, et un resserrement de la politique budgétaire ».
Il a été rejoint sur ce point par Catherine Mann, ancienne économiste en chef à l’OCDE et à la banque américaine Citi. Cette dernière va rejoindre le 1er septembre le comité de la BOE et se référant aux leçons tirées de la crise financière, elle « pense que cela montre la nécessité de ne pas être prématuré en termes de resserrement de la politique monétaire ». Et elle a utilisé la métaphore suivante en faisant référence aux signes de pressions inflationnistes, « vous devez attendre jusqu’à ce que vous voyiez le blanc de leurs yeux ».
C’est sans aucun doute la même réflexion que devrait avoir la BCE lors sa réunion ce jeudi, réunion qui se tiendra sous le signe de la nouvelle approche dévoilée après la révision stratégique.