The Game

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Je ne suis nullement critique littéraire et c’est donc un exercice qui m’est complètement étranger,…

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Je ne suis nullement critique littéraire et c’est donc un exercice qui m’est complètement étranger, mais je voudrais partager pour une fois, une lecture qui me semble destinée au plus grand nombre et d’actualité.

Il s’agit d’un essai, qui a d’ailleurs reçu le prix européen de l’essai 2020, écrit par un auteur de roman que j’adore et qui a entre autres écrit « Soie », « Novecento » ou « Océan mer », à savoir Alessandro Baricco.

Le fait justement qu’il s’agisse d’un écrivain de roman rend son essai plus accessible et plus fluide, tout en ayant comme inconvénient qu’il n’hésite pas à prendre des raccourcis ou qu’il y ait des oublis, mais finalement ce n’est sans doute pas fondamental.

Par le biais d’un retour dans le temps et en utilisant des cartes pour visualiser les changements, Alessandro Baricco veut attirer notre attention sur le fait que « la profonde mutation que nous connaissons aujourd’hui n’est pas seulement le fait d’une révolution technologique impliquant des outils inédits, mais aussi le résultat d’une insurrection mentale ».

Et pour bien marquer les esprits, il a intitulé son essai «The Game », mais je vais laisser une vraie critique s’exprimer sur la raison de ce titre.

« Mais pourquoi appeler le monde numérique The Game ? Pour Baricco, l’instant fondateur, c’est la présentation de l’iPhone par Steve Jobs en 2007. Regardez-le sur scène : il présente un outil qui n’est pas vraiment un téléphone et il s’amuse avec. Tout est léger, tout est en mouvement, l’objet est joli, coloré et amusant. Une cabine téléphonique, ce n’était pas amusant. Le BlackBerry n’était pas amusant. l’iPhone était élégant, confortable et amusant. L’iPhone existe pour les joueurs qui ont délaissé le babyfoot pour Space Invaders. La transition numérique, c’est la ludification d’un monde toujours en mouvement », a écrit Isabelle Collet, informaticienne, enseignante-chercheuse à l’université de Genève et romancière française qui travaille sur les questions de genre et les discriminations des femmes dans l’informatique et dans les sciences (https://www.lemonde.fr/blog/binaire/2020/04/10/the-game-dalessandro-baricco/).

Si le titre tire sa raison dans cet instant, pour Alessandra Baricco, si on veut comprendre la cause de cette mutation, il faut aller la chercher dans les propos de Stewart Brand, l’auteur de l’ouvrage de chevet de Steve Jobs The Whole Earth Catalog ; « beaucoup de gens croient pouvoir changer la nature des personnes, mais ils perdent leur temps. On ne change pas la nature des personnes. En revanche, on peut transformer la nature des outils qu’ils utilisent. C’est ainsi qu’on changera le monde ».

Cette mutation est venue de la volonté, selon l’auteur, pour certains, que le XXe siècle ne se reproduise plus. Mais pour d’autres, et sans doute la majorité, et je cite à nouveau Isabelle Collet, «ces gens n’avaient pas une théorie sur le monde, mais une pratique du monde. Ils faisaient de la résolution de problèmes, créaient des outils. Jeff Bezos se moque de la mort des librairies. Airbnb de la mort des hôtels ou de la disparition des appartements à louer dans les grandes villes. Les apps apportent des solutions à des problèmes précis. C’est tout ».

Evidemment écrit comme cela, cela fait peur, mais justement le propos de l’auteur est de nous dire « plus jamais cela » en parlant du XXe siècle, mais il faut de l’humanisme. Dans ses conclusions, il écrit « ce n’est pas le Game qui doit revenir à l’humanisme. C’est l’humanisme qui doit combler son retard et rejoindre le Game ».

Prenez le temps de lire cet essai pour comprendre ce qui est en train de se passer et pour donner de l’humanisme au Game. Bonne lecture.

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