Une récession sans commune mesure

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Les chiffres de la chute de la production industrielle en Europe donnent le tournis, d’autant plus que …

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Les chiffres de la chute de la production industrielle en Europe donnent le tournis, d’autant plus que le mois de mai devrait également connaitre un recul aussi même si celui-ci devrait être moins dramatique.

Production industrielle en Allemagne

La production industrielle en avril a chuté de 17.9%, avec en particulier un effondrement de la production manufacturière de 35.3%. Inutile de préciser que ce recul de la production industrielle est historique comme le montre le graphique.

La hausse de l’indice IFO, même modeste, confirme que le mois de mai devrait voir une petite reprise de l’activité, mais cela n’empêchera pas l’économie allemande de connaitre une contraction de son PIB d’au moins 10% au second trimestre selon les estimations provisoires.

Prévisions des banques centrales

La banque centrale des Pays-Bas table sur une contraction de l’économie du pays de 6.4% cette année avec une reprise assez lente de 2.9% en 2021 et 2.4% en 2022. Mais le contexte demeure encore très incertain, et ce scénario est le scénario optimiste, et la banque centrale n’exclut pas une chute de 11.8% cette année dans son pire scénario.

Après le Bureau du Plan, c’est au tour de la Banque Nationale de Belgique d’établir ses prévisions. Pas de surprise évidemment dans ces dernières et le scénario est déjà largement connu. Le communiqué de la Banque Nationale est limpide « l’activité économique se replierait cette année de 9 %, accusant une chute sans précédent au premier semestre, suivie selon toute attente d’un redressement seulement graduel et partiel. Par conséquent, près de 50 milliards d’euros de revenus seraient éliminés cette année. En base annuelle, le PIB en volume augmenterait de 6,4 % en 2021 et de 2,3 % en 2022. La vigueur du redressement est toutefois très incertaine et les chiffres présentés ici peuvent donc être soumis à de nouveaux risques baissiers, si les demandes intérieure et extérieure venaient à se redresser plus lentement qu’escompté durant les trimestres à venir ou si la situation sanitaire nécessitait de nouvelles mesures de confinement. Dans un tel scénario, le repli économique en 2020 pourrait même atteindre 13 % et la reprise subséquente serait encore plus laborieuse ».

Le taux de chômage devrait augmenter très nettement en passant de 5.4% en 2019 à 7.3% en 2020 pour atteindre 8.3% en 2021, soit une augmentation de 100.000 chômeurs.

Inutile de le préciser mais les finances publiques vont sérieusement se dégrader et selon la BNB, « le déficit budgétaire se creuserait sensiblement cette année, s’établissant à 10,6 % du PIB, en raison de la baisse du PIB, qui tirerait automatiquement les dépenses vers le haut et les recettes vers le bas, mais aussi des mesures de soutien à l’économie. Celles-ci sont principalement de nature temporaire ; par conséquent, le déficit se réduirait au cours des prochaines années, mais il se maintiendrait malgré tout aux alentours de 6 % du PIB, soit plus du double du niveau qui aurait été atteint sans la crise ».

On pourra se consoler en se disant que le pire est derrière nous, comme le montre le graphique de l’indice Sentix, qui mesure le moral des investisseurs en Europe. Mais ce dernier nous indique aussi que la route pour revenir à la normale, à l’avant crise, sera longue.

Elle sera longue en effet, et les prévisions de la Banque Mondiale ne font que conforter ce sentiment. Cette dernière table désormais sur un recul de 5% du PIB mondial en 2020. Soit une prévision plus pessimiste que celle du FMI en avril, qui estimait le recul à 3%. Et le chemin sera long, car la Banque Mondiale estime la reprise mondiale à 1.3% l’année prochaine.

Dans le détail, elle voit l’économie américaine se contracter de 6.1%, ainsi que l’économie japonaise, de 9.1% pour la zone euro, de 8% pour le Brésil, et de 3.2% pour l’Inde. La Chine devrait éviter un chiffre négatif avec une croissance de 1% pour l’ensemble de l’année.

La situation en Amérique Latine pourrait encore plus se dégrader alors qu’elle est à l’heure actuelle la région la plus touchée par le virus et que les gouvernements, dans certains pays, ont minimisé son impact. Et surtout que les structures hospitalières ne sont absolument pas adaptées pour faire face à une crise de cette ampleur.

Economie américaine en récession

Selon le Business Cycle Dating Committee du National Bureau of Economic Research, ses membres “ont conclu que l’ampleur sans précédent du déclin de l’emploi et de la production, et sa large portée dans l’ensemble de l’économie, justifie la désignation de cet épisode comme une récession, même s’il s’avère plus bref que les contractions précédentes”.

Avec cette annonce, l’économie américaine a mis fin à sa plus longue expansion de l’histoire en février (voir graphique).

En général, ce comité met plus de temps pour définir quand l’économie est entrée en récession car « pour décider s’il faut identifier une récession, le comité pèse la profondeur de la contraction, sa durée, et si l’activité économique a décliné globalement dans l’ensemble de l’économie. … Le comité reconnaît que la pandémie et la réponse de santé publique ont entraîné un ralentissement avec des caractéristiques et une dynamique différentes de celles des récessions précédentes ».

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