L’Europe n’a rien à envier à l’Asie au point de vue de l’état de son industrie, même si certains pays européens arrivent à sortir du lot, mais sans que cela soit suffisant.
L’industrie a le blues
L’Europe n’a rien à envier à l’Asie au point de vue de l’état de son industrie, même si certains pays européens arrivent à sortir du lot, mais sans que cela soit suffisant.
Industries en berne .. suite
Pour la zone euro, l’indice PMI manufacturier final est tombé à 45.1 en décembre, entraîné vers les bas-fonds par la situation en France, en Allemagne et en Italie.
La situation est un peu meilleure en Europe de l’Est, mais les indices demeurent aussi en territoire négatif.
Ainsi, l’indice PMI manufacturier en Pologne est passé de 48.9 en novembre à 48.2 en décembre. Avec cependant un petit signal d’espoir, ce qui n’est pas le cas en zone euro, selon les propos de Trevor Balchin, directeur économique chez S&P Global Market Intelligence « un coup d’œil sur le chiffre principal montrerait une aggravation du ralentissement… mais un examen plus approfondi des sous-indices permet d’être optimiste à l’approche de 2025 ».
Par contre, en République tchèque, les indices n’indiquent pas d’amélioration, avec un indice PMI manufacturier qui est passé de 46 en novembre à 44.8 en décembre.
Et clairement les sous-indices ne sont guère encourageants, avec une baisse de plus en plus marquée de la production, ainsi que des réductions d’effectifs dans les entreprises en réponse à cette situation.
Même aux Etats-Unis, l’industrie continue d’avoir le blues avec un indice PMI manufacturier qui est passé de 49.7 en novembre à 49.4 en décembre. L’indice ISM manufacturier, publié cet après-midi, devrait confirmer cet état de fait, étant attendu stable à 48.4.
Ce qui a fait dire à Chris Williamson, économiste en chef de S&P Global Market Intelligence, « les usines américaines ont fait état d’une fin d’année 2024 difficile et ont réduit leur optimisme quant à la croissance pour l’année à venir. Les usines font état d’un environnement de ventes et de demandes modérées, notamment en termes d’exportations ».
Deux exceptions
Il y en a d’autres, mais je voulais en pointer deux.
D’une part, l’Espagne avec un indice PMI manufacturier qui est passé de 53.1 en novembre à 53.3 en décembre, marquant le 11ème mois consécutif au-dessus du seuil de 50.0.
Cette performance, qui contraste nettement avec la situation dans les autres pays de la zone euro, peut s’expliquer par un environnement de demande robuste, avec des augmentations notables des nouvelles commandes à l’exportation, en particulier en provenance d’Europe et d’Afrique du Nord.
Cette vigueur de la demande a incité les entreprises à accélérer leur production et à augmenter leurs effectifs pour le quatrième mois consécutif. Et la tendance devrait se maintenir en 2025 étant donné que les entreprises sont optimistes quant à l’avenir, la confiance dans les perspectives économiques s’améliorant pour atteindre son niveau le plus élevé depuis mai 2024.
Et d’autre part, le Canada, avec un indice qui est passé de 52 en novembre à 52.2 en décembre, porté manifestement par une accumulation des stocks par les clients américains en prévision des hausses des droits de douane.
Cette embellie pourrait dès lors être de courte durée, comme l’a souligné Paul Smith, directeur économique chez S&P Global Market Intelligence, « les panélistes prévoient une augmentation des ventes à court terme avant ces éventuels changements tarifaires, ce qui a contribué à soutenir les prévisions de production. Toutefois, la forme et l’ampleur de ces tarifs douaniers restent inconnues et ont conduit à une incertitude considérable parmi les entreprises lors de l’évaluation des perspectives ».
Le dollar commence en force
Par rapport à un panier de devises, le dollar a atteint son plus haut niveau depuis deux ans.
Les raisons sont nombreuses, avec une croissance américaine qui devrait rester supérieure à la majorité des autres pays, des taux d’intérêt qui ne devraient plus beaucoup baisser, et un Trump, qui par ses mesures, devrait stimuler la croissance et potentiellement accentuer les pressions à la hausse sur les prix.
Par rapport à l’euro, le dollar s’est aussi nettement renforcé sur la première journée de l’année, aussi à son plus haut depuis deux ans, compte tenu du différentiel attendu en termes de croissance et de divergence de politique des Banques centrales.
Pour la BCE, malgré une hausse de l’indice M3, le processus d’ajustement monétaire devrait en effet se poursuivre en 2025. Surtout après la publication des indications sur l’évolution des prêts aux entreprises et aux ménages.
Ainsi, la croissance du crédit aux entreprises a ralenti à 1.0 % en novembre, contre 1.2 % en octobre. Et même si l’augmentation des prêts aux ménages a été la plus importante depuis août 2023, elle est restée dérisoire en termes historiques à 0.9 %, contre 0.8 % un mois plus tôt.
Le seul point qui pourrait inciter la BCE a un peu de prudence est la hausse de l’indice M3 qui a progressé de 3.8 %, le rythme le plus rapide depuis deux ans.