Jusqu’au bout les marchés boursiers ont sous-estimé les intentions des Banques centrales, et il faudra dès lors, l’année prochaine, y accorder plus d’importance.
Il faut écouter les Banques centrales
Jusqu’au bout les marchés boursiers ont sous-estimé les intentions des Banques centrales, et il faudra dès lors, l’année prochaine, y accorder plus d’importance.
Un bon chiffre devient mauvais
Comme à chaque fois on pourrait dire, un bon indicateur aux Etats-Unis plombe les bourses, car cela signifie que l’économie américaine peut encaisser sans problème de nouvelles hausses de taux.
D’une part, la vigueur du marché de l’emploi ne montre aucun signe de faiblesse, ce qui évidemment a comme conséquence d’entrainer de solides augmentations de salaires (ce que la FED n’aime pas), et ce qui contribue à la hausse des dépenses de consommation.
Et d’autre part, la croissance aux Etats-Unis au troisième trimestre a été revue à la hausse à 3.2% au lieu de 2.9% et après une contraction de 0.6% au deuxième trimestre.
Cette révision à la hausse est le reflet d’une augmentation des dépenses de consommation (ce que la FED n’aime pas trop), et des investissements des entreprises. Par contre, l’investissement résidentiel a pesé sur la croissance de façon assez sensible (ce que recherche la FED).
On le voit, l’économie américaine est loin d’être à l’agonie et peut dès lors encore encaisser des hausses de taux en 2023, qu’on se le dise.
Et comme on parle de hausse de taux, le message encore distillé par deux membres de la BCE ne laisse aucun doute sur ses intentions. Le vice-président de l’institution, Luis de Guindos, a déclaré hier « nous n’avons pas d’autre choix que d’agir. Les hausses de 50 points de base pourraient devenir la nouvelle norme à court terme. Et si nous ne faisions rien, la situation serait pire, car l’inflation est l’une des raisons de la récession actuelle ».
Et le gouverneur de la Banque centrale de Slovaquie a enfoncé le clou en déclarant « les perspectives d’inflation exigent que la Banque centrale européenne poursuive sa politique énergique, et les taux d’intérêt devront entrer en territoire “restrictif” et y rester plus longtemps ».
Et il a même été plus précis, « la volonté de poursuivre résolument devra être maintenue au moins pendant toute la durée des six prochains mois. ».
Inflation au Japon
Décidemment, il est question souvent du Japon en cette fin d’année. Et la publication du chiffre d’inflation vient peut-être expliquer le changement de cap entamé par la BOJ cette semaine.
Il faut remonter à 1981 pour retrouver un niveau d’inflation proche de celui qui a été publié ce matin. En effet, l’inflation, hors alimentation, s’est inscrite à 3.7% en novembre contre 3.6% le mois précédent. Et l’indice dit de base, qui exclut l’alimentation et l’énergie, a augmenté de 2,8 % en novembre contre un taux de 2,5 % en octobre.
Autant dire que ces chiffres mettent une sérieuse pression sur la BOJ dans un contexte marqué par un recul du PIB au troisième trimestre, des craintes de récession au niveau mondial et des augmentations de salaires qui ne compensent pas la hausse des prix.
Incertitude totale
La situation est d’autant plus compliquée pour la BOJ que la situation sanitaire en Chine représente un risque de fort ralentissement de l’économie chinoise, premier partenaire commercial du Japon, alors même que cette dernière avait déjà souffert de la crise immobilière et de la politique zéro-covid.
Mais l’abandon de cette politique plonge le pays dans une incertitude totale sur l’ampleur des contaminations et des décès.
Les chiffres officiels minimisent ces derniers (c’est la ligne en bleu claire) mais l’OMS publie des chiffres beaucoup plus inquiétants (ligne bleu foncée) et qui viennent corroborer des estimations réalisées par une société indépendante de prévision.
Selon cette société, Arfinity, société de données sanitaires en Grande-Bretagne, plus de 5.000 personnes meurent chaque jour et selon son analyse le risque de mortalité suggérait qu’entre 1.3 et 2.1 millions de personnes pourraient mourir dans l’épidémie actuelle de Covid en Chine. Chiffres évidemment assez effrayants.
Au-delà des chiffres, le fait de connaitre une vague de contaminations de grande ampleur va paralyser l’économie et en tenant compte des vacances pour le Nouvel An chinois, il ne faut pas compter sur une reprise avant février.
Le prix du gaz
Le prix du gaz est passé sous le seuil des 100 euros le mégawatheure sous l’effet de l’annonce de l’accord au sein de l’UE d’un plafonnement de son prix, du risque important de ralentissement de l’économie mondiale et de la baisse de la consommation.
Sur ce dernier point, selon Eurostat, la consommation de gaz naturel de l’UE a diminué de 20.1 % au cours de la période août-novembre 2022, par rapport à la consommation moyenne de gaz pour les mêmes mois (août-novembre) entre 2017 et 2021.
Comme on le voit, au cours de cette période août-novembre 2022, la consommation de gaz naturel a diminué dans la plupart des États membres. Dans 18 États membres, la consommation a chuté au-delà de l’objectif de 15 % fixé par la Commission et, dans certains cas, de façon importante (plus de 40 %).
Bonne fête de Noël
Mais n’oublions pas que demain cela fera 10 mois que la guerre en Ukraine a commencé et je voudrais citer Cioran à cette occasion « En elle-même toute idée est neutre, ou devrait l’être ; mais l’homme l’anime, y projette ses flammes et ses démences ; impure, transformée en croyance, elle s’insère dans le temps, prend figure d’événement : le passage de la logique à l’épilepsie est consommé … Ainsi naissent les idéologies, les doctrines, et les farces sanglantes » Et voilà où cela nous mène.
Et c’est la même chose en Iran et en Afghanistan et dès lors n’oublions pas non plus les femmes qui sont particulièrement meurtries dans ces deux pays à cause d’idéologies, de doctrines et de farces sanglantes.
Je vous souhaite une bonne fête de Noël, un moment d’apaisement et entouré de vos proches.
Les banques sont fermées lundi et je prolonge d’un jour, on se retrouve dès lors mercredi.