Pourquoi faut-il être prudent avec les chiffres du chômage ?

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis vont-ils marquer une étape dans l’accélération de la reprise et justifier ….

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis vont-ils marquer une étape dans l’accélération de la reprise et justifier un changement dans la politique de la FED ?

Chiffres du chômage

Après le chiffre publié par ADP, celui des inscriptions hebdomadaires au chômage a encore accentué les espoirs d’un chiffre totalement hallucinant de créations d’emploi.

En effet, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé de 92.000 d’une semaine à l’autre pour s’inscrire à 498.000, soit le chiffre le plus bas depuis la mi-mars 2020 comme le montre le graphique.

La fourchette des créations d’emploi , chiffre publié cet après-midi, est extrêmement large et va de 700.000 à 2 millions et le taux de chômage devrait passer de 6% à 5.8%. Mais derrière ces chiffres se cache sans doute le plus grand bouleversement du marché de l’emploi que les Etats-Unis aient connu et qui fait perdre tous les repères connus.

Car l’accélération des vaccinations, et la reprise de l’économie provoquent une forte demande de la part des employeurs qui ne parviennent pas toujours à trouver de la main-d’œuvre. Alors que l’économie a perdu plus de 8 millions d’emploi et que le taux de chômage réel est plus proche des 10% que des 5.8% attendus.

D’où vient ce décalage, ce qui est d’ailleurs une préoccupation majeure de la FED, car un taux aussi élevé exerce une pression sur les salaires. Plusieurs raisons expliquent cette situation assez inédite. Comme les écoles et les garderies sont encore fermées, les mères ne peuvent pas retourner au travail ou en chercher. Certains travailleurs n’osent pas retourner au travail de peur des risques de se faire contaminer. Clairement, certains travailleurs ont changé de secteur estimant que celui dans lequel ils œuvraient n’avait plus d’avenir. Une grande partie des chômeurs sont sans grandes qualifications, alors que les emplois proposés demandent des qualifications. Les allocations et chèques aux ménages n’incitent pas les chômeurs à chercher un emploi. Et les employeurs confrontés à une hausse de leurs coûts ne veulent pas en plus augmenter les salaires pour attirer les travailleurs.

On le voit les distorsions sont nombreuses et il faudra attendre encore quelques mois avant d’y voir plus clair. Ceci n’empêche cependant pas d’entretenir l’euphorie sur les marchés boursiers et de porter à des niveaux très élevés une série de matières premières.

A propos des matières premières, trois remarques. Un, vous pouvez retrouver mes commentaires dans l’article de l’Echo de ce jour sur le sujet. Deux, le prix du pétrole est pris en tenaille entre la forte demande avec la reprise aux Etats-Unis, mais la baisse possible de cette dernière par certains pays asiatiques (en particulier l’Inde) à cause des nouvelles mesures de restriction. Et la conclusion d’un accord dans le dossier iranien sur le contrôle nucléaire entrainera une levée des sanctions américaines et donc permettra à l’Iran d’exporter à nouveau du pétrole. Troisième remarque, comme le montre le graphique, l’indice FAO des prix des produits alimentaires est à son niveau le plus élevé depuis la mi-2014.

Insolente Chine

Et la situation ne devrait pas se calmer quand on observe les derniers chiffres en provenance de Chine. Les exportations chinoises ne faiblissent pas, bien au contraire, puisqu’elles affichent une hausse en taux annuel de 32.3% contre 30.6% le mois précédent.

Et les importations ne sont pas en reste avec une hausse vertigineuse de 43.1% en taux annuel, soit le taux le plus élevé depuis janvier 2011, en partie à cause de la hausse des prix des matières premières.

Japon à la peine

Alors que le gouvernement a l’intention de prolonger l’état d’urgence dans certaines préfectures jusqu’au 31 mai, le secteur des services au Japon est toujours à la peine.

Ces mesures de restriction continuent de peser sur la consommation et affectent donc durement le secteur des services dont l’indice PMI demeure en-dessous des 50 à 49.5 (voir graphique).

Heureusement que le secteur manufacturier profite de la forte demande émanant de Chine, ce qui permet à l’indice composite de passer à 51 et de retrouver le niveau d’expansion pour la première fois depuis janvier 2020.

Décisions des banques centrales

La BOE a bien réduit, de façon modeste certes, son programme de rachats d’actifs compte tenu des perspectives économiques, mais ce changement montre que les banques centrales ne veulent absolument pas casser la reprise en agissant trop vite.

Elle a donc laissé ses taux inchangés à 0.10% et ramené ses achats d’obligations à 3.4 milliards de sterling par semaine contre 4.4 milliards de sterling jusqu’à présent. Tout en signifiant que cette décision ne devait pas être interprétée comme un changement d’orientation de la politique monétaire.

Elle a donc aussi revu fortement à la hausse ses prévisions de croissance pour cette année à 7.25% contre 5% en février, mais par contre elle ne table plus que sur un taux de 5.75% en 2022 contre 7.25% précédemment.

Sur le front de l’inflation, elle prévoit qu’elle sera légèrement inférieure à son objectif de 2 % dans deux ans, ce qui explique qu’elle n’est pas pressée de changer sa politique monétaire.

Par contre, la Banque centrale de Norvège a annoncé, après sa réunion où elle a gardé son taux inchangé à 0%, qu’elle pourrait relever ses taux au troisième ou quatrième trimestre de cette année. « Dans l’évaluation actuelle du comité des perspectives et de la balance des risques, le taux directeur sera très probablement relevé au cours du second semestre de 2021 », a déclaré son gouverneur Oeystein Olsen . Il faudra attendre la réunion du mois de juin et ses révisions de prévisions pour essayer de préciser quand la hausse des taux aura lieu.

Et dernière réunion, celle de la Banque centrale de Turquie qui a eu la sagesse de laisser son taux inchangé à 19% après la nouvelle poussée de l’inflation à 17.14% et la faiblesse de la devise qui perdure à cause des décisions d’Erdogan. Le marché teste la crédibilité du nouveau gouverneur, ce qui va demander du temps.

Il faut dire aussi que la Turquie est également confrontée à une nouvelle vague de l’épidémie et que la situation sanitaire se dégrade fortement. Cela n’a rien de comparable avec la situation en Inde qui dépasse l’entendement puisqu’elle a connu ce vendredi 414.188 nouveaux cas et 3.915 décès. La position du premier ministre Modi commence à devenir  intenable.

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