Rester attentif à l’inversion de la courbe

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Le recul des rendements obligataires aux Etats-Unis pourrait apparaitre comme une bonne nouvelle, mais ce recul touche plus la partie longue de la courbe et accentue dès lors l’inversion.

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Le recul des rendements obligataires aux Etats-Unis pourrait apparaitre comme une bonne nouvelle, mais ce recul touche plus la partie longue de la courbe et accentue dès lors l’inversion.

Inversion qui s’accentue

Certes, depuis la publication des chiffres d’inflation aux Etats-Unis, les taux longs ont amorcé une courbe rentrante assez marquée. Mais le mouvement à la baisse a particulièrement touché la partie longue de la courbe alors que la partie courte a nettement moins reculé. Si la partie courte reflue moins c’est évidemment parce que la FED va continuer d’encore augmenter ses taux, même si le rythme sera plus modéré.

Cette accentuation de l’inversion de la courbe est dès lors le reflet d’une inquiétude sur le risque que court l’économie américaine de tomber en récession, suite justement à ces hausses de taux. Deux secteurs focalisent pour le moment l’attention, celui des semi-conducteurs et celui de la grande distribution, qui montrent tous les deux des signes de ralentissement.

Et pourtant, en tout cas pour le moment, au moins sur le point de la consommation aux Etats-Unis, elle demeure soutenue si on se base sur les chiffres des ventes de détail. Certes, elles avaient stagné en septembre, mais sur le mois d’octobre elles affichent une hausse de 1.3%.  

Le chiffre des ventes de détail hors automobiles, carburants, matériaux de construction et services alimentaires, affiche aussi une solide hausse de 0,7% en octobre après un taux de 0,6% en septembre.  Mais ces chiffres ne peuvent masquer le fait que les ménages ont puisé dans leurs réserves et que ces ventes devraient se tasser dans les prochains mois. Elles ont aussi été soutenues par des remboursements d’impôt en Californie, où certains ménages ont reçu jusqu’à 1.050 dollars et par le fait qu’Amazon a organisé en octobre une deuxième journée de promotions.

Pas de répit pour l’inflation

Si l’inflation semble marquer le pas aux Etats-Unis, il n’en est rien en Grande-Bretagne, où l’inflation, en taux annuel, est passée de 10.1% en septembre à 11.1% en octobre, soit son niveau le plus élevé depuis octobre 1981.

Ce chiffre met sous pression la BoE, qui avait laissé entendre qu’elle ne pratiquerait plus à l’avenir que des hausses modestes de taux, et le gouvernement qui doit présenter son nouveau plan ce jeudi.

Le nouveau ministre des Finances, Hunt, va donc présenter le nouveau budget mais a insisté sur la nécessité de vaincre l’inflation, raison pour laquelle il a déclaré « la Banque d’Angleterre a mon soutien inconditionnel dans sa mission de vaincre l’inflation… mais nous avons besoin que les politiques budgétaires et monétaires travaillent ensemble ».

L’objectif du gouvernement est de réaliser 50 milliards de livres d’économies annuelles d’ici 5 ans, ce qui est un effort énorme, qui passera par une augmentation des impôts sur les revenus mais aussi par des impôts sur les dividendes et les plus-values, et il serait aussi question d’augmenter fortement l’impôt sur les bénéfices exceptionnels des entreprises pétrolières et gazières et des entreprises de production d’électricité.

Et dans le même temps, les dépenses devraient être fortement réduites avec des estimations qui pourraient aller entre 20% et 40% selon les ministères.

Le tout dans un contexte de récession qui risque d’être longue selon les prévisions de la BoE, qui avait évoqué le scénario d’une récession en 2023 et 2024.

Mise en garde de la BCE

« Les risques pour la stabilité financière dans la zone euro ont augmenté sur fond d’envolée des prix de l’énergie, d’inflation élevée et de croissance économique faible”, a déclaré la BCE.  

Elle pointe non seulement la capacité des ménages à rembourser leurs dettes à l’avenir, mais aussi les entreprises et s’inquiète des niveaux d’endettement des Etats.

« Les niveaux élevés de dette publique après la pandémie, conjugués au resserrement des conditions de financement, limitent les marges de manœuvre permettant des mesures budgétaires expansionnistes qui ne se traduiraient pas par des risques en matière de soutenabilité de la dette », estime la BCE.

Pour autant, la BCE n’entend pas dévier de sa trajectoire, comme l’a souligné son vice-président, Luis de Guindos, « il est très difficile d’atteindre la stabilité financière sans la stabilité des prix . Je crois que le principal risque pour la stabilité financière aujourd’hui, c’est le fait d’avoir une inflation aussi élevée ».

Compte tenu de ces risques, la BCE devrait se montrer extrêmement prudente dans la réduction de la taille de son bilan, réduction qui devrait se faire de façon progressive et « passive », à savoir sans vendre effectivement des obligations.

« L’exercice du QT (quantitatif tightening) est beaucoup plus délicat car nous avons une expérience plus limitée que dans le cas de l’augmentation des taux, donc je pense que nous allons commencer, et c’est mon opinion personnelle, par un QT passif », a déclaré M. de Guindos.

L’imminence de la récession limite la marge de manœuvre des Banques centrales, mais en même temps mécaniquement entrainera un recul de l’inflation sans devoir déployer plus d’armes monétaires.

Exceptionnellement pas de commentaire demain.

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