Revirement, renoncement, et courbe rentrante en Grande-Bretagne, mais également dans les marchés financiers.
Courbe rentrante
Revirement, renoncement, et courbe rentrante en Grande-Bretagne, mais également dans les marchés financiers.
Revirement d’abord
« Un acte de contrition et d’humilité », voilà comment le ministre britannique des finances, Kwasi Kwarteng, a défini la décision de renoncer à la suppression de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu.
Fameux renoncement qui a eu le mérite de faire remonter la livre sterling par rapport au dollar et fait également baisser la pression sur les taux. Mais cette annonce met déjà fortement à mal le nouveau gouvernement et retrouver de la crédibilité sera extrêmement compliqué.
Courbe rentrante
J’aurais pu utiliser ce terme aussi pour la décision de Kwasi Kwarteng, mais je l’utilise dans ce cas sur l’évolution des taux longs, qui ont très nettement reculé, et pas uniquement en Grande-Bretagne.
Il a suffi d’un indice aux Etats-Unis pour faire retomber la pression sur les taux, ce qui a permis alors aux bourses de se reprendre nettement. Cet indice est l’indice ISM manufacturier, qui est tombé à son niveau le plus bas depuis deux ans et demi.
Cet indice est passé de 52.8 en août à 50.9, mais malgré ce recul il reste toujours en territoire positif, ce qui signifie qu’il n’indique pas de contraction dans le secteur. Par contre, le sous-indice des nouvelles commandes est tombé à 47,1 le mois dernier, contre 51,3 en août. Et les commandes à l’exportation se sont également contractées dans un contexte de faible demande en Europe, d’économie chinoise morose et de dollar fort.
Bonne nouvelle cependant, on assiste à une réduction des goulets d’étranglement, avec le sous-indice qui mesure les livraisons qui a reculé à 52.4 contre 55.1, soit son niveau le plus faible depuis décembre 2019.
La lecture qui a été faite de ce chiffre est assez simple et explique le revirement sur les marchés obligataires et boursiers. Le recul de cet indice indique un ralentissement de l’économie et par conséquent moins de pression sur les prix. Et l’amélioration dans les chaînes d’approvisionnement contribue évidemment à cet apaisement sur les prix. C’est exactement ce que recherche la FED et la hausse des taux devrait toucher doucement à sa fin.
Il faudra cependant plus qu’un indicateur pour persuader la FED que l’inflation est en recul, comme l’a rappelé le président de la FED de New York, John Williams, « il est clair que l’inflation est beaucoup trop élevée, et la persistance d’une inflation élevée sape la capacité de notre économie à réaliser son plein potentiel. Le resserrement de la politique monétaire a commencé à refroidir la demande et à réduire les pressions inflationnistes, mais notre travail n’est pas encore terminé ».
Preuve que le mouvement de hausse des taux devrait toucher à la fin dans les prochains mois ? La Banque centrale d’Australie a surpris tout le monde en augmentant ses taux que de 0.25% au lieu des 0.50% attendus. Mais après cette hausse son taux directeur se situe quand même à 2.60%, soit son niveau le plus élevé depuis 9 ans.
Pour autant, la Banque centrale n’a pas encore mis un terme à son processus de resserrement et son gouverneur a indiqué que d’autres hausses de taux sont encore à attendre, mais le fait que la hausse a été plus modérée a diminué les tensions sur le taux à 2 ans.
Nouveau record
A la baisse pour la livre turque après la publication de l’inflation qui s’est inscrite à 83.45%, soit son niveau le plus élevé depuis 24 ans. D’un mois à l’autre, l’inflation a progressé de 3.08% ce qui n’a pas empêché Erdogan de déclarer que la Banque centrale devrait encore baisser ses taux d’ici la fin de l’année.
Et pourtant, elle a déjà réduit son taux de 200 points à 12% malgré la chute de sa devise et la hausse de l’inflation, et compte tenu des propos d’Erdogan elle devrait ramener ce dernier à 10%.