La Banque centrale d’Angleterre était prise dans un dilemme, entre stopper l’hémorragie du sterling ou empêcher la flambée des taux, elle a choisi de s’en prendre à la flambée des taux, espérant agir sur le sterling aussi.
Etat pyromane, BOE pompier
La Banque centrale d’Angleterre était prise dans un dilemme, entre stopper l’hémorragie du sterling ou empêcher la flambée des taux, elle a choisi de s’en prendre à la flambée des taux, espérant agir sur le sterling aussi.
Intervention de la BOE
La BOE a d’abord annoncé qu’elle renonçait, provisoirement, à la réduction de la taille de son bilan qui devait commencer la semaine prochaine.
Mais faisant le constat que « si les dysfonctionnements de ce marché devaient continuer ou empirer, cela constituerait un risque important pour la stabilité financière du Royaume-Uni », la BOE a décidé, non pas d’augmenter ses taux comme cela était attendu, mais d’acheter des obligations pour faire baisser les taux longs.
Elle est donc intervenue pour calmer les tensions tout en déclarant qu’elle n’avait fixé aucun montant pour ces achats et que « ces achats seront strictement limités dans le temps. Ils visent à répondre à un problème spécifique sur le marché des obligations d’Etat à long terme. Et ils seront débouclées de manière fluide et ordonnée une fois qu’il sera jugé que les risques pour le fonctionnement des marchés auront diminué ».
Ces achats ont entrainé un repli généralisé des taux, non pas seulement des taux en sterling mais de tous les taux, stoppant net la spirale qui s’était enclenchée en début de semaine. Et ce recul généralisé des taux a rassuré les bourses qui se sont raccrochées à l’espoir que le mouvement de hausse avait été excessif.
Quant au sterling, il est resté suspendu dans le vide, n’osant pas accentuer son recul et un rien rassuré par l’intervention de la BOE.
Hausse des taux fin ?
Non évidemment. Ces achats ne remettent nullement en question l’intention de la BOE d’augmenter ses taux en novembre, car l’inflation demeure trop élevée. Et il faudra voir si son intervention va suffire à calmer les tensions sur les taux et sur le sterling, car le gouvernement de Liz Truss n’a manifestement pas l’intention de modifier son programme de réduction des taxes.
Et même le FMI a critiqué cette décision et mis en garde sur les risques de saper la crédibilité du pays.
Certainement pas la fin de la hausse des taux en zone euro non plus, avec de nouvelles déclarations de membres de la BCE qui plaident en faveur d’une hausse de 0.75% lors de la réunion d’octobre.
Ainsi, Peter Kazimir, président de la Banque centrale de Slovaquie a déclaré « je dois dire que 75 points de base, c’est un très bon candidat pour maintenir le rythme du resserrement, mais il faut aussi attendre de nouvelles données. Nous devons être vigoureux, impitoyables même, sans tenir compte de la récession qui menace ».
Et il a été rejoint par son homologue finlandais, Olli Rehn, qui a estimé que « les arguments se renforcent en faveur d’une action rapide et déterminée ».
Ces déclarations résonnent d’autant plus que les chiffres d’inflation attendus en Allemagne aujourd’hui et demain pour la zone euro sont tout sauf rassurants. En Allemagne, l’inflation ICPH est attendue à 10% contre 8.8%, avec une hausse mensuelle de 1.3% à cause bien évidemment des prix de l’énergie.
Même son de cloche aux Etats-Unis concernant les hausses de taux. « L’inflation reste élevée et elle ne se rapproche pas assez rapidement de notre objectif de 2 % », a déclaré M. Bostic le président de la Fed d’Atlanta. Et il estime que la FED devrait encore relever son taux de 0.75% lors de sa prochaine réunion.
Ces perspectives maintiennent le dollar en pleine forme en particulier par rapport au yen, et au yuan, ce qui embarrasse fortement les autorités chinoises.
Chute de la confiance
Je pourrais écrire suite et pas fin non plus. En France, l’indice de confiance des consommateurs, publié par l’INSEE, a rechuté et les ménages françaises expriment de vives inquiétudes sur l’augmentation du chômage et sur une dégradation de leur finances personnelles.
Difficile de tomber plus bas, pour l’indice GfK qui mesure le moral des consommateurs allemands, quoique !
Le sous-indice des attentes en matière de revenus est tombé à son plus bas niveau depuis que l’enquête a commencé en 1991.
La crainte est liée évidemment à la hausse de l’inflation, et comme je le signalais plus haut les perspectives ne sont pas réjouissantes. Et cette enquête montre qu’il y a un nombre croissant de consommateurs qui craignent que l’économie allemande ne sombre dans la récession.