Comme le blog est en vacances jusqu’au 22 août, quelques petites réflexions en vrac, mais qui ne sont pas des devoirs de vacances.
Ne plus être naïf surtout
Comme le blog est en vacances jusqu’au 22 août, quelques petites réflexions en vrac, mais qui ne sont pas des devoirs de vacances.
Mais d’abord
Retour sur la décision de la BOE, qui a bien augmenté son taux de 0.50%, une première depuis 1995, pour le porter à 1.75%, son niveau le plus élevé depuis 2008.
Cette décision sera encore suivie d’autres hausses dans les prochains mois, comme pour les autres Banques centrales, même si le gouverneur, Andrew Bailey, a reconnu que l’incertitude économique était exceptionnellement grande et que toutes les options étaient ouvertes. Mais que l’objectif de la BOE est de « ramener l’inflation à la cible de 2% reste notre priorité absolue. Il n’y a pas de si ou de mais à ce sujet ».
La Banque centrale indienne a annoncé ce matin également une hausse de 0.50% de son taux directeur pour le porter à 5.40%, ce qui pourrait limiter les pressions à la baisse sur la devise.
On sait combien la question de l’état du marché de l’emploi aux Etats-Unis est cruciale dans l’appréciation de la situation par la FED. En attendant ses membres continuent de mettre en garde les marchés sur un excès d’optimisme dans une baisse rapide des taux dès 2023. La présidente de la FED de Cleveland, Loretta Mester, a été très claire, pour elle, les taux doivent être relevés à plus de 4% et ce resserrement doit se poursuivre jusqu’au premier semestre de l’année prochaine.
Les chiffres de l’emploi donc, qui sont publiés cet après-midi, seront importants, même s’il est encore trop tôt pour qu’ils reflètent un changement de tendance. Le taux de chômage est attendu stable à 3.6%, les créations d’emploi sont attendues à 250.000 contre 372.000 le mois passé, et le salaire horaire moyen en taux annuel en hausse de 4.9% contre 5.1% le mois passé.
Taïwan
Alors que la tension reste vive dans la région avec la poursuite des incursions d’avions chinois dans l’espace aérien taïwanais et des tirs de missiles dans le détroit de Taïwan, il faut se préparer et ne pas se laisser bercer d’illusions.
Il suffit pour cela d’écouter Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France, déclarer hier sur BFMTV « après la réunification on va faire une rééducation ». Nous n’avons pas cru que Poutine allait envahir l’Ukraine et pourtant tout indiquait que c’était possible.
L’Europe doit construire son avenir et cela passe par notre indépendance par rapport à la Russie pour l’énergie et aussi par rapport à Taïwan pour les semi-conducteurs. Ne perdons pas de temps, et il est peut-être déjà trop tard, mais ne nous laissons pas bercer d’illusions.
A propos de pétrole
D’abord pour souligner que compte tenu des risques de récession, le prix du baril continue de reculer.
Mais ce que je voulais surtout mettre en avant c’est l’évolution du prix du baril venant de Russie, qui, comme le montre la ligne grise sur la graphique, a nettement décroché par rapport au prix du Brent. L’écart entre les deux est de 23 $, ce qui signifie que la Chine, l’Inde, le Brésil et j’en passe achètent aujourd’hui leur pétrole à des prix nettement inférieurs à ce que nous payons en Europe.
Non seulement nous avons augmenté notre dépendance à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, mais en plus nous sommes les dindons de la farce. Certes l’Europe a décidé de stopper ses importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année, mais elle doit évidemment aller au-delà d’un simple changement de fournisseur.
Dans son livre « Europe : le continent perdu ? » écrit en 2012, Philippe Maystadt, avait souligné la dépendance de l’Europe en terme énergétique et la nécessité de s’en détacher. Et il terminait par ces propos qui sonnent avec une résonnance particulière aujourd’hui, « la décennie qui vient sera cruciale. Car nous sommes à une période charnière de notre histoire. Un de ces moments où nous sommes confrontés à d’immenses défis et où il n’est plus possible de continuer à faire « comme d’habitude » ».
La skrinkflation
Pour terminer sur une note plus légère, et encore, vous êtes sans doute comme Monsieur Jourdain vous connaissez certainement ce terme sans savoir vraiment ce qu’il recouvre.
Ce terme aurait été inventé par l’économiste Pippa Malmgren et que l’on pourrait traduire par « réduflation », désigne le fait pour une entreprise de réduire la taille d’un produit tout en maintenant son prix.
Et ces derniers temps les entreprises ne s’en privent vraiment pas et le phénomène va encore s’accélérer dans les prochains mois. Ce qui leur permet d’afficher d’excellents résultats et de répercuter la hausse des prix sans trop de problème.