Powell n’est vraiment plus le seul banquier central à être fortement déterminé à combattre l’inflation, inflation qui prend la forme d’une hydre un peu partout.
L’hydre inflationniste
Powell n’est vraiment plus le seul banquier central à être fortement déterminé à combattre l’inflation, inflation qui prend la forme d’une hydre un peu partout.
Propos de Powell
Powell a martelé la volonté de la FED de faire reculer l’inflation et a insisté lourdement sur le fait qu’elle était fortement déterminée pour cela. «Il est essentiel que nous fassions baisser l’inflation si nous voulons avoir une période prolongée de bonnes conditions du marché du travail qui bénéficient à tous ».
Il n’a pas exclu que cette détermination pourrait provoquer une récession, il a clairement dit que c’était une possibilité, mais pas leur intention en augmentant les taux.
Ces propos ont conforté le scénario d’une nouvelle hausse de taux de 0.75% en juillet et de 0.50% en septembre, la suite dépendant des indicateurs économiques.
Ce risque de récession a d’ailleurs pris plus d’ampleur hier en provoquant un recul assez sensible des bourses européennes, qui se sont un peu reprises par la suite, mais surtout un très net recul du prix du baril et des matières premières.
Par contre, les indices S&P Global PMI en zone euro qui sont publiés ce matin, sont certes en recul, mais restent à des niveaux qui ne reflètent pas une situation de récession. C’est un paradoxe parmi d’autres mais qui peut être un indicateur que ce scénario a une faible probabilité.
A propos de déterminé aussi, les propos du gouverneur de la BNS ne laissent aucun doute. « Nous avons publié une nouvelle prévision d’inflation. Si vous l’interprétez correctement, vous voyez qu’il y a un certain besoin probablement de resserrer davantage. Nous ne savons pas exactement quand et combien, mais cette pression inflationniste n’est pas encore complètement combattue ». Petit coup de pression supplémentaire sur la BCE.
L’hydre
En Grande-Bretagne, l’inflation a atteint son niveau le plus élevé depuis 40 ans à 9.1%, soit le niveau le plus élevé au sein du G7.
Les prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisés ont progressé de 8.7% en taux annuel, soit la plus forte hausse depuis mars 2009.
Au Canada, l’inflation est aussi au plus haut depuis 40 ans à 7.7% en mai contre 6.8% le mois précédent. Le taux d’inflation de référence pour la Banque centrale est passé de 3.5% à 3.9%, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 1991.
La BOC risque fort de suivre la FED et d’augmenter de 0.75% son taux directeur lors de sa prochaine réunion le 13 juillet.
A propos de hausse de taux, la Banque centrale tchèque continue de se démarquer avec de très fortes hausses de taux. Après avoir augmenté son taux directeur de 675 points depuis juin dernier, elle n’a pas hésité à encore augmenter ce dernier de 125 points hier. Ce taux se situe à 7% dorénavant, mais avec un taux d’inflation à 16% d’autres hausses de taux devraient encore intervenir.
Avec en toile de fond, la volonté de ne pas avoir une dépréciation de la devise qui augmenterait encore l’inflation importée. Préoccupation que n’a pas du tout la Banque centrale de Turquie qui se réunit aujourd’hui et qui va laisser son taux inchangé malgré un nouveau record à la baisse de la devise par rapport au dollar.
Récession, stagflation ?
Si les indices PMI en zone euro excluent pour le moment la récession, les indices de confiance des consommateurs indiquent tout le contraire et le dernier en date est celui de la Commission européenne qui est passé de -21.2 à -23.6.
La question ne se pose pas que pour les Etats-Unis ou l’Europe, mais se pose également en Asie. L’indice PMI manufacturier au Japon a reculé en passant de 53.3 à 52.7, soit son niveau le plus bas depuis 4 mois malgré la levée des restrictions.
Et Fitch en révisant la croissance mondiale à 2.9% pour cette année contre 3.5% précédemment, fait le constat que « la stagflation, qui se caractérise par une inflation élevée persistante, un chômage élevé et une faible demande, est devenue le thème de risque dominant depuis la fin du premier trimestre de l’année 22 et un scénario de risque potentiel plausible ».
Cette crainte est renforcée avec la publication d’une série d’indicateurs en recul aux Etats-Unis, du fait que les exportations de la Corée du Sud pour les dix premiers jours de juin ont diminué de près de 13 % en taux annuel et que la Grande-Bretagne semble se diriger vers la récession.