Les bourses ont terminé en force la semaine passée (elles étaient ouvertes jeudi et vendredi) sur des espoirs que la FED modère son resserrement monétaire à partir de septembre.
Le pas de deux des bourses
Les bourses ont terminé en force la semaine passée (elles étaient ouvertes jeudi et vendredi) sur des espoirs que la FED modère son resserrement monétaire à partir de septembre.
Espoir ou illusion ?
C’est clairement l’espoir de voir la FED procéder à deux hausses de taux de 0.50% lors de ses réunions de juin et de juillet, pour ensuite terminer l’année sur des hausses modestes de 0.25% qui a redonné des couleurs aux bourses.
C’est aussi cet espoir qui a fait reculer le dollar par rapport à l’euro, l’euro étant soutenu par les perspectives de hausses de taux de la part de la BCE et par la fin des taux négatifs. Et c’est également cet espoir qui a entrainé un petit recul des rendements obligataires aux Etats-Unis.
Cet espoir ou illusion a été entretenu après la publication de l’indice PCE (Personal Consumption Expenditures) aux Etats-Unis. Cet indice, considéré comme la référence de l’inflation pour la FED, a reculé et a donc donné l’espoir que le pic de l’inflation était derrière nous aux Etats-Unis. Il a progressé de 0.2% en avril contre une hausse de 0.9% en mars, soit un taux annuel qui est passé de 6.6% à 6.3%.
Si l’on prend l’indice hors énergie et alimentation, la hausse a été de 0.3% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui est passé de 5.2% à 4.9% confirmant aussi ce ralentissement.
Il est évidemment trop tôt pour crier victoire et les chiffres des prochains mois seront cruciaux, mais ils donnent un peu d’espoir de voir la FED moins agressive sur la fin de l’année.
Autre espoir
Celui de la levée des restrictions à Shanghai à partir de mercredi qui devrait permettre une reprise normale de l’activité.
Conscient que les mesures de restriction ont lourdement affecté l’économie, les autorités ont annoncé toute une série de mesures, 50 au total, pour soutenir l’économie.
Ces mesures qui vont de la réduction des taxes sur l’achat de voitures par les particuliers, au report des paiements pour les entreprises, à des subventions également pour certaines entreprises, … visent à compenser les pertes entrainées par deux mois de confinement.
Revers de la médaille
Si on peut l’exprimer ainsi, la levée des mesures de restriction va entrainer une hausse de la demande pour les matières premières dont le pétrole. C’est une des raisons qui explique pourquoi le prix du Brent est repassé au-dessus des 120$.
Ce n’est pas la seule raison, car il y a toujours la perspective que les 27 arrivent enfin à se mettre d’accord sur un embargo sur le pétrole russe. Mais pour le moment, cet accord est bloqué par la Hongrie et, en particulier par Victor Orban, qui demeure proche de Poutine, et qui dépend fortement de la livraison de pétrole par le pipeline de Druzhba.
Autre raison de la hausse du prix du baril, les membres de l’OPEP+ ne semblent absolument pas décidés à augmenter leur production au-delà du quota prévu dans le passé. Ils devraient augmenter cette dernière de 432.000 barils par jour à partir du 1er juillet.
Pas encore de repli
Si l’inflation aux Etats-Unis montre des signes de ralentissement, ce n’est probablement pas encore le cas en Europe, surtout avec un prix du baril qui se tend de nouveau.
Les chiffres d’inflation sont attendus pour la Belgique et pour l’Allemagne ce matin, et en Allemagne après le nouveau record de l’indice des prix à la production ils sont attendus en hausse. L’indice IPCH (l’indice de référence pour la zone euro) est attendu à 8% contre 7.8% en avril. Ce chiffre devrait être suivi mardi de celui pour la zone euro où on attend également une hausse avec un indice qui passerait de 7.4% à 7.7% en taux annuel, ce qui serait un nouveau record.
Ces chiffres vont évidemment renforcer le scénario d’une hausse de taux de la part de la BCE en juillet, premier pas qui sera suivi d’autres hausses comme l’a donc souligné pour la première fois Christine Lagarde la semaine passée.
C’est sans aucun doute la perspective de ces hausses de taux qui explique que les prêts aux entreprises dans la zone euro ont fait un bond au mois d’avril. Ils ont augmenté de 5.2% en taux annuel contre un taux de 4.1% mars, alors que les prêts aux ménages sont restés stables.
L’anticipation de ces hausses de taux se reflète aussi dans l’évolution de l’Euribor 1 an, et il faut remonter à septembre 2014 pour retrouver un niveau équivalent.
C’est donc la fin des taux négatifs qui se profile, une anomalie qui aura quand même duré presque 8 ans si on table sur le fait que le taux de dépôt de la BCE sera à zéro au mois de septembre.