Trois mois qui ont tout fait basculer

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Changement de ton radical de la part de Christine Lagarde, qui ne laisse plus aucune ambiguïté sur une première hausse de taux de la part de la BCE en juillet.

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Changement de ton radical de la part de Christine Lagarde, qui ne laisse plus aucune ambiguïté sur une première hausse de taux de la part de la BCE en juillet.

Même la BCE s’y met

Oubliée la prudence, et place à l’action, Christine Lagarde a quand même surpris en écrivant sur le blog de la BCE «sur la base des perspectives actuelles, nous devrions être en mesure de sortir des taux d’intérêt négatifs d’ici la fin du troisième trimestre ».

Ce qui signifie que compte tenu que le taux des dépôts est actuellement à -0.50%, la BCE procèdera à une hausse de 0.25% lors de sa réunion de juillet et de septembre.

Ce revirement est évidemment lié en partie à la guerre en Ukraine, qui a commencé il y a trois mois, jour pour jour, et est un changement radical de la part de la BCE. L’euro a pleinement profité de cette annonce pour se renforcer par rapport au dollar, et les taux longs se sont légèrement tendus comme le montre le rendement du Bund 2 ans.

Le paradoxe du rouble

On se souvient qu’il y a trois mois à l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par la Russie que le rouble s’était effondré. Trois mois plus tard il s’est nettement renforcé et est même à son niveau le plus haut depuis 5 ans. Est-ce le signe que l’économie russe se porte bien et ne souffre absolument pas des sanctions, si on se base sur le principe qu’une devise forte reflète une économie solide ?

Si on regarde les indicateurs économiques et sur base des prévisions, l’économie russe devrait connaitre une chute de son PIB entre 6% et 10% cette année et est confrontée à une inflation qui se situe actuellement à 17.70%. Il est à ce stade impossible de mesurer les conséquences des retraits des entreprises occidentales comme Renault ou dernier en date Airbnb sur l’économie et sur le marché de l’emploi. Mais en résumé l’économie russe ne se porte pas bien et risque de connaitre au moins deux années de récession.

La hausse du rouble est donc totalement artificielle et tient à trois raisons (voir également l’article publié  à ce sujet sur le site de la RTBF dans lequel je suis cité).

La première raison est liée aux sanctions qui empêchent de réaliser encore la moindre transaction en rouble et qui ne permet donc plus la moindre spéculation sur la devise.

La deuxième raison est aussi liée aux sanctions qui vont entrainer une chute des importations de la part de la Russie, chute estimée à 30% cette année, ce qui réduit fortement les besoins en devises.

Et la troisième raison, et même si les exportations ont reculé, la hausse du prix du pétrole et du gaz est une manne pour l’économie russe et surtout les devises déposées auprès de la Gazprombank sont automatiquement converties en rouble. Ce qui contribue à renforcer le rouble vu que le marché est totalement illiquide.

On le voit avec  nos achats de gaz et de pétrole nous contribuons largement à entretenir une manne qui permet à Poutine de financer sa guerre en Ukraine et la fermeté du rouble devrait permettre à la Banque centrale de baisser ses taux.

Indices de confiance

Les indices de confiance ne devraient malheureusement pas nous apporter des éclaircissements sur l’évolution des perspectives. Comme l’a montré l’indice IFO en Allemagne, qui s’est très légèrement redressé, en grande partie grâce au secteur des services, alors que l’industrie continue de souffrir de la hausse des prix et des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement.

Les indices PMI qui sont publiés aujourd’hui ne devraient pas nous en apprendre plus car ils sont attendus relativement stables par rapport au mois passé. Au Japon, l’indice PMI manufacturier est ressorti à 53.2 contre 53.5, alors que celui des services est en légère hausse à 51.7 contre 50.7. Pas de grands changements donc et une absence de tendance.

Avec quand même une interrogation lancinante sur l’évolution de la situation en Chine et sa politique zéro-Covid qui continue d’inquiéter. Ce qui a déjà comme conséquence que la croissance est révisée à la baisse pour cette année dans une fourchette entre 3% et 4.5% pour un objectif de 5.5% fixé par le pouvoir.

Après la baisse du taux à 5 ans, le gouvernement s’apprêterait à prendre toute une série de mesures de soutien sous la forme de remises de crédits d’impôt et de réductions d’impôts, de réduction de taxes sur l’achat de voitures particulières et de reports de paiements de sécurité sociale pour les entreprises en difficulté.

Mais les dégâts provoqués par la politique zéro-Covid vont se faire sentir durablement et continue de peser sur la bourse chinoise même si la perspective de voir Biden lever une partie des tarifs douaniers imposés par Trump donne un peu d’espoir.

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