Le test n’a pas été vraiment probant

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L’inflation aux Etats-Unis n’a pas faibli, bien au contraire, ce qui a provoqué une lourde chute de la bourse américaine sous l’effet d’une envolée des taux avec un rendement du treasury 10 ans qui a passé le seuil symbolique de 2%.

Mode Lungo

L’inflation aux Etats-Unis n’a pas faibli, bien au contraire, ce qui a provoqué une lourde chute de la bourse américaine sous l’effet d’une envolée des taux avec un rendement du treasury 10 ans qui a passé le seuil symbolique de 2%.

Pas de répit

Pas de ralentissement de la hausse de l’inflation, bien au contraire, le chiffre publié hier a plombé les espoirs d’un reflux rapide. Pour l’inflation générale, la hausse a été de 0.6% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui est passé de 7% à 7.5%, soit le niveau le plus élevé depuis février 1982.

Et le Core CPI n’est pas en reste avec une hausse de 0.6% aussi d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui passe de 5.5% à 6%, soit son niveau le plus élevé depuis août 1982. Et c’est évidemment le chiffre le plus intéressant, et en même temps le plus interpellant, car il ne tient pas compte du prix de l’énergie.

Dans le détail, cette hausse a été alimentée par une progression de 0.5% des loyers, ce qui est la plus forte hausse depuis mai 2001, mais aussi des prix des voitures et camions d’occasion et des soins de santé.

Pas encore donc d’accalmie sur le front de l’inflation et les pressions sur les salaires viennent encore exercer une pression plus forte. Même si un ralentissement de l’inflation devrait intervenir dans le courant de l’année, ce chiffre a douché les espoirs d’un recul rapide.

Et pour en rajouter une couche, après ce chiffre, James Bullard, président de la FED de Saint-Louis, qui est l’un des moins modérés des membres du Comité de la FED, a déclaré que ce chiffre l’avait rendu « radicalement » encore plus hawkish et qu’il souhaitait une hausse des taux d’intérêt de 1% d’ici le 1er juillet.

Si dans un premier temps, la réaction des marchés a été modérée, dans une seconde phase, et après de tels propos, la bourse américaine a viré nettement dans le rouge et en particulier une nouvelle fois le Nasdaq.

Mais le mouvement le plus spectaculaire concerne le marché obligataire avec un rendement du treasury 10 ans qui a dépassé le seuil de 2%, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2019. Et surtout une hausse du rendement du treasury 2 ans qui intègre au moins 5 hausses de taux de 0.25% pour cette année. Résultat, l’écart de rendement entre le 2 ans et le 10 ans s’est très fortement réduit.

Et résultat aussi, les rendements obligataires en zone euro sont en hausse avec une tension un peu plus marquée sur le rendement obligataire italien à 10 ans,  mais ce qui n’empêche pas celui de l’obligation belge à 10 ans de se tendre aussi.

Révisions à la baisse

La Commission européenne a revu à la baisse ses prévisions de croissance, mais à la hausse celles pour l’inflation. Elle table sur un taux de croissance de 4% en 2022 et de 2.8% en 2023 pour l’UE, et de 4% en 2022 et de 2.7% en 2023 pour la zone euro. La Commission estime que la croissance devrait retrouver son élan après avoir ralenti cet hiver à cause d’Omicron, de la hausse des prix de l’énergie, et de la persistance des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.

Concernant l’inflation, pour la zone euro après un taux de 2.6% en 2021  (de 2.9% pour l’UE), la Commission table sur un taux de 3.5% en 2022 (de 3.9% pour l’UE) et de 1.7% en 2023 (de 1.9% pour l’UE). Cependant, la Commission se montre prudente en écrivant que « l’inflation pourrait se révéler plus élevée que prévu si les pressions sur les prix à la production se répercutent finalement sur les prix à la consommation dans une plus large mesure que prévu, amplifiant le risque d’effets de second tour. Les risques entourant les perspectives de croissance et d’inflation sont nettement aggravés par les tensions géopolitiques en Europe de l’Est ».

Ce chiffre de 3.5% pour l’inflation en zone euro a aussi contribué à la hausse des taux en zone euro, même si cette hausse des taux très (trop) rapide inquiète certains membres de la BCE.

Cacophonie

Et le problème demeure au sein de la BCE sur un message clair, et depuis la réunion de la semaine passée les déclarations fusent dans tous les sens. Entre ceux qui estiment que l’inflation ne reviendra pas à sous l’objectif de 2% comme le vice-président de la BCE, Luis de Guindos. Et ceux qui estiment que le reflux ne nécessitera pas de resserrement, l’écart se creuse.

Et les dernières déclarations de l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, ne vont pas éclaircir les choses. Il a en effet estimé que « comme les goulets d’étranglement finiront par se résorber, les pressions sur les prix devraient s’atténuer et l’inflation revenir à sa tendance sans qu’il soit nécessaire de procéder à un ajustement significatif de la politique monétaire ».

Pour bien comprendre son raisonnement, il faut se référer à l’approche que l’on appelle “hold-steady” et qu’il définit de la sorte. « La logique qui sous-tend une approche “hold-steady” de la politique monétaire est renforcée si les goulots d’étranglement sont principalement de nature externe, causés par des perturbations mondiales de l’offre ou une poussée de la demande mondiale. Comme la politique monétaire oriente la demande intérieure, un resserrement de la politique monétaire en réaction à un choc d’offre externe signifierait que l’économie serait simultanément confrontée à deux chocs défavorables ».

La crainte légitime de la BCE est que la hausse des taux ne vienne casser la reprise, mais elle est aussi encore tétanisée par ses hausses de taux précédentes qui avaient été désastreuses comme je le rappelais dans ma carte blanche.

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