Comment expliquer la chute des prix des produits alimentaires ?

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Quel est le lien entre la chute du prix du baril de pétrole et la baisse de l’Indice FAO des prix des produits alimentaires …

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Quel est le lien entre la chute du prix du baril de pétrole et la baisse de l’Indice FAO des prix des produits alimentaires ? A priori aucun et pourtant.

C’est un fait, la crise du Covid-19 bouleverse l’ensemble de nos habitudes, elle chamboule notre manière de consommer, elle affecte le travail des cultures et elle provoque des pénuries mais aussi des excédents.

Pourtant, au mois d’avril, alors que l’on aurait pu s’attendre à une hausse des prix des produits alimentaires, hausse que tout le monde a observé en achetant des produits de base, cet indice au niveau mondial a reculé.

Et comme le précisait, déjà en mars, Abdolreza Abbassian, économiste principal à la FAO, ” ces baisses de prix s’expliquent en grande partie par les facteurs relatifs à la demande et non à l’offre. Les facteurs relatifs à la demande sont influencés par des perspectives économiques qui tablent vers une constante détérioration”.

Détérioration de la demande

La crise du Covid-19 a entrainé une hausse importante du chômage, la fermeture des restaurants et autres lieux de bouche. Elle a provoqué un arrêt total des évènements des sociétés, des mariages,… En un mot, cette crise a réduit considérablement la demande de produits alimentaires.

Certes, les ménages ont continué de se nourrir mais les achats se sont concentrés sur les aliments de base. Et on a assisté à une baisse de la consommation hors domicile qui n’a pas du tout été compensée.

Avec la perspective d’une contraction de l’économie mondiale de 3% en 2020, selon les prévisions du FMI, inéluctablement, la demande de produits alimentaires va souffrir cette année, même si l’on devrait assister à de fortes hausses sur certains produits de première nécessité.

Evolution des prix

Si l’on reprend les différents indices de la FAO, on constate que l’indice du prix du sucre a connu une forte chute liée d’une part à une baisse de la consommation hors domicile, et d’autre part à la chute du prix du baril qui a entrainé une diminution de la demande des producteurs d’éthanol.

Celui du prix des huiles végétales a connu le même sort à cause d’une chute de la demande d’huile de palme qui intervient dans beaucoup de produits transformés, des produits qui ont subi un recul important en termes de demande. Les autres huiles n’étant pas en reste à cause d’une chute également de la demande des producteurs d’éthanol.

A côté de ces deux facteurs baissiers, chute de la demande et du prix du baril, il faut ajouter un troisième élément qui a pesé sur les prix, à savoir, les perturbations dans les chaines d’approvisionnement. C’est le cas pour les produits laitiers qui ont été impactés par le recul des importations de la poudre de lait et aussi de la viande mais dans une très faible proportion.

Les céréales ont moins été affectées même si les prix restent sous pression, mais plutôt à cause de l’abondance des stocks entre autres pour le maïs. Mais la baisse du prix du baril a eu aussi raison de la demande en agrocarburants, ce qui a pesé sur le prix du maïs. Seuls le riz et le blé ont vu leur prix s’envoler et devraient rester sous pression avec la mise en confinement des principaux pays producteurs et exportateurs et alors que les craintes de restrictions à l’exportation augmentent.

Tendances

La chute de la demande a indéniablement un impact sur le prix des matières premières agricoles, même si quelques produits agricoles concentrent toute la hausse ressentie par les consommateurs. Mais globalement, la diminution de la demande devrait continuer à se faire ressentir tout au long de l’année 2020.

Vu la chute également de la demande de pétrole qui a entrainé une chute du prix du baril, les matières premières utilisées pour les agrocarburants ou la production d’éthanol vont continuer de voir leur prix être mis sous pression. Car on n’attend pas de remontée du prix du baril cette année, malgré l’accord de l’OPEP, vu le déséquilibre structurel entre l’offre et la demande.

 

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