Divergence des taux, donc des devises aussi

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Le différentiel de taux entre les Etats-Unis et la zone euro ne devrait faire que s’élargir compte tenu du différentiel d’inflation et donc de l’attitude totalement différente des deux Banques centrales.

Mode Lungo

Le différentiel de taux entre les Etats-Unis et la zone euro ne devrait faire que s’élargir compte tenu du différentiel d’inflation et donc de l’attitude totalement différente des deux Banques centrales.

Différentiel

Même si la hausse des taux longs aux Etats-Unis reste contenue, elle est pourtant bien réelle et est la conséquence de la hausse de l’inflation et du début du tapering de la part de la FED. La FED devrait en plus augmenter ses taux l’année prochaine sur la seconde partie de l’année compte tenu du niveau d’inflation qui devrait rester largement au-dessus de son objectif.

La BCE, par contre, devrait garder ses taux inchangés l’année prochaine même si la décrue de l’inflation sera certainement plus lente qu’escomptée. C’est clairement le message qu’a, une nouvelle fois, fait passer Christine Lagarde en s’adressant au Parlement européen, « nous voyons toujours une modération de l’inflation l’année prochaine, mais la baisse prendra plus de temps que prévu initialement ». La hausse des taux ne peut pas s’envisager car les goulets d’étranglement et la hausse des prix de l’énergie certes maintiendront l’inflation à un niveau élevé, mais surtout risquent de peser sur la croissance.

Cette divergence de vue et de situation explique pourquoi les taux longs remontent aux Etats-Unis et pas en Europe et donc pourquoi le différentiel s’élargit comme le montre la ligne grise sur le graphique. Et pourquoi le dollar se renforce, ligne bleue, par rapport à l’euro compte tenu de cet écart de rendement qui se creuse.

L’inflation et ses questions

Plusieurs réflexions pour montrer combien la question de l’inflation est complexe.

D’abord, comme le montre le graphique, le prix du blé a atteint des niveaux records sous l’effet d’une demande qui reste extrêmement soutenue, mais surtout une offre qui a été affectée par les conditions climatiques. La sécheresse a particulièrement touché l’Irak qui va devoir importer du blé, alors que les récoltes en Europe sont plus faibles et que les fortes pluies en Australie font craindre une production moindre. Et à cela il faut rajouter que la Russie, principal exportateur, pourrait imposer des quotas à l’exportation.

La décision la semaine passée de la BOE de laisser ses taux inchangés avait surpris tout le monde et son gouverneur a fait part de son désarroi en déclarant « je suis très inquiet de la situation de l’inflation. Je veux être très clair à ce sujet. Ce n’est bien sûr pas là où nous voulions être, à savoir avoir une inflation supérieure à l’objectif ».

Et si la hausse des taux a été évitée de peu, c’est parce que la BOE manquait de données sur le marché de l’emploi et en particulier sur ce qu’il était advenu d’environ un million de travailleurs qui étaient toujours en chômage technique lorsque le programme de protection de l’emploi du gouvernement a pris fin le 30 septembre.

On voit bien que les Banques centrales ont une peur bleue de remonter trop rapidement les taux, malgré la hausse de l’inflation, car le marché de l’emploi n’est pas encore revenu à la normale.

En Suède, l’inflation a progressé de 0.2% d’un mois à l’autre en octobre, avec comme conséquence que le taux annuel s’est envolé à son niveau le plus élevé depuis septembre 2008 à 3.1%. On est très loin de l’objectif de 2% de la Riksbank, qui est donc dans une situation comparable à celle de la BCE, et qui a aussi manifesté son intention de ne pas augmenter les taux avant 2024.

Toute la difficulté pour certaines Banques centrales sera de garder les anticipations de hausse des taux dans des fourchettes raisonnables et d’éviter des hausses intempestives. C’est ce que s’est encore efforcé de faire le gouverneur de la Banque centrale d’Australie, Philip Lowe, en déclarant « les données et les prévisions les plus récentes ne justifient pas une augmentation du taux d’escompte en 2022 ».

Cette déclaration n’est évidemment pas innocente quand on observe l’évolution du rendement de l’obligation australienne à 2 ans (voir graphique), qui montre que le marché continue d’anticiper une hausse des taux en 2022. Et Philip Lowe a enfoncé le clou en soulignant, « il faudrait que l’économie et l’inflation évoluent très différemment de notre scénario central pour que le Conseil envisage une hausse des taux d’intérêt l’année prochaine ».

Observatoire les Belges, leur épargne et les investissements durables

Je voudrais reprendre un ou deux points tirés des résultats de  l’observatoire que CBC a publié hier concernant les investissements durables. Même si la définition de ce qu’est un investissement durable reste encore floue puisqu’à la question de savoir ce qu’est un investissement durable, les Belges disent avant tout que ce dernier encourage la dimension environnementale (48%), ensuite la dimension sociale (39%) et enfin la dimension économique (22%), la prise de conscience est bien réelle. Et je cite l’observatoire, « 71% d’entre eux considèrent en effet qu’investir durablement peut être le moteur d’un changement positif tant au niveau environnemental que sociétal et économique. En 2019, 57% partageaient cet avis ».  

Cependant seulement 16% des Belges se disent assez bien à très bien informés quant aux possibilités d’investir durablement. L’information est donc fondamentale comme l’a souligné Marie Lambert, Professeur de Finance à HEC Liège, Ecole de gestion de l’ULiège, « les universités, les distributeurs de produits financiers comme les banques et les conseillers en investissement ont un rôle à jouer dans l’éducation et la sensibilisation des investisseurs aux enjeux de durabilité et ce, afin d’assurer une allocation des capitaux vers des projets et des entreprises durables. Investir dans des entreprises durables dépasse largement la question du rendement. D’une part, il s’agit de prendre en compte les risques environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance pouvant matériellement impacter la valeur des actifs financiers dans les décisions d’investissement. D’autre part, il s’agit également de mesurer les impacts de ces investissements sur la société. C’est le principe de double matérialité ».

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