Le risque d’un effondrement de la livre turque

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Sommes-nous face à un réel risque de crash de la livre turque après la décision complètement irresponsable de la Banque centrale de baisser une nouvelle fois ses taux ?

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Sommes-nous face à un réel risque de crash de la livre turque après la décision complètement irresponsable de la Banque centrale de baisser une nouvelle fois ses taux ?

Fuite en avant

Erdogan s’étant débarrassé de tous les opposants au sein de la Banque centrale à la baisse des taux, cette dernière a encore annoncé une nouvelle baisse de taux. Et pas de n’importe quelle ampleur, mais de 2% pour porter le taux directeur à 16%.

Sans surprise, la livre turque a touché un nouveau record à la baisse, même si la Banque centrale a laissé entendre qu’il n’y avait plus beaucoup de place pour une nouvelle baisse de taux cette année.

Conséquence de cette baisse des taux, la Turquie a les taux d’intérêt réels les plus négatifs de tous les marchés émergents, ce qui constitue un signal d’alarme pour les investisseurs.  Et le fameux CDS, qui mesure le risque de défaillance, a très sensiblement grimpé comme le montre le graphique, et le taux à 10 ans a progressé après la baisse des taux comme l’illustre le graphique.

Les risques de cette fuite en avant sont d’une part un appauvrissement de la population qui subit la hausse des prix des produits importés (alimentation, pétrole, ..) et d’autre part un coût de financement de la dette en dollars qui augmente avec la dévaluation de la devise.

Où il est encore question d’inflation

Au Japon, où, pour la première fois depuis mars 2020, l’inflation est repassée au-dessus de 0%, « grâce » à la hausse du prix du baril. Mais ce niveau n’a évidemment strictement rien à voir avec celui que l’on observe un peu partout, et hors alimentation et énergie l’inflation demeure largement en territoire négatif.

Par contre en Grande-Bretagne, le nouveau chef économiste s’inquiète de la hausse de l’inflation et craint que cette dernière surpasse « le niveau très inconfortable de 5% », et estime que la question d’une hausse des taux est réelle.

Et cette hausse de taux pourrait même intervenir lors de la réunion du mois de novembre, ce qui explique la hausse du rendement de l’obligation à 2 ans (voir graphique).

Mais comme une partie de cette hausse est transitoire, la hausse des taux devrait rester contenue pour ne pas venir peser sur la croissance.

Alors que la Banque centrale d’Australie a clairement laissé entendre qu’elle ne comptait pas augmenter ses taux avant 2024, elle doit faire face à des hausses des taux à deux ans suite à des ventes agressives d’obligations. Conséquence, elle est intervenue ce matin sur les marchés pour un montant de 1 milliard de dollars australiens en achetant l’obligation à l’échéance 2024.

Comme le montre le graphique, cette hausse n’a cependant rien à voir avec celle observée en Grande-Bretagne, mais la RBA a un objectif d’un taux légèrement au-dessus de 0.10% pour le deux ans, ce qui explique son intervention.

Confirmation

Les indices PMI qui seront publiés ce matin pour la zone euro et pour la Grande-Bretagne (voir tableau) vont venir confirmer que le pic est bien derrière nous. Après la phase de rattrapage, il est normal que l’on assiste à un tassement de l’activité. Même si ce tassement est sans nulle doute accentué par la hausse des prix des matières premières, par les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, par les goulets d’étranglement, par la hausse de l’inflation et par le ralentissement de l’activité en Chine.

Et à tout cela il faut encore rajouter le variant Delta qui continue de se propager et dont la vitesse de propagation s’accélère à nouveau ce qui pourrait inciter les gouvernements à devoir prendre de nouvelles mesures partielles de restriction.

Sauvée provisoirement

Evergrande a réussi à verser les 83 millions de dollars des intérêts d’une obligation avant l’expiration du délais des 30 jours, ce qui lui permet d’éviter, provisoirement, la faillite.

Résultat, l’action s’est un peu reprise à la bourse de Hong-Kong ce matin et la question d’une restructuration de la dette pourrait être envisagée, même si d’autres échéances sont à honorer à court terme.

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