L’inflation érode la confiance

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Nous ne sommes pas encore sorti du problème Evergrande, dont la cotation a été suspendue ce matin, alors que la persistance de l’inflation à des niveaux élevés distille le doute

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Nous ne sommes pas encore sorti du problème Evergrande, dont la cotation a été suspendue ce matin, alors que la persistance de l’inflation à des niveaux élevés distille le doute sur son caractère temporaire.

La hausse de l’inflation

La journée de vendredi a confirmé que l’inflation ne baissait pas la garde, bien au contraire, même si la hausse doit en partie être relativisée par l’effet de base.

En zone euro, l’inflation est passée de 3% à 3.4% pour l’indice global, soit son niveau le plus élevé depuis 13 ans comme l’illustre le graphique. C’est bien la hausse de l’énergie qui est le vecteur principal de cette forte hausse de l’inflation, mais il faut aussi pointer que la hausse s’observe dans tous les secteurs. Ce qui explique que l’inflation de base a aussi progressé en passant de 1.6% à 1.9%.

Même si cette hausse est donc fortement liée au prix de l’énergie, cela pose un fameux défi à la BCE qui va devoir intégrer un niveau d’inflation plus élevé de façon temporaire.

Même défi pour la FED avec l’indice PCE (personal consumption expenditures), indice qui exclut l’énergie et l’alimentation, qui a augmenté de 0.3% en août, soit un taux annuel inchangé à 3.6%. On est loin également de l’objectif de la FED, même si cette dernière dispose de plus de latitude que la BCE.

Autant dire que la BCE comme la FED vont surveiller avec attention le message de l’OPEP+ et croiser les doigts pour qu’ils décident d’une hausse plus substantielle de la production compte tenu du niveau du prix du baril actuel.

D’autres Banques centrales n’ont plus attendu face à la hausse de l’inflation et sont passées à l’action. C’est le cas en particulier de la Banque centrale tchèque qui a pris tout le monde de court en augmentant de 0.75% son taux directeur pour le faire passer à 1.50%. Malgré les protestations du ministre des finances, le gouverneur de la Banque centrale a confirmé que d’autres hausses de taux pourraient encore intervenir si nécessaire. Cette hausse a bien évidemment renforcé la couronne tchèque comme le montre le graphique.

La Banque centrale de Hongrie, qui a augmenté aussi son taux directeur, mais de façon plus modérée, a indiqué qu’elle pourrait aussi augmenter ses taux dans les prochains mois compte tenu de la hausse de l’inflation.

Erosion du pouvoir d’achat ?

La crainte que l’inflation n’érode le pouvoir d’achat des ménages américains semble se concrétiser selon les dernières estimations. Au mois d’août, les dépenses de consommation ont augmenté de 0.4% après un recul de 0.5% en juillet. Sur base de ces chiffres, la croissance des dépenses de consommation en taux annualisé tournerait autour des 1% au troisième trimestre. Chiffre qui n’a rien à voir  avec les 12% affichés au deuxième trimestre et qui expliquaient  la hausse de 6.7% du PIB.

Cela explique pourquoi les prévisions de croissance au troisième trimestre ont été revues drastiquement à la baisse. Mais rien n’est simple car l’épargne accumulée par les ménages américains pourrait soutenir encore durablement la consommation. Et même si cette épargne est passée 10.1% à 9.4%, elle demeure encore à des niveaux élevés comme le montre le graphique.

D’un autre côté, l’activité manufacturière aux Etats-Unis reste très soutenue avec un indice ISM manufacturier qui est passé de 59.9 à 61.1. Le graphique reprend les différentes composantes de cet indice, et met en évidence que les délais de livraison restent très élevés dans un contexte en plus de hausse des prix. Ce qui fait craindre évidemment une poursuite de la hausse de l’inflation, car les entreprises tentent de reconstituer coûte que coûte, sans jeux de mot, leurs stocks.

Pas encore le bon casting ?

Le nouveau Premier ministre japonais, Fumio Kishida, doit prendre officiellement ses fonctions ce lundi, mais jusqu’à présent, il n’a pas réussi à impressionner les investisseurs.

L’espoir d’un changement de politique avec le départ de Sugar est déjà en train de s’envoler et la bourse japonaise qui avait capitalisé sur ce changement corrige ce matin malgré le rebond de la bourse américaine vendredi. A cela il faut aussi ajouter que l’annonce de la suspension de la cotation de Evergrande à la bourse de Hong Kong fait craindre un ralentissement important de l’économie chinoise ce qui aurait un impact important pour l’économie japonaise.

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