On a beaucoup parlé, même si sans doute pas assez, des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat en France….
Quand les citoyens composent l’assiette de demain
On a beaucoup parlé, même si sans doute pas assez, des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat en France. Cette dernière est décrite sur son site comme « une expérience démocratique inédite qui a pour vocation de donner la parole aux citoyens et citoyennes pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Elle a pour mandat de définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale. Décidée par le Président de la République, elle réunit cent cinquante personnes, toutes tirées au sort ; elle illustre la diversité de la société française ».
De cette convention ont émergé 149 propositions abordant des thématiques essentielles telles que mieux se déplacer, consommer, se loger, produire/travailler et se nourrir.
Dédouaner les agriculteurs
La réflexion autour du mieux « se nourrir » amenée par les membres de la Convention est pertinente et innovante puisqu’elle conclut que la démarche doit d’abord venir du consommateur. Le rapport stipule que « nous entendons mobiliser des leviers d’action pour réduire les émissions qui agissent comme un ensemble. Il nous semble important d’agir sur l’ensemble de la chaîne de production alimentaire en partant du consommateur jusqu’à l’agriculteur. Cette modification profonde de notre système passe par un changement de nos habitudes et l’adoption progressive d’une nouvelle assiette. D’ici 2030, notre assiette devra comprendre 20% de viande et de produits laitiers en moins mais plus de fruits et légumes, de légumes secs et de céréales ».
Au lieu de s’en prendre aux agriculteurs, comme cela a souvent été le cas jusqu’à présent, les citoyens ont finalement compris que le changement ne se fera que si le consommateur change ses habitudes de consommation. La balle est donc dans les deux camps.
Prendre le problème à la source
Changer nos habitudes, cela peut indéniablement passer par l’éducation et par une prise de conscience de ce qu’est « une bonne assiette », en s’y prenant tôt, dès la cantine scolaire. Et si la démarche se veut complète, ces cantines devront évidemment respecter un cahier des charges qui serait imposé et qui inclurait les principes du circuit court, du bio et des plats végétariens. Sans oublier que ce qui est vrai pour les cantines scolaires pourrait aussi s’appliquer à celles des entreprises.
Face à cela, les agriculteurs pourraient boucler la boucle et ainsi devenir des acteurs à part entière de ce combat. Pour cela, il faudra accompagner la réflexion en proposant des productions bio et en mettant en place des circuits courts ou en se regroupant pour répondre au mieux aux attentes des cantines.
Mieux informer les consommateurs
Autre grande piste de réflexion, celle de répondre au besoin des consommateurs qui veulent être mieux informés sur ce qu’ils mangent et sur ce que contiennent les produits qu’ils consomment. Si l’industrie agro-alimentaire a déjà bien saisi l’enjeu et qu’elle commence à s’adapter, les agriculteurs ont clairement une carte à jouer eux aussi. Une carte qu’ils n’ont pas encore suffisamment exploitée.
Ce point est repris dans les propositions de la Convention en relevant la nécessité d’informer le consommateur sur le degré de transformation des produits. Mais la réflexion va plus loin en stipulant qu’il faudrait aussi « la mise en place d’une charte éthique agroalimentaire qui renseigne et qualifie en termes de gaz à effet de serre les auxiliaires techniques et les additifs alimentaires ».
Sans aller plus loin sur toutes les autres propositions émises par cette Convention, il est évident qu’il est fondamental pour le monde agricole d’entendre les attentes des consommateurs et d’accompagner nos champs dans un monde qui s’alignera sur les trois piliers d’une agriculture durable.