Situation dichotomique

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Les ventes de détail aux Etats-Unis ont battu tous les records au mois de mai donnant le sentiment …

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Les ventes de détail aux Etats-Unis ont battu tous les records au mois de mai donnant le sentiment d’un rebond extrêmement rapide de l’activité.

Effet de rattrapage ?

Alors qu’elles étaient attendues en hausse de 8.4%, les ventes de détail ont augmenté de 17.7% au mois de mai, un chiffre totalement inédit.

Cette hausse est-elle un simple rattrapage aidée en partie par le chèque que chaque ménage américain a reçu ? Même s’il est encore trop tôt pour répondre à cette question, certains signes incitent à la prudence.

Ce chiffre a été porté par une hausse de 44.1% des ventes de voitures, et de 12.8% des recettes des stations-services. Il y a donc un effet de rattrapage évident aussi quand on voit que les recettes des magasins de vêtements ont rebondi de 188 % le mois dernier. Néanmoins, les ventes des magasins de vêtements sont restées environ 63 % inférieures à leur niveau de février.

Si l’on exclut les automobiles, l’essence, les matériaux de construction et les services de restauration, les ventes au détail ont bondi de 11 % en mai après avoir chuté de 12,4 % en avril. Ce chiffre relativise donc un peu le rebond et selon les prévisions, les dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l’activité économique américaine, pourraient diminuer à un taux annualisé de 37 % au deuxième trimestre. Cela pourrait entraîner une chute du PIB d’environ 36 % au cours de cette période.

Preuve que la reprise est lente, la production manufacturière a augmenté de 3.8% en mai après une chute record de 15.5% en avril. Et comme le montre le graphique, les utilisations des capacités industrielles ont à peine augmenté, ce qui montre que les chaines de production souffrent toujours et que la reprise de  l’activité est lente.

Autre élément à prendre en considération pour tenter d’appréhender la reprise est l’évolution du marché de l’emploi qui demeure aux yeux de Powell un vrai sujet de préoccupation. Il a encore souligné qu’il faudra du temps pour résorber le taux de chômage et revenir au niveau d’avant crise.

Et dernier point à prendre en considération, le virus est encore extrêmement actif dans certains Etats américains, et le nombre de morts s’élèvent déjà à 116.850.

Chute des exportations

Preuve que la situation ne s’améliore que lentement, les exportations japonaises ont chuté de 28.3% en mai, avec en particulier la plus forte chute depuis mars 2009 vers les Etats-Unis. Et ce déclin est dû à 70% à cause d’une chute des exportations de voitures et de pièces détachées automobiles.

Par rapport à la Chine, le recul est de 1.9%, de 12% par rapport au reste de l’Asie et de 33.8% par rapport à l’UE.

Pas étonnant dans ce contexte que les indices de confiance au Japon restent déprimés. Le fameux indice Tankan pour le secteur manufacturier est ressorti à -46 en juin contre -44 en mai, restant ainsi à son niveau le plus faible depuis juin 2009. Et même si celui des services s’est amélioré en passant de -36 à -32, le contexte demeure très compliqué et les inquiétudes nombreuses.

Et évidemment que la résurgence d’une nouvelle vague en Chine, avec en particulier un foyer d’infection à Pékin, fait craindre une nouvelle phase de ralentissement de l’activité avec des répercutions mondiales.

Ce qui n’est évidemment pas fait pour rassurer alors que la Chief Economist du FMI, Gita Gopinath, a écrit ; « il s’agit d’une crise véritablement mondiale. Les crises passées, aussi profondes et graves soient-elles, sont restées cantonnées à de plus petites parties du monde : en Amérique latine dans les années 1980 ou en Asie dans les années 1990. Même la crise financière mondiale d’il y a dix ans a eu des effets plus modestes sur la production mondiale.

En 2020, pour la première fois depuis la Grande Dépression, les pays avancés et les pays émergents sont en récession. La prochaine Mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale, en juin, devrait faire état de taux de croissance négatifs encore plus faibles que ceux estimés précédemment. Cette crise aura des conséquences dévastatrices pour les populations pauvres du monde entier ».

Le spectre du chômage

Si Powell s’inquiète des pertes d’emploi provoquées par la crise du coronavirus et de la lenteur d’une reprise du marché de l’emploi, ce constat n’est pas spécifique aux Etats-Unis.

Comme le montre le graphique, le nombre de personnes employées par les employeurs britanniques a chuté de plus de 600 000 en avril et mai. Mais ce chiffre n’est encore que la partie visible de l’iceberg, car la deuxième vague de licenciement va arriver et  le programme d’aide du gouvernement va arriver à la fin au mois d’octobre.

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