Les chiffres en Chine nous laissent dubitatifs

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On sait pertinemment bien qu’il faut prendre avec beaucoup de réserve les chiffres publiés en Chine…

Mode Lungo

On sait pertinemment bien qu’il faut prendre avec beaucoup de réserve les chiffres publiés en Chine, quel qu’ils soient d’ailleurs, et donc la remontée fulgurante de l’indice PMI officiel laisse perplexe.

Hausse des indices en Chine

Assez logiquement, l’indice PMI des services a connu un bond en passant de 29.6 à 52.3 suite à la reprise, lente mais effective, d’une vie normale avec l’ouverture des restaurants, magasins, … Cependant, si l’on prend l’indice PMI non officiel, qui sera publié demain, il était tombé à 26.5 et est attendu à 39, donc bien loin d’une reprise aussi fulgurante que le laisserait entendre l’indice officiel.

Pour l’indice PMI manufacturier, même constat, et j’ai repris le graphique qui montre l’évolution des deux indices. L’indice officiel a fait un bond qui le projette au-delà du niveau des 50, alors que l’on tablait sur un niveau de 45. Et l’indice officieux est lui attendu à 45.

En plus, si on observe en détail les sous-indices, si l’indice de production s’est nettement redressé en passant de 27.8 à 54.1, en revanche, l’indice des nouvelles commandes à l’exportation n’a pas refranchi le seuil des 50 et est passé de 28.7 à 46.4. Car la reprise en Chine dans l’industrie est extrêmement corrélée à la demande extérieure, qui est évidemment fortement en recul pour le moment.

Le fait que le yuan (voir graphique) n’ait pas tellement bougé après la publication de ces indices est sans doute aussi la preuve que le marché n’est pas dupe et est dubitatif concernant la pertinence de ces rebonds aussi spectaculaires.

En attendant, il reste toujours aussi compliqué de faire des estimations et des prévisions compte tenu des incertitudes. La Banque Mondiale a ainsi revu ses prévisions pour la zone de Asie de l’Est et Pacifique ainsi que pour la Chine. Elle table sur une contraction de 2.1% en 2020 pour son scénario de base, et de -0.5% pour son scénario optimiste pour la région, contre 5.8% en 2019. Et pour la Chine, elle table sur une croissance de 2.3% pour son scénario de base par rapport au taux de 6.1% en 2019.

Inflation en recul

La chute du prix du baril ainsi que la chute de la demande suite au confinement tirent l’inflation vers le bas. L’inflation en zone euro devrait reculer à 0.80% contre 1.20% pour l’inflation générale et à 1.10% contre 1.20% pour l’inflation de base.

Cette tendance à la baisse s’observe dans tous les pays de la zone euro, comme l’ont montré les chiffres pour la Belgique et l’Allemagne hier. En Allemagne, le taux d’inflation harmonisé est passé de 1.7% à 1.3% et l’inflation en Belgique est passée de 1.10% à 0.62%.

Ce recul de l’inflation est évidemment fortement lié à la baisse du prix du baril, qui a encore été mis sous pression, comme le montre le graphique de l’évolution du prix du brent. Il faut dire que l’Arabie Saoudite a encore annoncé vouloir augmenter ses exportations à 10.6 millions de barils par jour en mai, alors que dans le même temps le recul de la demande s’accentue.

Ce recul du prix du baril est une très mauvaise nouvelle pour l’industrie du pétrole de schiste aux Etats-Unis (où on commence à assister à des fermetures de puits comme le montre le graphique), ce qui  a incité Trump à s’entretenir avec Poutine pour essayer de stabiliser le marché.

Le Japon surnage

Après une chute de 7.1% en taux annualisé du PIB au quatrième trimestre, l’économie devrait encore être en recul au premier trimestre de cette année.

L’économie connait depuis le début de l’année une activité atone avec une hausse de 0.4% de la production industrielle en février après une hausse de 1% en janvier, mais qui devrait chuter en mars selon les premières estimations. Et si les ventes de détail ont augmenté de 1.7% en février, elles ont concerné majoritairement en des dépenses de nourritures et de boissons pour rester calfeutré chez soi.

L’impact du ralentissement en Chine, de la chute de la demande mondiale et du report des Jeux Olympiques est un cocktail détonnant pour une économie déjà fortement affaiblie et qui avait fortement souffert en 2019 de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

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