Coup de tonnerre, non pas dans un ciel bleu, mais au contraire dans un ciel déjà bien chargé et perturbé…
Une BCE décidément bien seule
Coup de tonnerre, non pas dans un ciel bleu, mais au contraire dans un ciel déjà bien chargé et perturbé, après une décision de la cour constitutionnelle allemande concernant le programme de rachats d’actifs par la BCE.
Décision ahurissante
La cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe devait se prononcer sur le programme de rachats d’actifs de la BCE lancé en 2015 par Mario Draghi. A sept voix contre une, les juges ont rejeté les plaintes. On aurait pu s’arrêter là, circulez il n’y a rien à voir.
Mais les juges constitutionnels reprochent à la BCE de ne pas avoir suffisamment justifié que la décision de se livrer à des achats d’actifs était proportionnée à l’exercice de son mandat : assurer la stabilité des prix en zone euro. C’est-à-dire maintenir, à moyen terme, un taux d’inflation proche mais en dessous de 2% . Mais en agissant de la sorte, les juges allemands s’opposent à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, qui elle avait validé l’action de la BCE.
Ce qui a d’ailleurs provoqué une réaction immédiate de la Commission qui a déclaré « nous réaffirmons la primauté du droit communautaire et le fait que les arrêts de la cour de justice européenne sont contraignants pour toutes les juridictions nationales ».
Mais la provocation ne s’arrête pas là, en effet, les juges lancent un ultimatum à la BCE, « si le Conseil des gouverneurs n’adopte pas une nouvelle décision démontrant de façon substantielle et compréhensible que les objectifs de politiques monétaires poursuivis par le PSPP ne sont pas disproportionnés par rapport aux effets économiques et budgétaires qui en découlent, la Bundesbank ne pourra plus participer à la mise en place et à l’exécution du programme ». Ce qui est une violation flagrante de l’indépendance de la BCE, principe de base des traités européens.
Si la BCE a pris acte de la décision de la cour allemande, elle n’en a pas moins réaffirmé qu’elle restait pleinement engagée à faire tout ce qui était nécessaire pour remplir son mandat de stabilité des prix dans la zone euro. Et elle a aussi rappelé que la CJUE avait validé le programme d’achats.
Cependant, le risque de voir la Bundesbank devoir arrêter ses rachats d’obligations allemandes pourrait venir totalement déséquilibrer le programme du PSPP basé sur le principe d’achats équilibrés en fonction de la participation de chaque Etat dans le capital de la BCE. Et cela pourrait aussi mettre un frein sérieux à l’extension du programme de 750 milliards lancé par la BCE pour faire face à la crise du Covid-19.
Cette décision qui remet en cause les principes même de la primauté de la justice européenne et surtout l’indépendance de la BCE est un sérieux coup de canif aux traités européens et une provocation dont l’UE se serait bien passée alors qu’elle peine à afficher sa solidarité.
Conséquence de cette décision, l’euro est reparti à la baisse et comme le montre le graphique, le spread entre le bund 10 ans et l’obligation italienne sur la même période s’est sensiblement élargi.
La Grande-Bretagne n’échappe pas à la crise
Comme le montre le graphique, les indices PMI en Grande-Bretagne ont exactement le même profil que dans les autres pays et indiquent que la contraction du PIB sera sévère.
L’indice PMI des services a atteint un niveau inédit depuis son lancement en 1996 et a entrainé l’indice composite à des niveaux qui laissent penser que la contraction de l’économie sera au moins de 7% cette année.
Comme en plus, à contrario des autres pays européens, le pic de l’épidémie n’a peut-être pas encore été atteint et que la période de déconfinement interviendra plus tard, l’impact négatif pourrait être encore plus lourd.
Situation guère plus brillante aux USA
En mars, le déficit commercial a augmenté de 11.6% , soit la plus forte hausse depuis décembre 2018, à 44.4 milliards de dollars (voir graphique), mais s’est nettement réduit avec la Chine à son niveau le plus bas depuis 16 ans.
Cette aggravation du déficit est la conséquence d’une chute de 9.6% des exportations et d’un recul de 6.2% des importations.
Autre signe du ralentissement, l’indice ISM des services, voir graphique, est tombé à son niveau le plus bas depuis 10 ans et demi. Mais plus inquiétant encore le sous-indice « nouvelles commandes » est passé de 52.9 à 32.9, soit son niveau le plus faible jamais atteint depuis le lancement de l’indice en 1997.
C’est donc avec appréhension que l’on attend le chiffre du chômage vendredi qui devrait passer de 4.4% à 16% d’un mois à l’autre et dépasser le taux record de 1982 qui avait été de 10.8%
Indices PMI des services
En Inde, cet indice est passé de 49.3 à 5.4, ce qui signifie que l’économie indienne devrait connaitre une contraction de son PIB, qui pourrait être la plus forte depuis 1990.
En Europe, les indices PMI des services en France, en Allemagne et en zone euro devraient être confirmés à leurs niveaux prévisionnels à savoir 11.7 pour la zone euro. En Espagne, cet indice devrait passer de 23 à 10, et en Italie de 17.4 à 9. Et pour couronner le tout, les ventes de détail en zone euro sont attendues en baisse de 10.60% d’un mois à l’autre en mars contre une hausse de 0.90%.