Les chiffres ont perdu tout intérêt, tous les regards étant tournés vers le nombre de cas infectés par le Covid-19….
Vicissitudes de la peur
Les chiffres ont perdu tout intérêt, tous les regards étant tournés vers le nombre de cas infectés par le Covid-19, et plus rien ne semble empêcher les bourses de poursuivre leur chute.
Chiffres aux Etats-Unis
Le taux de chômage est retombé à 3.5% contre 3.6%, mais surtout les créations d’emploi ont été de 273.000, soit le chiffre le plus élevé depuis mai 2018.
Ce chiffre dépasse largement les attentes et est la conséquence de la création de 42.000 emplois par le secteur de la construction, de 15.000 dans l’industrie.
Poursuite de la chute
Mais ce chiffre a laissé de marbre les marchés qui ont continué de dévisser, que cela soit les taux d’intérêt, le prix du baril ou les bourses.
Comme les taux aux Etats-Unis ont poursuivi leur mouvement de baisse, avec un rendement du 10 ans à 0.74%, le dollar a franchi un nouveau seuil en passant au-dessus de 1.13 par rapport à l’euro comme le montre le graphique.
Le 10 ans allemand, est tout proche de ses plus bas historiques, et pour illustrer le mouvement depuis le début de l’année, j’ai repris le même graphique que celui de la courbe US de ce matin mais pour les taux allemands. Le différentiel est un peu moindre, car les anticipations de baisse de taux de la part de la BCE sont nettement moindres que celles de la FED, vu le niveau des taux en zone euro.
De son côté, le prix du baril continue sa chute car il n’y a pas d’accord au sein de l’OPEP+ pour réduire la production.
J’ai repris un tableau simplifié qui donne un état de la situation actuelle sur les marchés.
Et pour méditer durant le week-end, une petite réflexion de Cioran intitulée « vicissitudes de la peur ».
« Depuis la Renaissance, la science a entrepris de nous persuader que nous vivons dans une nature indifférente, ni hostile, ni favorable. Une diminution de nos réserves de peur devait en résulter. Danger considérable, car cette peur était une des données, une des conditions de notre existence et de notre équilibre. (…) Elle nous gouvernait, elle nous subjuguait, tandis que nous étions heureux de la voir présider avec tant d’assurance à nos victoires et à nos défaites. Mais elle-même qui semblait à l’abri des vicissitudes, devait en subir, et des plus cruelles. Sous les coups du « progrès » impatient de la bannir, elle commença, à se cacher, à devenir timide et comme honteuse, à s’en aller, à s’évanouir presque ». Et Cioran de poursuivre en se demandant comment lui redonner son ancien statut, la réintégrer dans ses droits ? « La science elle-même s’en chargea : elle devient menace, source d’effroi. Et cette quantité de peur, indispensable à notre prospérité, nous sommes maintenant sûrs de la posséder ».