Je ne pensais pas hier quand j’ai écrit comme titre « les banques centrales prêtes à agir », que la FED …
La précipitation est mauvaise conseillère
Je ne pensais pas hier quand j’ai écrit comme titre « les banques centrales prêtes à agir », que la FED déciderait le jour même de baisser son taux de 0.50%, en surprenant tout le monde.
Décision contestée ?
Il est évident que le Covid-19 aura un impact sur la croissance, comme nous l’avons souligné dans notre note publiée hier après-midi, mais la décision de la FED, en dehors de ses réunions habituelles, a finalement jeté plus le doute qu’autre chose.
Elle a donc décidé de réduire de 0.50% son taux pour le ramener dans une fourchette de 1%-1.25%, décision prise après une réunion du G7 qui n’a pas réellement évoqué d’actions concertées. Cette décision de la FED a de quoi surprendre, car elle pouvait très bien intervenir lors de la prochaine réunion, et qu’elle ne stoppera en rien la progression du virus. Et en plus, elle donne le sentiment d’une urgence qui n’a pas rassuré la bourse américaine, qui a terminé sur une forte correction.
Si tout le monde avait bien compris la décision de la RBA hier, lors de sa réunion, et alors que l’économie australienne est déjà directement impactée négativement, celle de la FED laisse perplexe.
La conséquence est une chute des taux américains à des niveaux totalement inédits comme le montre le graphique de l’évolution du rendement du treasury 10 ans. Mais le mouvement est encore plus impressionnant sur le 2 ans comme le montre le graphique. La deuxième conséquence est un recul généralisé du dollar.
Il est évident que lors de sa réunion du 17 et 18 mars, la FED ne bougera pas à ses taux, mais comme le montre le niveau des taux longs, le marché anticipe déjà de nouvelles baisses de taux plus tard dans l’année. Malgré les doutes qu’ont entrainé cette décision, la FED a néanmoins ouvert la voie à la baisse des taux pour les autres banques centrales.
Indices PMI des services
Nous étions déjà impressionnés par la chute de l’indice PMI manufacturier en Chine, mais ce n’était rien en regard de l’indice des services, comme le montre le graphique, qui a atteint des niveaux inédits.
Cette chute ne surprend pas vu l’arrêt total de l’activité, mais elle n’en demeure pas moins impressionnante et interpellante. La banque centrale de Chine n’a pas profité de l’effet d’aspiration provoqué par la décision de la FED et n’a donc pas suivi ce matin le mouvement en baissant ses taux.
Il faut dire qu’elle avait déjà réagi précédemment, et que très probablement elle devrait encore revoir à la baisse le taux des réserves obligatoires des banques dans les prochaines semaines.
Même constat au Japon, en ce qui concerne la chute de l’indice PMI des services, comme le montre le graphique. Il s’agit de son taux le plus bas depuis 2014 et qui entraine l’indice composite à 47 contre 51, ce qui confirme que le Japon va rentrer en récession.
La BOJ n’a évidemment pas de marge de manœuvre comme la FED pour baisser ses taux, mais continuera d’injecter des liquidités.
De récession il en est aussi question pour Hong Kong, et la banque centrale a suivi la FED en baissant de 0.50% son taux pour le porter à 1.50%. Il faut dire qu’après une année marquée par les manifestations, la chute du tourisme et des ventes d’objets de luxe touchent en plein cette économie. Résultat, l’indice PMI composite est tombé à un niveau inédit de 33.1 contre 46.8 en janvier. Même lors de l’épidémie du SARS, il n’avait pas dépassé le niveau de 38.1.
Que peut faire la BCE ?
Compte tenu du niveau de ses taux, elle ne dispose pas de marge de manœuvre comme la majorité des banques centrales. Et en plus, le ralentissement de l’activité et la baisse du prix du baril pèsent sur l’inflation.
Comme le montre le graphique, l’inflation a reculé à 1.2% contre 1.4%, mais l’inflation hors alimentation et tabac a progressé à 1.2% contre 1.1%. Soit, un taux proche de 1% et qui demeure bien éloigné de l’objectif de la BCE et qui devrait rester sous pression dans le contexte actuel.
Dernière information
On n’en a pas encore parlé, mais les élections américaines sont un élément à suivre de près. Et la victoire de Joe Biden, qui se confirme ce matin, a un impact positif sur les futures de la bourse américaine, mais Bernie Sanders n’a pas dit son dernier mot.