La FED avance, alors que la BCE se perd

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis ont semé le trouble tout en confortant la position de fermeté de la FED malgré les incertitudes autour de l’impact d’Omicron sur le marché de l’emploi en janvier.

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis ont semé le trouble tout en confortant la position de fermeté de la FED malgré les incertitudes autour de l’impact d’Omicron sur le marché de l’emploi en janvier.

Pénurie ou pas ?

Au premier abord, le chiffre de 199.000 créations d’emplois pourrait être perçu comme décevant, et en tout cas nettement en dessous des prévisions. Mais quand dans le même temps, le taux de chômage est passé de 4.2% à 3.9%, la perception devient différente. Et malgré le fait que le taux d’emploi est resté inchangé à 61.9%, ces chiffres donnent le sentiment que le plein emploi est proche.

Ces chiffres marquent donc une forme de pénurie de main-d’œuvre, qui pourrait encore être accentuée avec Omicron qui inciterait certains Américains à ne pas aller travailler. Résultat, la pression sur les taux aux Etats-Unis ne s’est pas relâchée, bien au contraire, et la perspective d’une hausse des taux en mars s’est vue confortée par ces chiffres.

Preuve que la hausse des taux devient une évidence, le FMI a averti les pays émergents qu’ils devaient se préparer à des hausses de taux aux Etats-Unis. Si ces dernières se font de manière graduelle, le FMI estime qu’elles n’auront pas trop d’impact. Mais « des hausses plus rapides des taux de la Fed pourraient ébranler les marchés financiers et resserrer les conditions financières au niveau mondial. Ces évolutions pourraient s’accompagner d’un ralentissement de la demande et du commerce aux États-Unis et entraîner des sorties de capitaux et une dépréciation des devises dans les marchés émergents ».

Accorder leurs violons

Si la volonté de la FED de resserrer ses conditions monétaires est partagée par les membres de son Conseil, on ne peut pas en dire autant au sein de celui de la BCE.

Et les chiffres d’inflation publiés vendredi n’ont fait qu’ajouter de la dissonance. Car alors que l’on attendait un taux d’inflation à 4.7% pour la zone euro, il s’est inscrit à 5%, après une hausse de 0.4% au mois de décembre.

Bien évidemment, le poids de la hausse des prix de l’énergie est conséquent dans ce chiffre, mais les avis divergent au sein de la BCE sur l’attitude à adopter.

Ainsi Isabel Schnabel, membre du conseil des gouverneurs, n’a pas tardé de réagir en estimant que cette flambée des prix de l’énergie pourrait amener la BCE à cesser de “regarder” une inflation élevée et à commencer à agir, surtout si la transition écologique se révèle inflationniste.

Pour rappel, la BCE table sur un taux de 3.2% en 2022, et pour le Core CPI de 1.9%, taux qui était en décembre à 2.7%.

Mais l’économiste de la BCE tient un tout autre discours en déclarant « oui, lorsque nous entendons des chiffres comme 5 %, cela semble si étrange après une longue période de faible inflation, mais nous pensons vraiment que les pressions inflationnistes vont s’atténuer au cours de cette année ». Et il estime que si les prix élevés de l’énergie constituent une préoccupation majeure, les pressions de l’offre devraient s’atténuer sur les marchés du pétrole et du gaz cette année. Et que donc dans ce contexte, les arguments en faveur d’une modification de la politique de taux d’intérêt de la BCE “ne sont pas réunis”, étant donné que la BCE pense que l’inflation élevée ne sera pas durable.

Les taux en zone euro commencent eux aussi à remonter, tirés vers le haut par les taux américains évidemment, mais aussi après la publication de ce chiffre d’inflation.

En même temps que le chiffre d’inflation étaient publiés les chiffres des ventes de détail. Selon Eurostat, ces dernières ont augmenté de 1% dans la zone euro et de 0.9% dans l’UE en novembre  par rapport à octobre. Et sur un an, la hausse a été de 7.8% dans la zone euro et de 7.9% dans l’UE.

Mais comme rien n’est simple, et qu’Omicron va perturber fortement l’activité sur le premier trimestre, l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne a chuté plus fortement que prévu en décembre. Et l’Allemagne montre des signes inquiétants de ralentissement.

Alors que l’on tablait sur une hausse de 1% de la production industrielle en Allemagne, elle a reculé de 0.2% au mois de novembre, mettant un terme au rebond de l’industrie. Ce qui vient confirmer que la croissance au dernier trimestre sera négative et qu’il faudra attendre le printemps pour assister à une reprise de l’activité.

On le voit la situation est complexe, et donc un message clair de la part de la BCE est d’autant plus indispensable.

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