Trois grands sujets vont très certainement dominer la rentrée, le variant Delta et ses conséquences économiques, l’évolution ….
Beaucoup de questions pour la rentrée
Trois grands sujets vont très certainement dominer la rentrée, le variant Delta et ses conséquences économiques, l’évolution de l’inflation, et les Banques centrales qui se préparent à réduire leurs injections de liquidité.
Le retrait des liquidités
Laisser indéfiniment un malade sous perfusion n’a pas de sens surtout si ce dernier est rentré chez lui, se porte plutôt bien, même s’il n’a pas retrouvé encore ses pleines capacités. Les économies en Europe, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne sont exactement dans la situation de ce malade et la poursuite des injections de liquidités par le biais des programmes de rachats se justifie de moins en moins.
Raison pour laquelle les Banques centrales commencent verbalement à préparer les marchés à un début de réduction des rachats.
La BOE a bien évidemment laissé ses taux inchangés mais a donné des indications sur le retrait progressif de son soutien à l’économie. Comme le souligne le communiqué « le Comité de politique monétaire (MPC) a l’intention de commencer à réduire le montant d’actifs achetés lorsque le taux directeur aura atteint 0,5%, si cela est approprié compte tenu des circonstances économiques, et en cessant de réinvestir les obligations d’État britanniques arrivant à échéance ».
Et elle a même été un cran plus loin en ajoutant qu’elle pourrait même envisager de vendre des actifs lorsque le taux directeur aurait au moins atteint 1%.
Evidemment, nous ne connaissons pas le minutage de la hausse des taux qui enclenchera ce mécanisme et même si l’inflation dépasse l’objectif de la BOE (elle table sur un taux de 4% fin de cette année et début de l’année prochaine) elle ne va pas agir rapidement. Et cela même aussi si elle reste confiante sur la croissance qu’elle estime à 7.25% cette année et à 6% en 2022 contre une précédente estimation à 5.75%.
Ces perspectives plus l’annonce de la BOE ont entrainé une petite hausse du sterling comme le montre le graphique par rapport à l’euro, par contre le taux 10 ans n’a pas bougé.
Deuxième exemple, très intéressant car il montre bien que ces injections de liquidités ont atteint leur limite.
La Banque centrale d’Australie avait annoncé une réduction de son programme de rachats avant la mise sous confinement de Sydney et tout le monde s’était demandé si elle n’allait pas devoir faire marche arrière.
Et en effet, le gouverneur Philip Lowe, a reconnu que la question s’était posée mais qu’ils avaient décidé de ne rien changer car « la relance budgétaire était un outil plus approprié pour faire face aux mesures de confinement ». Mais évidemment si les perspectives économiques venaient à se détériorer la Banque centrale restait prête à agir.
Pour autant, la réduction du programme de rachats ne signifie en rien une hausse des taux, Lowe ayant confirmé que la condition pour une augmentation du taux ne devrait pas être remplie avant 2024, étant donné que l’inflation est considérée comme inférieure à sa fourchette cible de 2 à 3 % pour les années à venir.
Lowe s’est aussi montré rassurant sur l’impact des restrictions en vigueur et table sur un assouplissement de ces dernières à la fin de ce trimestre, ce qui permet à la Banque centrale de continuer de tabler sur une croissance de 4% cette année, de 4.25% en 2022 et de 2.5% en 2023.
La confirmation de la mise en place d’une réduction du programme de rachats n’a eu aucun impact sur le rendement de l’obligation australienne à 10 ans comme le montre le graphique.
Chiffres du chômage
En évoquant les chiffres du chômage aux Etats-Unis, inévitablement on devra parler des perspectives de voir la FED réduire son programme de rachats d’actifs.
On attend un taux de chômage qui passerait de 5.9% à 5.7%, et à 870.000 créations d’emploi contre 850.000 en juin. Cette prévision des créations d’emploi doit cependant être prise avec prudence, car le chiffre publié par ADP sur les créations d’emploi dans le secteur privé était décevant et la fourchette des prévisions est encore très large.
Mais il y a encore manifestement une fameuse distorsion du marché de l’emploi aux Etats-Unis, où malgré un nombre très élevé de chômeurs, les entreprises ont de la peine à recruter.
Selon la National Federation of Independent Business 49 % des patrons de petites entreprises ont signalé des offres d’emploi non pourvues en juillet, contre 46 % en juin.
Si le variant Delta ne vient pas jouer le trouble-fête, l’amélioration du marché de l’emploi devrait inciter la FED à envisager de commencer à réduire graduellement ses rachats d’actifs. Un chiffre solide sur les créations d’emploi sera donc un pas de plus vers cette annonce.
Beaucoup de questions demeurent et le variant Delta, s’il provoque un ralentissement plus important de l’activité économique, pourrait aussi rebattre complètement les cartes.
On le voit la rentrée sera intense et pour s’y préparer, je vais m’accorder une pause, non pas une pause-café comme définie par Albert Brie, « dans les bureaux, les usines et les chantiers, période de relâchement au cours de laquelle le travail se fait tout seul », mais une vrai pause estivale.
Rendez-vous donc le 30 août pour la rentrée et je vous laisse méditer ce que disait Cioran « espérer, c’est démentir l’avenir ».