Il est inquiétant de voir la BCE, par la voix de son économiste, s’inquiéter des risques de prophétie autoréalisatrice ….
L’Europe ressemble au porte-conteneurs, enlisée
Il est inquiétant de voir la BCE, par la voix de son économiste, s’inquiéter des risques de prophétie autoréalisatrice car cela reflète une réelle préoccupation face à la dégradation de la situation.
Inquiétudes en Europe
Philip Lane, l’économiste de la BE, s’est inquiété ce week-end du risque que l’économie dans la zone euro pourrait subir à plus long terme à cause de la récession à double creux induite par la pandémie. Et son propos est le reflet d’une vraie interrogation quand il déclare « il existe un risque évident de voir s’installer une dynamique négative autoréalisatrice, par laquelle les perspectives économiques incertaines incitent les ménages, les entreprises et les gouvernements à freiner leurs projets de dépenses, entraînant une baisse de la demande globale qui valide la perte de confiance en l’avenir ».
Et il a insisté sur le rôle que la BCE continuera de jouer comme stabilisateur clé de l’économie et du fait qu’elle allait garder des conditions de financement favorables.
Ce qui n’est malheureusement pas une prophétie autoréalisatrice, mais une réalité tout court, c’est l’arrivée d’une troisième vague en Europe avec en plus une inquiétude sur l’impact des variants si la vaccination ne s’accélère pas. En Allemagne, Angela Merkel a appelé les Länder à prendre des mesures et effectuant une rare apparition dans une émission de la chaîne de télévision ARD, elle a exprimé son mécontentement que certains Etats allemands aient choisi de ne pas interrompre la réouverture progressive de l’économie.
En France, le nombre de patients atteints du Covid-19 dans les unités de soins intensifs a augmenté de 10 % depuis la semaine dernière, les lits des unités de soins intensifs du pays sont désormais remplis à 90 %. Ce qui a provoqué la réaction d’un groupe de 41 médecins hospitaliers de la région parisienne qui a signé un article dans le journal Le Journal du Dimanche dans lequel ils avertissent qu’ils pourraient bientôt devoir choisir entre les patients pour un traitement d’urgence.
J’ai le sentiment de me répéter et nous avons le sentiment de revivre la même situation qu’il y a un an et surtout que rien n’a évolué. Et que cette absence de vaccination va coûter très cher à l’Europe par rapport à l’Asie et les Etats-Unis.
A propos de l’Asie justement
Le Vietnam a annoncé une hausse de 4.48% de son PIB pour le premier trimestre de cette année contre une hausse de 3.68% au premier trimestre 2020 et 4.48% au quatrième trimestre. La production industrielle a augmenté de 5.7% en taux annuel sur le premier trimestre et les exportations ont largement contribué à cette hausse.
Pour bien mesurer la dynamique en place, sur le premier trimestre, les exportations des pays d’Asie du Sud-Est ont augmenté de 22% et les importations de 26.3% (voir le graphique des exportations de certains de ces pays).
La Malaisie a vu ses exportations progresser de 17.6% en taux annuel en février alors que ses importations ont augmenté de 12.7%, chiffres qui sont bien au-delà des prévisions.
En Chine, les indicateurs de la reprise ne manquent pas et ne peuvent que laisser pantois. Ainsi, les bénéfices des entreprises ont augmenté de 179% sur les deux premiers mois de cette année par rapport à la même période l’année dernière.
Comme la comparaison avec 2020 est évidemment faussée à cause de l’arrêt total suite au virus, il faut regarder le chiffre par rapport à 2019. Et par rapport à 2019, la hausse est de 72.1% ce qui demeure impressionnant.
Recul temporaire
A cause de la vague de froid et aussi de la diminution des chèques aux ménages, les dépenses de consommation ont reculé de 1% au mois de février aux Etats-Unis. Deuxième constat, le revenu personnel a chuté de 7.1% après une hausse de 10.1% en janvier.
Mais ces chiffres ont donc été faussés par des conditions météorologiques inhabituellement rigoureuses, et surtout les prochains mois devraient connaitre une forte hausse avec l’envoi des chèques de 1.400$ par ménage.
Comme la demande a été faible, l’inflation a reculé, provisoirement évidemment, car la reprise devrait entrainer une hausse des prix mais qui devrait rester limitée. Conséquence, l’indice PCE (l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle), à l’exclusion de la composante volatile de l’alimentation et de l’énergie, a augmenté de 0,1 % après avoir progressé de 0,2 % en janvier. Sur un an, il a augmenté de 1,4 % après avoir progressé de 1,5 % en janvier. Cet indice est fondamental car il est l’instrument de mesure d’inflation préférée de la Fed.