La BCE a bien réduit ses taux de 0.25% et garde bien aussi la porte ouverte à de nouvelles baisses. Et la Banque Nationale Suisse n’a pas hésité à frapper fort en réduisant ses taux de 0.50%.
Malgré ses révisions, la BCE demeure trop optimiste
La BCE a bien réduit ses taux de 0.25% et garde bien aussi la porte ouverte à de nouvelles baisses. Et la Banque Nationale Suisse n’a pas hésité à frapper fort en réduisant ses taux de 0.50%.
Révisions à la baisse
La BCE a ramené le taux de dépôt à 3% après cette quatrième baisse de l’année, et a supprimé, mais c’est vraiment plus une question de sémantique qu’autre chose, la référence au maintien de taux « suffisamment restrictifs ». Ce qui ne change rien dans les faits, à savoir qu’elle continuera d’évaluer la situation réunion après réunion.
Sur ce point le communiqué est on ne peut plus clair, « le Conseil des gouverneurs ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière ».
Mais la porte est bien ouverte à de nouvelles baisses de taux, d’autant plus que la BCE a revu à la baisse ses prévisions, aussi bien pour la croissance que pour l’inflation.
Avec pour cette dernière plutôt une bonne nouvelle puisqu’elle indique que « la plupart des mesures de l’inflation sous-jacente laissent entrevoir une inflation se stabilisant durablement autour de l’objectif du Conseil des gouverneurs de 2% à moyen terme ».
Concrètement, voici les nouvelles prévisions de la BCE :
2024 | 2025 | 2026 | 2027 | |
PIB | 0.7% (0.8%) | 1.1% (1.3%) | 1.4% (1.5%) | 1.3% |
Inflation | 2.4% (2.5%) | 2.1% (2.2%) | 1.9% (1.9%) | 2.1% |
Comme il n’y a pas eu de surprise dans la décision de la BCE, il n’y a pas eu non plus beaucoup de réactions sur les marchés.
Reste la question de savoir jusqu’où les taux vont baisser, et en observant le niveau du Bund 2 ans cela donne déjà une très bonne idée du niveau des taux au milieu de l’année prochaine.
Frapper fort
Pour essayer de réduire la pression sur le franc suisse, ce qui a fonctionné, mais sans doute temporairement, la BNS a décidé de réduire son taux de 0.50% pour le ramener à 0.50%.
Il s’agit de la plus forte réduction de taux depuis janvier 2015, lorsqu’elle avait abandonné son taux de change minimum avec l’euro, entraînant une forte hausse de sa devise.
Pour justifier cette décision, le communiqué précise que « la pression inflationniste sous-jacente a de nouveau diminué ce trimestre. L’assouplissement de la politique monétaire de la BNS aujourd’hui tient compte de cette évolution ».
Même si avec un taux désormais à 0.50%, elle ne dispose plus beaucoup de marge de manœuvre, la BNS a manifestement encore bien l’intention de baisser ses taux. Car comme le souligne le communiqué « la BNS continuera de suivre la situation de près et adaptera sa politique monétaire si nécessaire pour que l’inflation reste dans la fourchette compatible avec la stabilité des prix à moyen terme ».
Il faut dire que sur base de ses prévisions, l’inflation devrait rester contenue, puisqu’elle table sur un taux de 1.2% cette année, de 0.6% en 2025 et de 0.7% en 2026.
Et de nouveau en observant le taux à 2 ans, nous avons une bonne indication de la tendance des taux dans les prochains mois. Surtout quand Martin Schlegel, le gouverneur de la BNS rajoute « nous nous réunirons en mars (…) et nous pourrons alors décider si d’autres ajustements sont nécessaires. Cela signifie que nous avons encore de la marge pour la prochaine étape ».
Hausse du dollar
Avec cette vague de baisses de taux en Suisse, en zone euro, et au Canada, et alors que la BOJ devrait probablement laisser les siens inchangés la semaine prochaine, le dollar s’est renforcé par rapport à toutes ces devises.
Si le dollar est reparti à la hausse, c’est aussi parce que les rendements obligataires aux Etats-Unis sont repartis légèrement à la hausse. Et cette hausse est la conséquence d’une révision à la baisse des attentes en matière d’assouplissement monétaire l’année prochaine.
S’il ne fait aucun doute que la FED baissera ses taux la semaine prochaine, par contre, la probabilité d’une nouvelle baisse en janvier s’est réduite à portion congrue.
Et la hausse du dollar ne se limite pas à ces trois devises, et ce matin, il semblerait que les Banques centrales indienne et indonésienne soient intervenues sur le marché des changes en vendant des dollars pour tenter de limiter la chute de leurs devises.
Mais la hausse des taux aux Etats-Unis est aussi la résultante d’une vente aux enchères d’obligations à 30 ans qui a été décevante entraînant une hausse de 22 points de base du rendement de cette dernière, soit la plus forte hausse hebdomadaire depuis plus d’un an.
Prévisions trop optimistes ?
C’est en tout cas le sentiment qui domine en regardant les nouvelles prévisions de croissance de la BCE pour la zone euro.
Il suffit pour s’en convaincre de regarder les nouvelles prévisions des instituts économiques allemands présentées hier.
Selon l’institut IfW, l’économie allemande, après une baisse de 0.2% cette année, devrait stagner l’année prochaine. Pour lui pas d’espoir « l’économie allemande ne peut pas sortir de la stagnation. Il n’y a guère de signes d’une reprise économique notable ». Et pour 2026, il a revu le chiffre à 0.9% contre 1.1% précédemment.
Pour l’institut DIW, « cette année, l’économie poursuit sa trajectoire en zigzag d’un trimestre à l’autre autour de la ligne du zéro et devrait se contracter de 0.2 % au total ». Pour 2025, il prévoit une croissance de 0.2% et ensuite de 1.2% en 2026.
Pour l’institut IFO, deux scénarios car « à l’heure actuelle, on ne sait pas encore si la phase de stagnation actuelle est une faiblesse temporaire ou si elle est permanente, ce qui entraînerait un changement douloureux dans l’économie ».
Dès lors si la faiblesse est permanente la croissance ne sera que de 0.4% en 2025, sinon elle pourrait atteindre 1.1%.
Pour terminer sur les prévisions, dans le dossier en supplément du Trends de cette semaine publié en collaboration avec The Economist, vous pouvez retrouver mes prévisions et commentaires pour la Belgique.