Le dollar se renforce, les taux obligataires américains augmentent au fur et à mesure de la publication des résultats et la tendance pourrait encore s’accélérer si les Républicains décrochent aussi la majorité au Congrès (majorité déjà au Sénat).
La démocratie américaine pourrait vaciller
Le dollar se renforce, les taux obligataires américains augmentent au fur et à mesure de la publication des résultats et la tendance pourrait encore s’accélérer si les Républicains décrochent aussi la majorité au Congrès (majorité déjà au Sénat).
Résultats
Il est évidemment trop tôt, mais Trump, à cette heure, a déjà pris une avance qui semble difficile à combler pour Harris et les marchés financiers ont déjà intégré cet état de fait.
Les rendements obligataires augmentent pratiquement de minute en minute en fonction des résultats, et pourraient encore plus augmenter si Trump a les coudées franches pour mener son programme.
Par contre, les “futures” pour les bourses européennes sont en berne, et la bourse de Hong Kong corrige fortement ce matin.
Et pensons un instant aux Ukrainiens qui doivent trembler, car l’arrivée de Trump va signifier inéluctablement un arrêt de l’aide américaine, soit un arrêt de mort pour eux.
Ironie
Pourquoi le mot ironie ? Parce que le bilan économique de Biden a été très bon et que Harris n’en a manifestement pas profité.
Pour preuve, l’activité du secteur des services s’est accélérée de manière inattendue en octobre pour atteindre son plus haut niveau depuis plus de deux ans, et l’emploi s’est renforcé.
L’indice ISM non manufacturier est en effet passé de 54.9 à 56, et le sous-indice de l’emploi de 48.1 à 53 en octobre.
Cela vient confirmer le fait que le chiffre des créations d’emploi de vendredi passé a été pollué par la grève chez Boeing et par les deux ouragans qui ont perturbé le marché de l’emploi.
La FED, qui se réunit aujourd’hui et demain, va réduire ses taux de 0.25% à 4.50%-4.75%, mais la suite est devenue nettement moins certaine compte tenu du programme de Trump.
Les comptes commencent
Car le programme de Trump pourrait être inflationniste voir stagflationniste pour l’économie américaine.
Mais surtout pas sans conséquence pour l’économie mondiale et en particulier pour l’économie chinoise.
Mais pas que. Selon un rapport, publié hier par l’institut national de recherche économique et sociale, le taux de croissance économique de la Grande-Bretagne, déjà faible, pourrait être réduit de plus de moitié si Donald Trump remportait l’élection présidentielle américaine et imposait des droits de douane considérables sur les importations.
Pour cet institut, même sans le plan tarifaire de Trump, la croissance en Grande -Bretagne ne serait que de 1.2% en 2025, de 1.1% en 2026 et d’un taux toujours trop faible de 1.7% en 2030.
Mais si Trump met à exécution son programme de tarifs douaniers, la croissance ne serait plus que de 0.4% en 2025 en Grande-Bretagne.
Et alors que la BoE, qui se réunit demain et va baisser ses taux de 0.25%, serait, selon cet institut, obligée de relever ses taux pour contrer une hausse des prix provoquée par l’augmentation des droits de douane américains. Ce qui viendrait évidemment peser sur les coûts d’endettement, à un moment où le gouvernement a annoncé des hausses de ses besoins de financement.
Pas mieux pour l’Europe
En 2016, j’avais estimé que l’arrivée au pouvoir de Trump était une chance pour l’Europe, malheureusement nous l’avons laissé passer.
Son retour au pouvoir est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe à un moment où notre monde politique, en plus, fait preuve d’une absence totale de responsabilité et de sens du devoir.
L’image qu’il donne est pitoyable que cela soit en Allemagne avec une coalition qui se délite alors que l’économie allemande est au bord du gouffre. Des élections anticipées seraient une catastrophe pour l’économie et reporterait les décisions de réformes indispensables.
De son côté, le monde politique français, à part nous donner l’image d’hommes et de femmes qui ne savent faire que s’invectiver, ne fait pas plus preuve de sens des responsabilités et la France s’enfonce doucement et inéluctablement dans le marasme.
Et ne parlons pas de la Belgique, qui doit présenter à l’Europe son plan de réduction de son déficit, mais le monde politique, totalement inconscient, continue de faire comme s’il avait encore le temps. Toutes les mises en garde restent lettre morte, le temps qui s’écoule ne fait qu’aggraver les choses, mais cela ne provoque pas le moindre sursaut d’urgence de la part de nos hommes et femmes politiques.
Et malheureusement le sursaut ne viendra pas de l’Europe, avec une Commission fragilisée et qui ne pourra pas prendre les décisions nécessaires pour provoquer le sursaut salutaire. Où est passé le rapport Draghi ?
Cioran a écrit « l’histoire est une tragédie. Et elle est une tragédie parce qu’elle est tout entière une affaire de destin », l’Europe est sans doute en train de rater son destin.
Je partage entièrement votre point sur la situation politico-économique de l’UE et l’incapacité de celle-ci de changer de logiciel. On peut même aller plus loin et s’interroger non seulement sur le niveau institutionnel de l’UE mais aussi sur son niveau socio-culturel pour chercher les indices d’un début d’explication quant à l’effacement progressif de l’Europe. Encore faut-il admettre qu’il y a effacement !