Des marchés déboussolés

Mode Expresso

Les marchés financiers ont oscillé entre les craintes d’une escalade, l’espoir d’un répit, des indicateurs encore solides aux Etats-Unis, et des hausses des prix des matières premières, en un mot aucune véritable tendance, mais plutôt un tourbillon.

Mode Lungo

Les marchés financiers ont oscillé entre les craintes d’une escalade, l’espoir d’un répit, des indicateurs encore solides aux Etats-Unis, et des hausses des prix des matières premières, en un mot aucune véritable tendance, mais plutôt un tourbillon.

La croissance fait mieux

Mais commençons par le chiffre du PIB en Chine au premier trimestre, publié ce matin, qui est meilleur que prévu, avec une hausse de 1.6% sur la période, soit un taux annuel de 5.3% contre 4.6% attendu, et 5.2% au quatrième trimestre.

Cependant, manifestement à regarder l’évolution des bourses asiatiques, les investisseurs se montrent assez sceptiques sur la suite.

Il faut dire qu’au mois de mars, les indicateurs ont montré que l’économie chinoise avait été soutenue par la période de Nouvel An, mais qu’elle s’essoufflait par après, suite à une demande intérieure qui demeure assez atone.

Et d’ailleurs les deux autres indices publiés ce matin confirment cet essoufflement. D’une part, la production industrielle n’a progressé que de 4.5% en mars, en taux annuel, contre 7% sur les deux premiers mois de l’année. Et d’autre part, les ventes de détail ont augmenté de 3.1%, en taux annuel, contre 5.5% sur la période de janvier-février.

Mais ce qui continue à inquiéter est l’état du marché immobilier, qui ne montre pas de signes tangibles d’amélioration. Il ressort, en effet, qu’au mois de mars, l’investissement immobilier a chuté de 16.8 % en taux annuel, contre une baisse de 9 % enregistrée en janvier-février. Et les ventes ont chuté de 23.7 %, contre une baisse de 20.5 % au cours des deux premiers mois de l’année.

Le yuan demeure sous pression, car ces chiffres renforcent le sentiment que la Banque centrale chinoise devra encore assouplir ses taux, mais comment le faire tant que la FED n’agit pas et manifestement elle a de bonnes raisons d’attendre.

Une nouvelle bonne raison

Cette fois-ci, il s’agit des ventes de détail aux Etats-Unis, qui ont augmenté plus que prévu en mars, ce qui confirme la solidité de l’économie américaine.

Elles ont augmenté de 0.7% en mars, et en plus le chiffre du mois de février a été revu à la hausse à 0.9% contre 0.6% initialement.

Il ressort que ce sont les ventes en ligne qui ont porté ces dernières avec une hausse de 2.7% contre 0.2% en février.

Et les ventes de détail excluant les automobiles, l’essence, les matériaux de construction et les services alimentaires ont augmenté de 1.1 % en mars, soit la plus forte hausse depuis janvier 2023, après une hausse de 0.3% en février.

Après les chiffres publiés la semaine passée, cet indice a encore un peu plus éloigné la probabilité d’une baisse des taux en juin de la part de la FED.

Ce qui explique pourquoi, malgré les tensions au Moyen-Orient, les taux obligataires aux Etats-Unis ont continué de progresser, et ce qui a encore un peu plus renforcé le dollar.

Hausse du dollar qui met un coup de pression supplémentaire sur le yen, avec évidemment le risque de voir les autorités intervenir sur le marché des changes.

Hausse des matières premières

Le prix du baril reste soutenu compte tenu des tensions au Moyen-Orient, mais aussi de la robustesse de l’économie américaine et du chiffre meilleur que prévu, du PIB en Chine.

Les prix des métaux sont aussi orientés à la hausse suite à la très bonne tenue de l’économie américaine, mais aussi parce que, samedi, le London Metal Exchange a interdit l’accès à son système au métal russe produit à partir du 13 avril.

Cette mesure fait suite aux nouvelles sanctions américaines et britanniques qui ont interdit au LME et au Chicago Mercantile Exchange d’accepter de nouvelles productions russes d’aluminium, de cuivre et de nickel.

Comme la Russie est un acteur majeur pour le cuivre et l’aluminium, cette annonce a provoqué une hausse assez sensible des prix, en particulier pour l’aluminium, sans toutefois connaitre une envolée comme au début de la guerre en Ukraine.

Tout cela ne fait évidemment pas l’affaire de la BCE, qui, avec un dollar en hausse ainsi que les prix des matières, risque d’être confrontée à une hausse de l’inflation importée. Pour autant, le scénario d’une baisse des taux en juin se renforce de jour en jour, mais par contre la suite est beaucoup plus incertaine.

C’est ce qu’a souligné Peter Kazimir, directeur de la Banque centrale slovaque, « le mois de juin est l’occasion de recalibrer notre approche à la lumière de l’amélioration des conditions économiques. Soyons clairs : nous ne nous engageons pas à l’avance sur une voie précise pour l’après-juin ».

Et d’enfoncer le clou, « même après la première baisse de taux, notre politique monétaire restera restrictive, c’est nécessaire », car l’économie reste affectée par des chocs et que la BCE se doit de rester flexible et de prendre des décisions au fur et à mesure des réunions.

Car, « la notion d’assouplissement n’implique pas un engagement à procéder à des réductions spécifiques à l’avenir, mais plutôt une ouverture à une réponse en temps voulu, si les données économiques le préconisent ».

Pour le moment, le scénario de trois baisses de taux, en juin, septembre et décembre, tient la corde.

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