La Bundesbank avait beau avoir averti, la déconvenue en Allemagne, après la publication des indices PMI, est encore pire que prévue, et le gouvernement s’est peut-être encore montré trop optimiste.
L’Allemagne décroche complètement
La Bundesbank avait beau avoir averti, la déconvenue en Allemagne, après la publication des indices PMI, est encore pire que prévue, et le gouvernement s’est peut-être encore montré trop optimiste.
Recul des indices en Allemagne
Contre toute attente, l’indice PMI manufacturier est passé de 45.5 à 42.3, alors que l’on attendait un niveau de 46. Heureusement que le secteur des services a légèrement progressé à 48.2 contre 47.7 pour éviter une bérézina complète.
Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’amélioration en vue pour l’industrie allemande, et, compte tenu de cette dégradation de l’indice, elle devrait encore rester dans l’ornière de la récession en ce début d’année.
Et évidemment, alors que demain il y aura deux ans que la Russie a envahi l’Ukraine, il serait facile d’imputer cette situation comme facteur des déconvenues en Allemagne. Mais cela serait un peu trop réducteur, car ce qui est inquiétant c’est que les causes du malaise allemand sont bien plus profondes.
Evidemment, se pose la question de l’impact de cette situation sur le reste de l’économie européenne, et en particulier sur la Belgique. Vous pouvez à ce propos retrouver mon interview dans l’Echo de ce matin, ainsi que dans le Brief de l’Echo de ce matin également.
Heureusement…
Le secteur des services en zone euro a sensiblement progressé, ce qui a permis de compenser le recul de l’indice manufacturier, tiré vers le bas par l’Allemagne, évidemment.
Mais en dehors de l’Allemagne, il y a une lueur d’espoir de reprise en zone euro, essentiellement grâce au secteur des services. Et on a assisté à une reprise de la confiance en France, et pourtant on sait combien le climat social reste tendu, ce qui aurait pu affecter le secteur des services.
En Grande-Bretagne, le secteur des services affiche une très forte croissance, ce qui permet à l’indice composite de continuer à se redresser, confirmant ainsi les propos du gouverneur de la BoE indiquant que la situation montrait des signes de reprise.
Encore un mot sur l’indice PMI des services en zone euro, et un élément qui plaide pour le statu quo de la BCE, le sous-indice des prix a progressé à 56.9 contre 56.3. Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis 9 mois et qui vient confirmer les craintes de la BCE que l’inflation mettra du temps à refluer, car elle se situe essentiellement dans le secteur des services et est dès lors plus prégnante.
Il n’y a pas que l’Allemagne
Je soulignais hier les inquiétudes aussi sur la situation économique au Japon, ce qui a d’ailleurs incité le gouvernement à revoir ses attentes, un peu comme en Allemagne finalement.
Le FMI s’inquiète de cette dégradation au Japon et constate que la production japonaise, plus faible que prévue au second semestre, due à la faiblesse de la consommation intérieure et de l’investissement, pourrait accroître les risques de baisse de l’économie japonaise cette année.
La situation pourrait cependant un peu s’améliorer si les salaires connaissent des augmentations significatives, ce qui pourrait être le cas selon les prévisions. Selon ces dernières, elles pourraient être de 3.9% en moyenne contre un taux de 3.58% en 2023, niveau qui était très élevé.
Si cela devait se confirmer, cela devrait alors pousser la Banque du Japon a mettre un terme à ses taux d’intérêt négatifs. Il est fort probablement que le changement ait lieu en avril, mais pour autant elle gardera une politique monétaire très accommodante pendant des années.
Pas d’amélioration en Chine
Du secteur immobilier, malgré les différentes mesures de soutien de la part des autorités.
En effet, les prix des logements neufs ont baissé de 0.3 % en janvier, après une baisse de 0.4 % en décembre, selon les calculs de Reuters, malgré les injections massives de liquidités, les facilités de prêts plus importantes, et des mesures pour assouplir les restrictions d’achat.
Par rapport à l’année précédente, les prix des logements ont baissé de 0.7 %, ce qui représente la plus forte baisse en dix mois.
Comme déjà souligné, la confiance des ménages n’est pas encore de retour, et tant que cela sera le cas, la reprise du marché immobilier ne se réalisera pas malgré les mesures massives de soutien.
Et c’est pour cela que les bourses chinoises ne profitent pas de l’euphorie provoquée par la nouvelle envolée du titre Nvidia.
Et paradoxe
Cette euphorie sur les bourses européennes et américaines est intervenue malgré une poursuite de la remontée des taux obligataires, ce qui est assez atypique.
Il faut dire qu’après les minutes de la dernière réunion de la FED, certains de ses membres sont venus rappeler que la baisse des taux demandera du temps. Comme la gouverneure de la FED, Lisa Cook, qui a déclaré « j’aimerais être davantage convaincue que l’inflation converge vers 2 % avant de commencer à réduire le taux directeur ».
Et reprenant les propos d’autres membres de la FED, elle a estimé que le chemin vers l’objectif de 2%, qui a été compliqué, pourrait encore être « cahoteux et irrégulier ».
Même si elle estime qu’évidemment la FED ne devra pas se laisser aveugler par une inflation un peu trop élevée qui masquerait des taux trop élevés qui pourraient nuire à l’économie et que dès lors la baisse des taux pourrait alors intervenir.
Ce qu’elle a résumé en terminant, « nous devrions continuer à agir avec prudence au fur et à mesure que nous recevons de nouvelles données, en maintenant le degré de restriction politique nécessaire pour rétablir durablement la stabilité des prix tout en maintenant l’économie sur une bonne voie ».