Alors que la FED avait réussi à faire retomber un peu la nervosité, la décision surprise de la BNS n’a pas du tout plu aux bourses qui ont fortement corrigé.
Le coup de Jarnac de la BNS
Alors que la FED avait réussi à faire retomber un peu la nervosité, la décision surprise de la BNS n’a pas du tout plu aux bourses qui ont fortement corrigé.
Décision surprise
Les marchés détestent l’incertitude et surtout d’être surpris, ce qui explique la forte chute des bourses après l’annonce de la Banque nationale suisse d’augmenter son taux alors que l’on attendait un statu quo.
Contre toute attente, la BNS a augmenté son taux de 0.50% pour le faire passer à -0.25%, il s’agit de la première hausse de taux depuis septembre 2007. Bien évidemment cette décision est justifiée par la hausse de l’inflation, et la BNS est bien décidée à poursuivre son resserrement monétaire dans le futur pour ramener l’inflation à son objectif.
Sur le fond cette décision est tout à fait logique, mais sur la forme elle n’a pas plu du tout aux bourses, ni d’ailleurs au marché obligataire. Et en plus, en agissant par surprise et surtout en augmentant son taux de 0.50%, la BNS a mis un sérieux coup de pression sur la BCE.
Résultat, les taux en zone euro se sont tendus encore un peu plus, et l’Euribor 1 an est passé au-dessus des 1%, une première depuis juillet 2012. Et bien évidemment, le franc suisse s’est fortement renforcé par rapport à l’euro.
Pas la seule
En augmentant son taux de 0.50%, la BNS a conforté le sentiment que les hausses de taux doivent marquer les esprits et que pour cela elles doivent être d’au moins 0.50%.
Pour autant, la BOE n’a pas suivi la tendance et a augmenté son taux de 0.25% pour le porter à 1.25%. Il faut dire que cette décision, votée à 6 voix contre 3 qui ont voté pour une hausse de 0.50%, est déjà la cinquième hausse depuis décembre 2021.
Mais la BOE n’a pas exclu de se montrer plus agressive lors de sa prochaine réunion malgré les risques d’un sérieux ralentissement de l’activité.
La Banque nationale de Hongrie a aussi surpris en augmentant de 0.50% son taux de dépôt à une semaine à 7.25%, et poursuivra son resserrement dans les prochains mois.
Cette hausse a permis au forint hongrois de se renforcer un tout petit peu alors qu’il avait atteint cette semaine le niveau record à la baisse par rapport à l’euro de 400.
Ralentissement du marché immobilier
Les hausses de taux de la part de la FED visent à réduire la demande mais aussi à faire baisser les prix des logements.
Et les derniers chiffres montrent que le mouvement d’ajustement est en train de se mettre en place. Ainsi, les mises en chantier ont chuté de 14.4% en taux annuel et les permis de construire de 7%. Les mises en chantier de logements unifamiliaux, qui représentent la plus grande part de la construction de logements, ont chuté de 9,2 % pour atteindre un taux de 1,051 million d’unités le mois dernier, le plus bas depuis août 2020.
Il faut dire que le taux hypothécaire à 30 ans a bondi de 0.50% cette semaine pour s’inscrire à 5.78%, soit son niveau le plus élevé depuis 13 ans et demi.
Tension sur le prix du gaz
Même s’il est encore loin de ses niveaux records, le prix du gaz en Europe est reparti à la hausse sous la double pression de la Russie. D’une part, parce que la Russie a clairement indiqué qu’elle allait privilégier les flux vers la Chine à l’avenir au détriment de l’Europe en réponse à l’embargo sur le pétrole.
Et d’autre part parce que Gazprom a réduit ses livraisons de gaz vers l’Europe. Ainsi, vers l’Allemagne, le flux a été ramené à 40% de la capacité, avec un même constat pour l’Italie, l’Autriche et la République tchèque.
Même si ces réductions seraient liées à des problèmes techniques selon Gazprom, personne n’est dupe et les annonces tombent comme par hasard le jour où Macron, Draghi et Scholz sont à Kiev.
Et une réduction du flux pourrait poser de sérieux problèmes pour la reconstitution des stocks et donc pourrait avoir des conséquences pour cette hiver.
Statu quo
Il y a une Banque centrale qui n’est pas prête à augmenter ses taux, c’est la banque du Japon et elle l’a encore confirmé ce matin en maintenant sa politique monétaire ultra accommodante.
Elle a donc maintenu son taux court à -0.1% et a réitéré son engagement à viser un taux autour de 0% pour le 10 ans, en augmentant d’ailleurs au même moment le montant de ses achats sur la partie longue de la courbe.
Le yen reste sous pression et est un sujet de préoccupation pour la BOJ, mais elle n’est pas prête à changer sa politique monétaire pour autant.