L’inflation en zone euro bat record sur record et met la BCE au pied du mur, alors que le prix du baril continue de grimper.
L’inflation flambe en zone euro
L’inflation en zone euro bat record sur record et met la BCE au pied du mur, alors que le prix du baril continue de grimper.
Pas d’accalmie
L’inflation en Espagne est passée de 8.3% à 8.7% en mai et si on regarde l’inflation ICPH elle est passée de 8.3% à 8.5%.
L’inflation en Belgique est passée de 8.31% à 8.97%, soit son niveau le plus élevé depuis 1982. En cause, le prix de l’énergie, car l’inflation sous-jacente est elle passée de 4.08% à 4.43%.
L’inflation en Allemagne est passée de 7.8% à 8.7%, soit le taux le plus élevé depuis 1973, à cause de la hausse du prix de l’énergie en grande partie.
Pas d’accalmie donc et le chiffre pour la zone euro est attendu à 7.7% mettant une pression de plus en plus forte sur la BCE. Christine Lagarde vient à peine d’admettre qu’il y aura bien des hausses de taux cette année, que la question d’une hausse de 0.50% lors de la réunion de juillet est déjà en partie anticipée par le marché vu ces chiffres d’inflation.
Car la décrue n’est pas pour tout de suite compte tenu des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement qui perdurent (voir les indices PMI en Chine) et les tensions sur le prix du baril. Car ce dernier tutoie ses sommets après la décision des 27 de se passer à 90% du pétrole russe d’ici la fin de l’année. Décision compliquée, mais qui fait totalement abstraction au fait que nous devons aussi réduire notre consommation d’énergies fossiles tout en réduisant notre dépendance à la Russie comme je l’ai écrit récemment.
Indices PMI en Chine
Les indices PMI officiels en Chine montrent que la politique zéro-Covid a continué de peser lourdement sur l’activité économique au mois de mai, même si la situation s’est très sensiblement améliorée.
Le redressement est le plus spectaculaire pour le secteur des services qui évidemment avait le plus souffert des mesures de restriction qui ont touché des grandes villes comme Shanghai.
Et donc même si l’indice composite est passé de 42.7 à 48.4, il demeure sous le seuil des 50 ce qui laisse penser que la croissance au deuxième trimestre sera bien inférieure aux prévisions du gouvernement.
Et preuve que cette politique zéro-Covid affecte les lignes de production dans les autres pays asiatiques, la production industrielle en Corée du Sud a chuté de 3.3% en avril par rapport à mars, soit le plus fort recul depuis mai 2020. Et au Japon, pour la même période de 1.3%. L’exemple de Toyota est symptomatique et reflète bien cette problématique. Toyota a en effet annoncé qu’elle n’avait pas atteint son objectif de production au mois d’avril à cause des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, ce qui a entrainé une chute de 9% de sa production en taux annuel. Et que compte tenu que les problèmes perdureront, elle a déjà réduit ses prévisions de production pour le mois de juin.
Personne n’est épargné par le ralentissement
Même la Suède, qui a connu un recul de 0.8% de son PIB au premier trimestre alors que la première estimation était de -0.4%. En cause, un très net recul des exportations à cause des tensions dans les chaînes d’approvisionnement.
La Banque centrale a déjà révisé à la baisse ses prévisions de croissance à 2.8% contre 3.6% et risque très certainement de devoir les revoir encore à l’avenir.
Cette dernière a devancé la BCE et a déjà entamé son resserrement monétaire en avril et devrait poursuivre sur sa lancée compte tenu d’une inflation à 6.4% en avril, bien au-delà de son objectif. Hausse des taux qui ne sera pas sans effet sur l’activité économique, ce qui explique que l’on s’attend à de nouvelles révisions à la baisse.
Situation en Russie
Jeudi, la Banque centrale de Russie a annoncé une nouvelle baisse de son taux directeur de 3% à 11% malgré une inflation au-delà des 17%. Elle profite de la fermeté (toute théorique) du rouble pour assouplir ses taux et pour soutenir l’activité.
Comme la Russie ne publie plus beaucoup d’indicateurs économiques, il est extrêmement compliqué de se faire une idée de la situation. Mais il semblerait qu’il a bien une forte chute de la demande qui se reflète dans un recul de 54% en avril des recettes de la TVA.
Autre signe, la chute des importations et pas seulement en provenance de l’Ouest. Selon la Banque centrale de Finlande, ces dernières ont chuté de 25% avril en provenance de Chine et de 50% en provenance des autres pays asiatiques.