Deux surprises dans les chiffres publiés hier et qui montrent combien la situation est complexe et que l’impact d’Omicron sur le premier trimestre sera tout sauf négligeable.
Ne rien attendre de la BCE et pourtant ….
Deux surprises dans les chiffres publiés hier et qui montrent combien la situation est complexe et que l’impact d’Omicron sur le premier trimestre sera tout sauf négligeable.
Hausse de l’inflation
Commençons par l’inflation en zone euro, qui, au lieu de reculer à 4.4%, a progressé à 5.1%, prenant tout le monde par surprise. Il s’agit d’un nouveau record, atteint à cause de la hausse des prix de l’énergie essentiellement, car l’indice hors alimentation et énergie a légèrement reculé.
Et sans surprise, la Belgique occupe le haut du podium en terme d’inflation dépassant largement ses plus proches partenaires commerciaux.
Même si donc l’indice hors énergie s’est inscrit à 2.3% contre 2.6% en décembre, ce chiffre est une mauvaise nouvelle pour Christine Lagarde. Et même si on n’attend aucun changement de la part de la BCE lors de sa réunion, Christine Lagarde va devoir reconnaitre que l’inflation mettra plus de temps que prévu à refluer. Vu les annonces faites lors de la réunion de décembre, il est trop tôt évidemment pour un changement de ton, mais la BCE devra adapter sa position lors des prochaines réunions. Je publierai en début d’après-midi, une carte blanche, publiée cette semaine dans la presse, de réflexion sur la politique de la BCE.
Baisse des créations d’emploi
Je parlais hier des distorsions sur le marché de l’emploi, en particulier aux Etats-Unis. Et même si ce rapport doit être pris avec prudence, au lieu d’avoir eu des créations d’emploi dans le secteur privé, l’économie américaine en a détruit en janvier.
Selon ADP, l’économie a détruit 301.000 emplois contre 207.000 créations attendues et 776.000 créations le mois passé. Et même si ce rapport a tendance à amplifier les tendances, il démontre quand même que l’impact d’Omicron n’est pas négligeable sur le marché de l’emploi.
L’année devrait donc commencer avec un très faible taux de créations d’emploi pour l’économie américaine, ce qui devrait peser sur la croissance au premier trimestre.
Réunion de la BOE
Si le statu quo de la BCE ne fait aucun doute, la hausse des taux de la part de la BOE n’en fait pas non plus, comme je l’évoquais il y a deux jours pour Business AM.
Il faut dire qu’elle avait déjà donné un premier signal, timide certes, mais un signal très clair de ses intentions en augmentant ses taux en décembre de 0.10% à 0.25%. Elle devrait donc faire passer son taux de 0.25% à 0.50%, et elle n’en restera pas là comme l’indique l’évolution du rendement de l’obligation à 2 ans. Il est probable aussi que la BOE annonce un début de resserrement quantitatif (voir ma petite vidéo la semaine passée sur la FED sur ce concept).
Elle pourrait commencer par ne pas réinvestir les échéances, avec d’ailleurs dès le mois de mars une échéance de 25 milliards de sterling et reporter à plus tard les ventes d’obligations pour réduire la taille de son bilan.
Elle n’en est pas à sa deuxième hausse de taux, bien au contraire, mais ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son resserrement, il s’agit de la Banque centrale du Brésil. Elle a en effet annoncé une nouvelle hausse de 1.50% de son taux directeur pour le porter à 10.75%. Il s’agit de la huitième hausse consécutive des taux depuis mars dernier.
Mais tout doucement elle semble arriver au bout de son cycle et elle devrait procéder à des augmentations plus réduites lors de ses prochaines réunions.
Hausse encore
Si la Banque centrale du Brésil n’a pas hésité donc à resserrer durement les taux, on sait ce qu’il en est de la politique de la Banque centrale de Turquie. Si pour le moment la livre turque demeure assez stable, par contre l’inflation devrait sans surprise poursuivre sa hausse vertigineuse.
Après avoir contraint la Banque centrale à baisser ses taux, Erdogan a licencié la semaine passée le directeur de l’institut de statistique, comme s’il était le responsable de la hausse de l’inflation, ce qui ne devrait évidemment pas empêcher l’inflation de passer de 36% à 47%, soit son taux le plus élevé depuis avril 2022.
Impact d’Omicron
Les indices PMI des services en Europe, en Asie et aux Etats-Unis vont reculer sous l’effet des mesures de restriction imposées à cause d’Omicron. C’est le cas ce matin de cet indice au Japon, qui est passé de 52.1 à 47.6 marquant un sérieux ralentissement de l’activité.
Le recul de cet indice est aussi attendu en Espagne et en Italie, ce qui confirmera le taux de 51.2 contre 52.2 pour la zone euro, ce qui montre quand même une résistance de ce secteur malgré les contraintes.