Tous les yeux sont tournés vers la FED et Powell va devoir jouer l’équilibriste entre se réjouir de la reprise de l’économie ….
Powell devra être convaincant sinon …
Tous les yeux sont tournés vers la FED et Powell va devoir jouer l’équilibriste entre se réjouir de la reprise de l’économie tout en contenant la hausse des taux longs.
Equilibriste Powell
L’exercice est encore plus délicat que pour la BCE car le contexte économique est différent et le plan de relance de Biden alimente tous les espoirs mais aussi toutes les craintes.
Il devra faire passer un message positif sur les perspectives économiques, avec à la clé une révision des taux de croissance et d’inflation, en faisant tout pour éviter de voir les taux longs poursuivre leur hausse. Il faudra donc suivre de près cette évolution des taux longs, qui ont eu tendance à encore légèrement progresser comme le montre le graphique du rendement du treasury 5 ans et 10 ans.
Powell pourra un peu se retrancher derrière des chiffres en demi-teinte pour justifier que les taux doivent rester bas, même si le recul de ces chiffres tient plus à des considérations climatiques. Contre toute attente, les ventes de détail ont reculé de 3% en février après une forte hausse de 7.6%. Mais ce recul est dû essentiellement à la tempête hivernale qui a frappé le Texas et d’autres régions, et on attend un rebond en mars qui devrait être en plus fortement soutenu par le chèque de 1.400$ dans le cadre du plan de Biden.
Autre chiffre qui a été fortement influencé par les conditions climatiques, la production manufacturière. Après une hausse de 1.2%, elle a chuté de 3.1% en février, ce qui a entrainé un recul de 2.2% de la production industrielle. En cause, en partie, les conditions climatiques qui ont provoqué un arrêt total de la production de pétrole de schiste.
Mais cela n’explique pas tout, car si on regarde les utilisations des capacités industrielles, elles ont reculé de 1.7% pour s’inscrire à 73.8%, soit 5.8% en dessous de sa moyenne entre 1972-2020. Ce chiffre peut être interprété comme un très faible risque d’inflation vu la faible utilisation des capacités de production qui disposent encore d’une large capacité disponible. Mais évidemment cela ne concerne que le secteur industriel et on craint plutôt un ajustement à la hausse des prix dans le secteur des services avec la reprise de l’activité avec la vaccination.
Reprise retardée ?
En Europe, la question d’une reprise en a pris un sérieux coup dans l’aile avec l’arrêt de la vaccination avec le vaccin AstraZeneca. Arrêt provisoire sans doute mais qui accentue le retard dans la campagne de vaccination et qui, surtout, pourrait fortement augmenter la suspicion à son égard et donc diminuer le nombre de personnes vaccinées.
Cela tombe au plus mauvais moment, alors que l’Italie a reconfiné largement, que les tensions sont à leur maximum dans certains pays de l’Europe de l’Est et que le premier ministre français évoque une « quasi » troisième vague avec des mesures qui vont tomber dans les prochaines heures sans doute, en particulier pour l’Ile-de-France.
D’ailleurs, l’institut allemand IWH a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année à 3.7% contre 4.4% pour l’économie allemande face au risque d’une troisième vague qui ne dit pas son nom mais qui est déjà bien réelle.
Ralentissement général ?
Cette crainte d’une troisième vague et la hausse des contaminations pèsent sur l’activité au premier trimestre et cela se retrouve aussi dans les chiffres des exportations japonaises.
Ces dernières ont en effet reculé de 4.5% en glissement annuel en février après une hausse de 6.4% en janvier. Dans le détail, elles ont augmenté de 3.4% vers la Chine, mais reculé de 14% vers les Etats-Unis et de 3.3% vers l’UE.
De leur côté, les importations ont augmenté de 11.8% après un recul de 9.5%, ce qui semble par contre confirmer une reprise de la demande intérieure et une reconstitution des stocks.
Cependant, ce ralentissement concerne la première partie de l’année, car le monde des affaires, toujours au Japon, se montre plus positif pour le reste de l’année. C’est ce qui ressort de l’enquête Tankan qui montre, pour l’indice de l’industrie, une amélioration en passant de 3 à 6. Par contre le secteur des services encore impacté fortement par les mesures de confinement reste en territoire négatif à -5 contre -7.
La BOJ qui se réunit ce vendredi devra tenir compte de l’ensemble de ces données mais elle devrait tout doucement réduire ses interventions.