L’Europe se referme, les Etats-Unis sont divisés, la Grande-Bretagne joue son avenir, la Russie pratique le déni…
Pas suffisant, à tous les niveaux
L’Europe se referme, les Etats-Unis sont divisés, la Grande-Bretagne joue son avenir, la Russie pratique le déni, la Turquie pratique la fuite en avant, et la Chine continue d’avancer.
Encore la Chine
Revenons d’abord sur le succès de l’émission de 6 milliards de dollars levés par la Chine via une émission d’obligations en dollars. Cette émission a suscité un vif intérêt pour un montant de 27.2 milliards de dollars. Le taux a été fixé sur base des bons du Trésor américain plus 0.25% pour la tranche à 3 ans, plus 0.30% pour celle à 5 ans, plus 0.50% pour celle à 10 ans et 0.80% pour celle à 30 ans .
Malgré les tensions, les investisseurs américains, principalement des gestionnaires de fonds, ont été les plus gros acheteurs de l’obligation à 30 ans, récoltant 47 % des 500 millions de dollars.
Même si les indicateurs économiques restent bien orientés, les prix à la production ont inversé leur mouvement de hausse observé ces derniers mois, ce qui pourrait faire craindre un léger tassement de l’activité en fin d’année en Chine.
Les prix à la production ont reculé en taux annuel de 2.1% contre un niveau de -2% au mois d’août. D’un autre côté, l’inflation a reculé à 1.7%, soit son niveau le plus bas depuis février 2019, contre un niveau de 2.4% le mois précédent.
Ce recul de l’inflation laisse donc de la latitude pour la banque centrale chinoise pour agir sur les taux si nécessaire, mais en même temps cela renforce la tendance mondiale baissière de l’inflation.
Pas suffisant
C’est le message que vont sans doute faire passer les 27 à la Grande-Bretagne lors du somment de deux jours, tout en laissant la possibilité de poursuivre les discussions jusque fin octobre. La pêche reste un point de discorde majeur entre les deux parties.
Si aucun accord n’était conclu, le Royaume-Uni pourrait commercer avec l’UE sur la base d’un “arrangement de type australien”, c’est-à-dire aux conditions de l’OMC, ce qui se produit lorsqu’un pays n’a pas d’accord commercial avec un autre.
Pour le moment, les marchés veulent croire encore à un accord, avec un sterling qui s’est un tout petit peu renforcé.
Signes d’essoufflement en Europe
En cause évidemment la résurgence du virus, et le fait que l’Europe fait bien face à une deuxième vague, plus personne n’en doute maintenant.
C’est entre autres, le cas en Allemagne où les instituts économiques ont revu leurs prévisions. Alors qu’en avril, ils tablaient sur un recul de 4.2% du PIB cette année, ce recul a été revu à 5.4% et une reprise de 4.7% en 2021 contre 5.8%.
« Si le ralentissement intervenu au printemps a déjà été compensé en grande partie, le reste du rattrapage constitue cependant le trajet le plus difficile sur le chemin du retour à la normalité », souligne Stefan Kooths, directeur des études conjoncturelles de l’IfW.
Et en parlant de la restauration et du tourisme, de l’événementiel et des transports aériens, il souligne, « ces secteurs de l’économie allemande continueront de souffrir du Covid-19 encore longtemps et ne bénéficieront de la reprise qu’à partir du moment où les mesures de prévention des infections seront largement supprimées, ce qui ne devrait pas être le cas avant le deuxième semestre 2021 ».
Autre signe d’essoufflement, la production industrielle n’a plus progressé que de 0.7% d’un mois à l’autre dans la zone euro, et affiche un recul de 7.2% sur un an, comme le montre le graphique.
Si on observe le tableau publié par Eurostat, on constate les grandes divergences d’évolution sur un an de cette production dans l’UE avec une chute record en France, en Allemagne et au Luxembourg.
Taux sous pression
Je le soulignais hier et le confirme, les taux sont sous pression et ils évoluent presque de façon inversement proportionnelle à la hausse des contaminations.
Il suffit d’observer le graphique de l’évolution du rendement de l’obligation belge à 10 ans qui à son plus bas historique. Ou encore le niveau de l’euribor 3 mois qui est aussi à son niveau le plus bas historique comme le montre le graphique.
Le gouverneur de la Banque de réserve d’Australie, Philip Lowe, a de son côté ouvert la porte à une nouvelle baisse de taux et à des achats d’obligations plus loin sur la courbe.
Ses propos ont renforcé le scénario d’une baisse de 0.15% du taux directeur lors de la réunion qui se tiendra le 3 novembre prochain.
N’oublions pas le syllogisme
« Ivan Illitch voyait qu’il se mourait et se trouvait dans un état de désespoir perpétuel.
Il savait qu’il allait passer, mais ne pouvait se faire à cette idée, l’admettre, la comprendre.
La logique de Kiesemetter lui avait appris ce syllogisme : « Caius est un homme, tous les hommes sont mortels, donc Caius est mortel ». Mais il n’avait jamais voulu le prendre à son compte, jugeant que ce raisonnement, applicable à Caius, ne valait rien pour lui-même.
Caius était un homme, un homme en général, et le syllogisme se révélait impeccable. Seulement, Ivan Illitch n’était point Caius, ni un homme en général (…) »
Je voudrais juste paraphraser cet extrait de Tolstoï issu de « La mort de Yvan Illitch » en rappelant « Caius est un homme, tous les hommes peuvent contaminer les autres, donc Caius peut contaminer les autres ». Et nous sommes des hommes et des femmes responsables des autres.