Priorité à l’emploi pour la FED

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Powell a effectivement annoncé un changement fondamental dans la politique de la FED….

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Powell a effectivement annoncé un changement fondamental dans la politique de la FED, qui va mettre plus l’accent sur le marché de l’emploi, tout en faisant un cadeau à Trump.

Quelle est cette nouvelle stratégie ?

La FED va inverser ses priorités et mettre davantage l’accent sur le renforcement du marché du travail et moins sur les craintes d’une inflation trop élevée.

Pour atteindre cet « objectif général et inclusif » de plein emploi, la FED va adopter une nouvelle stratégie basée sur une forme souple de ciblage de l’inflation moyenne, selon laquelle elle viserait à compenser les périodes où l’inflation est trop faible en autorisant les périodes où l’inflation est trop élevée. Avec un objectif qui serait d’avoir une inflation de 2 % en moyenne.

Cela signifie concrètement que comme l’inflation est inférieure à 2 % depuis des années, la Fed ne devrait pas augmenter ses taux d’intérêt tant que l’inflation n’aura pas dépassé son objectif de 2 % pendant un certain temps.

En agissant de la sorte, la FED escompte que comme les ménages et les entreprises convaincus que l’inflation va augmenter, avec comme conséquence une réduction de leur pouvoir d’achat futur, prendront alors des mesures pour emprunter, dépenser et investir leur argent plus tôt. Et que ces dépenses permettront alors de créer des emplois et de soutenir la demande, ce qui permettrait à l’économie de sortir plus rapidement du marasme.

Quelles sont les interrogations ?

Cette nouvelle stratégie tombe évidemment dans un contexte particulier et suscite logiquement des interrogations.

La première est de savoir ce que fera la FED si la hausse de l’inflation n’entraine pas une hausse des dépenses et peu de créations d’emplois, ce qui aura comme conséquence d’affecter le pouvoir d’achat des chômeurs. Et la question est d’autant plus importante vu les chiffres actuels, avec une nouvelle publication des inscriptions hebdomadaires au chômage qui sont restées élevées (1.006 millions – voir graphique).

Autre question importante, ce n’est pas parce que la Fed dit qu’elle accepterait une inflation plus élevée qu’elle peut la générer. Les mécanismes réels de la façon dont elle pourrait générer des prix plus élevés sont absents du nouveau document et c’est d’ailleurs pour cela que cette annonce a laissé un peu les marchés sceptiques. Raison peut-être pour laquelle les taux d’intérêt long terme sont légèrement repartis à la hausse après l’annonce de Powell (voir graphique du rendement du treasury 10 ans).

Et vu la faiblesse de l’inflation actuelle, la FED devra cependant continuer de recourir à des instruments de politique monétaire non conventionnels, et garder des taux bas pendant une longue période.

Et c’est là qu’elle fait peut-être un cadeau à Trump à l’approche des élections, car le maintien de taux d’intérêt bas pendant une période prolongée tend à faire monter les cours des actions, ce qui profite peut-être davantage aux Américains les plus riches qu’aux moins favorisés.

On le voit les questions sont encore nombreuses, mais c’est un changement fondamental de paradigme auquel la FED va procéder dans un contexte particulièrement compliqué. La question de savoir si d’autres banques centrales pourraient suivre se posera inéluctablement, ainsi que la question des conséquences d’un contexte de taux faibles pendant une très longue période.

Coup de tonnerre ce matin

Le premier ministre japonais Abe a l’intention d’annoncer ce matin sa démission pour raison de santé. Des rumeurs sur sa santé courraient depuis quelques jours, et elles ont donc été confirmées entrainant dans un premier temps une chute de plus de 2% du Nikkei et une hausse du yen.

Tensions en Biélorussie

Le rouble est sous pression alors que Poutine n’a pas exclu de déployer des forces si la contestation dégénérait en Biélorussie, déploiement qui se ferait évidemment à la demande du président Lukashenko.

Même si Poutine a annoncé privilégier une issue pacifique, cette menace vient évidemment s’ajouter aux soupçons d’empoisonnement de l’opposant politique Alexei Navalny, ce qui pourrait entrainer de nouvelles sanctions contre la Russie de la part des Occidentaux.

Pour le moment, le rouble n’a pas atteint son plus bas niveau soutenu par la remontée du prix du baril et sa stabilisation. Mais il pourrait être fortement mis sous pression si Poutine venait à mettre sa menace à exécution.

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