L’annonce de la BCE a fait bondir l’euro et provoqué une baisse très sensible des taux …
La BCE persiste et signe
L’annonce de la BCE a fait bondir l’euro et provoqué une baisse très sensible des taux des pays périphériques de la zone euro.
La BCE ne baisse pas Lagarde
La BCE a démontré sa volonté de tout faire pour continuer à assurer la liquidité dans les marchés financiers et éviter des tensions sur les spreads dans la zone euro. Pour se faire, elle a donc décidé d’augmenter de 600 milliards d’euros sont PEPP pour le porter à 1.350 milliards d’euros. En plus, la durée de ce programme est prolongée jusqu’en juin 2021. Et pour être complet, les obligations arrivant à échéance pourront être réinvesties encore jusque fin 2022.
Cette annonce a été justifiée par l’ampleur de la récession que va traverser cette année la zone euro dans un contexte qui demeure encore très incertain. Et on peut reprocher à la BCE de ne pas oser, sur ce point, dire la réalité et se montrer timorée. En effet, alors que Christine Lagarde nous avait annoncé une chute du PIB pour 2020 entre 8% et 12%, les prévisions de la BCE tablent sur un recul de 8.7% cette année, chiffre qui semble sous-estimé. Cette chute serait suivie par un rebond de 5.2% en 2021 et de 3.3% en 2022.
Quand on voit où se situent les indices PMI, quand on voit que les ventes de détail (voir graphique) dans la zone euro ont reculé de 11.7% en avril, soit un recul sur un an de 19.6%, quand on voit la hausse du chômage, on se rend compte que la récession sera plus marquée que cela. Je m’étonne donc du taux de -8.7% cette année, alors que tout indique une récession plus marquée.
Pour revenir deux secondes sur les chiffres des ventes de détail, sur un an les ventes de carburants ont chuté de 46.9%, celles de produits non-alimentaires de 33.6%, alors que celles du secteur « alimentation, boissons et tabac » ont augmenté de 2.5%. Et sur le mois d’avril, sans surprise, on constate une hausse de 10.9% des ventes par correspondance et par internet.
Concernant les prévisions d’inflation de la BCE, nous sommes évidemment très loin de son objectif, ce qui justifie évidemment pleinement l’augmentation de son programme PEPP. Selon la BCE, l’inflation en zone euro sera de 0.3% en 2020 (précédente estimation 1.1%), de 0.8% (1.4%) en 2021 et de 1.3% (1.6%) en 2022. Ce qui signifie qu’en 2022 nous serons encore loin de son objectif et que les taux vont donc rester inexorablement bas pour encore longtemps.
D’ailleurs, quasiment tous les prix sont à la baisse, même les premières annonces pour les primeurs à Bordeaux. Crise oblige, les dégustations du mois de mars dans le Bordelais ont été annulées et nous ne disposions, à ce stade, d’aucunes indications sur la valeur du millésime ni sur les prix. Il ressort des premières dégustations et annonces de prix que, non seulement, la qualité sera au rendez-vous, mais que les prix devraient baisser. Le secteur viticole en France fait face à une chute de la demande à cause de la fermeture des restaurants, et de l’annulation des événements, mais également des taxes imposées par les Américains et de la récession qui touche l’économie mondiale. Conséquence, les prix en primeur pourraient être entre 20% et 30% plus bas que le millésime précédent, ce qui pourrait se révéler une bonne affaire pour des achats en primeur.
Les conséquences de cette annonce de la BCE a été d’abord une hausse de l’euro par rapport au dollar (voir graphique), mais qui tient aussi à la faiblesse du dollar. Et l’autre conséquence, est un recul très marqué des taux des pays périphériques de la zone euro, dont entre autres celui de l’Italie comme le montre le graphique de l’évolution du spread avec le bund. Il faut dire que l’Italie a été la grande bénéficiaire des achats de la BCE dans le cadre de ce programme et que donc augmentation de sa taille lui sera encore plus bénéfique.
Dollar sous pression
Si l’euro s’est renforcé par rapport au dollar, c’est aussi parce que ce dernier est fortement mis sous pression à cause des tensions aux Etats-Unis, et également des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Mais également compte tenu des indicateurs économiques.
D’abord, le déficit commercial qui a grimpé d’un mois à l’autre de 16.7% à 49.4 milliards de dollars. Ce recul est la conséquence d’une chute de 20.5% des exportations, soit le plus fort recul depuis avril 2010. Si les importations ont reculé également, le mouvement n’a pas été d’une telle ampleur puisqu’elles ne chutent que de 13.7%, ce qui est quand même le recul le plus marqué depuis juillet 2010.
Ensuite, les chiffres du marché de l’emploi. Les inscriptions hebdomadaires ont certes reculé d’une semaine à l’autre mais elles s’élèvent encore à 1.877 millions. Et surtout on attend, le chiffre des destructions d’emploi qui ne devrait rien avoir avec celui du mois précédent, puisqu’elles devraient être de 7.500 millions contre des destructions de 19.557 millions, mais le taux de chômage devrait passer de 14.7% à 19.8%.
Et à côté de cela, même si l’économie américaine a sans doute atteint son point bas en mai, le rebond reste jusqu’à présent tiède, selon à la fois les grands indices de l’activité et les comptages plus fréquents des données des téléphones portables et des informations sur le temps des employés (voir graphique).
Il ressort que les indicateurs de la fréquentation des commerces de détail ont continué à grimper la semaine dernière. Les données de localisation des téléphones portables d’Unacast ont montré que la nation dans son ensemble est maintenant à environ 20 % de son niveau de 2019, et qu’en plus le trafic a fortement diminué le week-end dernier, en particulier dans des États comme le Minnesota et la Géorgie, où ont eu lieu des manifestations contre les violences policières.
Les pays asiatiques souffrent aussi
A Singapour, les ventes de détail ont chuté de 40.5% en avril, et inutile de préciser que c’est un chiffre record.
Au Japon, les dépenses de consommation ont reculé de 11.1% en avril, chiffre inédit depuis le début de cet indice en 2001. C’est certes un peu moins pire que prévu, mais cela confirme que le Japon s’enfonce dans une récession de grande ampleur. Les Japonais, mais pas seulement eux, l’ensemble des consommateurs donc, ne vont pas avoir vraiment envie de s’épivarder cet été.