Les entreprises commencent à voir la lumière au bout du tunnel, alors que jusqu’à présent elles étaient dans ….
Le chemin sera long
Les entreprises commencent à voir la lumière au bout du tunnel, alors que jusqu’à présent elles étaient dans le noir complet, mais le tunnel est encore long.
La lumière au bout du tunnel
C’est en substance, le message qu’ont fait passer les indices de confiance, que cela soit les indices PMI dont je parlais hier, ou l’indice IFO en Allemagne.
Comme le montre le graphique, le rebond de ce dernier est timide et le chemin sera de fait encore long avant de revenir au niveau d’avant la crise du Covid-19. Mais cela n’effacera en rien, la chute attendue de la croissance au deuxième trimestre, qui sera bien pire que celle du premier.
Pour revenir d’ailleurs sur la croissance au premier trimestre et pour rester en Allemagne, le détail du chiffre a été publié hier et est illustré par le graphique. La croissance a reculé de 2.2% sous l’effet d’une chute de 6.9% des investissements, de 3.2% de la consommation et de 3.1% des exportations. Ce qui en points de PIB signifient -1.7% pour la consommation et -0.8% pour la balance commerciale nette.
Et il ne faut pas oublier que ce recul du PIB a été provoqué par la mise en place du confinement à la mi-mars, soit seulement deux semaines sur l’ensemble du trimestre. Cela donne vaguement une idée des conséquences sur le deuxième trimestre de la période de confinement qui aura duré quasiment deux mois.
Cependant, l’Allemagne, comme tous les pays, aura besoin d’un plan de relance et d’un retour à une certaine « normalité » et il lui faudra du temps pour récupérer cette chute attendue du PIB au deuxième trimestre.
De nouveaux plans
Pour accompagner la phase de déconfinement, les gouvernements étudient la mise en place de plans de relance. C’est le cas au Japon, où le premier ministre Abe a annoncé la fin de la période de confinement ainsi que l’annonce d’un plan de relance complémentaire de 1.85 milliards de dollars, ce qui, cumulé au plan précédent, représenterait des mesures pour l’équivalent de 40% du PIB.
Dans le même temps, la BOJ s’est dit prête à encore en faire plus pour soutenir l’activité et supporter le plan de relance du gouvernement. Ces annonces ainsi que le sentiment positif provoqué par le déconfinement un peu partout à travers le monde expliquent la hausse très nette du Nikkei ce matin, qui suit les bourses européennes, avec une baisse assez significative de l’indice de volatilité (voir graphique).
En Australie, le gouvernement compte aussi mettre en place un plan de relance, mais même avec l’intervention conjointe du gouvernement et de la banque centrale il faudra entre 3 et 5 ans pour retrouver le niveau d’avant crise, selon le premier ministre Scott Morrison.
Et on attend, demain, le plan de relance de la Commission européenne soutenu par le plan proposé par la France et l’Allemagne, mais qui se heurte toujours au groupe des pays dénommés les « frugaux ». Ces frugaux, à savoir l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, ont répété leur opposition à l’idée d’une dette commune, à une augmentation du budget de l’UE et de subventions. Ils ont proposé un plan alternatif de prêts d’urgence garantis par un fonds temporaire d’un à deux ans et de redéfinir les priorités des fonds plutôt que d’augmenter le budget de l’UE.
L’importance du tourisme
La mise en place de ces plans, et l’on voit qu’au niveau de l’UE la bataille va être rude et que les positions sont loin d’un accord, nécessite aussi une reprise de l’activité de façon plus large.
Et le secteur du tourisme représente pour certains pays un poids conséquent dans le PIB comme c’est le cas en Espagne où ce dernier pèse plus de 12%. L’annonce donc que l’Espagne prévoit de lever la quarantaine de deux semaines à partir du 1er juillet devrait apporter un certain soulagement à son secteur du tourisme. Mais la reprise ne sera que graduelle et de nouveau le retour ne se fera pas comme avant et demandera du temps.
Cette reprise progressive du tourisme n’a pas empêché et n’empêchera pas le secteur aérien de subir des baisses de rating, des faillites, des restructurations et des concentrations. Ainsi, S&P a dégradé les notations de Lufthansa (à BB+), AIG & British Airways (à BB), easyJet (à BBB-), TAP Air Portugal (à B-) et Air Baltic (à B).
Ces baisses de rating sont justifiées par S&P parce qu’il estime que le trafic aérien mondial de passagers pourrait baisser de 50% en 2020. Les volumes de passagers de 2021 devraient rester jusqu’à 30 % inférieurs aux niveaux de 2019, tandis que le retour aux niveaux antérieurs à la crise n’est pas prévu avant 2023.
Selon S&P, à court terme, le principal défi auquel sont confrontées les compagnies aériennes est la liquidité. Celles les plus susceptibles de survivre sont celles qui ont accès à un financement externe, obtiennent un soutien gouvernemental, et réduisent considérablement les coûts et les investissements. À l’inverse, celles plus faibles ayant une structure de coûts moins souple pourraient s’effondrer, ce qui est arrivé récemment à Avianca, Virgin Atlantic et Flybe. Cela rend la consolidation de l’industrie probable à moyen terme. Mais rien ne garantit qu’à long terme, les survivantes pourront assumer leur dette en tenant compte de la lenteur à un retour à une certaine normalité ( surtout pour les voyages internationaux).