Pas de complaisance

Mode Expresso

Trois éléments, à suivre dans les prochaines semaines avec attention, qui pourraient changer la perception concernant l’évolution de l’inflation, à savoir le prix du baril, l’état de l’économie américaine et les prix des matières premières agricoles.

Mode Lungo

Trois éléments, à suivre dans les prochaines semaines avec attention, qui pourraient changer la perception concernant l’évolution de l’inflation, à savoir le prix du baril, l’état de l’économie américaine et les prix des matières premières agricoles.

Economie solide

Pour revenir deux minutes sur les chiffres du chômage aux Etats-Unis, ils démontrent la résilience de l’économie américaine. Avec 254.000 créations d’emploi, qui concernent tous les secteurs, le marché de l’emploi demeure solide tout en se stabilisant.

L’augmentation des embauches et le faible nombre de licenciements ont contribué à la hausse des salaires horaires moyens, qui ont augmenté de 0.4 % d’un mois à l’autre, soit un taux annuel de 4% contre 3.9%.

Pour autant, à ce stade, il ne devrait pas y avoir de hausse de l’inflation par les salaires, car le marché du travail refroidit doucement, et avec un taux de chômage de 4.1%, il y a encore de la marge.

Par contre, aucune raison pour la FED de baisser ses taux de 0.50%, et aucune raison non plus de se montrer pressée dans le mouvement d’ajustement monétaire.

Le rendement du Treasury 2 ans reflète bien ce changement de perception depuis vendredi.

Prix du baril

Après une hausse de 8% du prix du Brent et de 9% du prix du WTI, la semaine passée, les prix se sont stabilisés ce matin.

Mais alors que l’on commémore l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023, la crainte de représailles d’Israël sur les installations pétrolières iraniennes plane toujours.

Même si les événements géopolitiques ont nettement moins d’impact que par le passé, nous ne sommes évidemment pas à l’abri d’un embrasement qui changerait alors fondamentalement la donne.

Mais à ce stade, compte tenu du fait que l’OPEP+ dispose de 7 millions de barils par jour de capacité de réserve, la hausse du prix du baril demeure contenue.

Par contre, pour la zone euro, et dès lors pour la BCE, la hausse du prix du baril et du dollar de façon concomitante n’est évidemment pas une bonne nouvelle, car cela entraine de l’inflation importée.

Prix des matières premières

L’indice FAO des prix des produits alimentaires a connu en septembre sa plus forte hausse depuis mars 2022, avec une hausse de tous les produits qui composent cet indice.

Le prix du blé a progressé à cause des conditions météorologiques particulièrement humides au Canada et dans l’UE, et le prix du maïs a également progressé à cause du niveau faible des fleuves au Brésil et aux Etats-Unis.

Tous les produits laitiers sont à la hausse essentiellement suite à une forte demande émanant de l’Asie face à une offre plus limitée en Europe de l’Ouest.

Et le prix du sucre a également progressé, sans revenir à ses niveaux d’il y a un an, suite à la  dégradation des perspectives de récolte au Brésil, qui est la conséquence d’un temps sec prolongé et des incendies qui ont provoqué des dégâts dans les champs de canne à sucre fin août.

Autre crainte

Pour le moment, ces trois éléments n’ont pas d’effet inflationniste, mais il faudra les surveiller de près. Mais en attendant, la BCE commence à s’inquiéter sérieusement du risque qu’une croissance trop faible n’entraine une baisse de l’inflation en-dessous de son objectif.

Ce qui explique les propos de Christine Lagarde et d’Isabel Schnabel, la semaine passée, en faveur d’une baisse des taux lors de la réunion du 17 octobre.

Elles ont été rejointes par le président de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui s’est déclaré aussi favorable à une baisse des taux à cette date.

Mais il a aussi exprimé ses craintes en déclarant, « au cours des deux dernières années, notre principal risque était de dépasser notre objectif de 2 %. Aujourd’hui, nous devons également prêter attention au risque inverse, celui de ne pas atteindre notre objectif en raison d’une croissance faible et d’une politique monétaire restrictive pendant trop longtemps ».

Et de rajouter, « si ‘année prochaine, nous sommes durablement à 2 % d’inflation et que les perspectives de croissance en Europe restent moroses, il n’y aura aucune raison pour que notre politique monétaire reste restrictive et que nos taux soient supérieurs au taux d’intérêt neutre ».

Il n’a cependant pas précisé ce qu’il entendait par taux neutre, mais on peut penser que ce dernier se situe autour de 2%, ce qui implique une série de baisses de taux après les deux attendues cette année.

Pour autant, et même si selon lui, la BCE avait tendance à ne pas tenir compte des chocs comme la hausse du prix du baril la semaine passée, à condition qu’ils soient temporaires et qu’ils ne se répercutent pas sur les prix sous-jacents, il faut rester vigilant.

Et de conclure « la victoire contre l’inflation est en vue, mais ce n’est pas une raison pour devenir complaisant et se relâcher sur une voie préétablie ».

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