Petite accalmie sur le front des tensions sur la dette française, ce qui a permis aux bourses européennes de se reprendre, mais dans un contexte qui demeure tendu et avec encore beaucoup de questions.
La vigilance reste de mise concernant l’inflation
Petite accalmie sur le front des tensions sur la dette française, ce qui a permis aux bourses européennes de se reprendre, mais dans un contexte qui demeure tendu et avec encore beaucoup de questions.
Intervention de la BCE ?
Comme je le soulignais hier, la question d’une intervention de la BCE, à ce stade, est prématurée et injustifiée.
C’est ce qu’a également souligné Philip Lane, l’économiste de la BCE, en déclarant « ce que nous observons sur les marchés, c’est une réévaluation des prix, mais ce n’est pas un marché désordonné pour le moment ».
Mais ces turbulences tombent à un très mauvais moment pour la BCE, alors que le recul de l’inflation est poussif et que la question sur la hausse des salaires demeure toujours un facteur d’incertitude.
Et si Philip Lane se montre confiant pour le moment, Christine Lagarde n’en a pas moins souligné que « la stabilité des prix va de pair avec la stabilité financière. Nous sommes très attentifs au bon fonctionnement des marchés financiers, et nous continuons à le faire aujourd’hui ».
La BCE estime que c’est au monde politique français de rassurer les investisseurs et de respecter les règles de l’UE, d’autant plus que les interrogations sur l’inflation sont nombreuses et que comme l’a déclaré Christine Lagarde « si nous devions laisser l’inflation échapper à tout contrôle alors que nous sommes en train de la maîtriser et que nous avons entamé cette troisième phase du processus de politique monétaire, ce serait totalement contre-productif ».
Inflation persistante un peu partout
La Banque centrale d’Australie a laissé son taux inchangé à 4.35%, ce matin, compte tenu du fait que l’inflation demeure supérieure à son objectif et s’avère persistante.
Un peu comme en Europe, la Banque centrale d’Australie constate que « les conditions sur le marché du travail se sont encore détendues au cours du mois dernier, mais restent plus strictes que ce qui est compatible avec un plein emploi durable et une inflation conforme à l’objectif. La croissance des salaires semble avoir atteint un sommet, mais reste supérieure au niveau qui peut être maintenu compte tenu de la croissance tendancielle de la productivité ».
Et Christine Lagarde, et Powell aussi d’ailleurs, ne contrediraient pas la suite du communiqué, « les perspectives restent très incertaines. Les perspectives économiques restent incertaines et les données récentes ont montré que le processus de retour de l’inflation à l’objectif ne se fera probablement pas sans heurts ».
Fort de ce constat, et compte tenu des incertitudes qui sont nombreuses, la Banque centrale d’Australie veut se donner du temps et comme les autres Banques centrales « le Conseil s’appuiera sur les données et sur l’évolution de l’évaluation des risques. Ce faisant, il continuera à suivre de près l’évolution de l’économie mondiale, les tendances de la demande intérieure et les perspectives en matière d’inflation et de marché du travail. Le Conseil reste déterminé à ramener l’inflation à son niveau cible et fera le nécessaire pour y parvenir ».
Les Banques centrales de Norvège et d’Angleterre, qui se réunissent ce jeudi, devraient aussi laisser leurs taux inchangés, pour les mêmes raisons. Seule, la Banque nationale suisse devrait encore réduire son taux de 0.25% pour le faire passer à 1.25%, en partie parce que le franc suisse est reparti à la hausse suite à la chute de l’euro à cause de la situation en France.
Pour rester avec le même constat, le président de la FED de Philadelphie, Patrick Harker, estime que « si tout se passe comme prévu, je pense qu’une baisse de taux serait appropriée d’ici la fin de l’année », même si les progrès concernant l’inflation sont modestes depuis le début de l’année, et qu’il est nécessaire de disposer de davantage de données avant de prendre une décision.
Et de souligner que toutes les options restent ouvertes, en déclarant, « je pense qu’il est tout à fait possible de procéder à deux baisses, voire à aucune, cette année si les données s’écartent d’une manière ou d’une autre… nous resterons dépendants des données ».
Hausse des taux en juillet ?
Hier, j’estimais que la Banque du Japon n’allait pas augmenter ses taux lors de sa réunion de juillet, mais ce matin, son gouverneur a jeté le trouble en déclarant devant le Parlement, « notre décision sur la réduction de l’achat d’obligations et la hausse des taux d’intérêt sont deux choses différentes. Il est possible que nous augmentions les taux d’intérêt lors de notre prochaine réunion de politique monétaire, en fonction des données économiques, financières et de prix et des informations disponibles à ce moment-là ».
Il est très compliqué à ce stade, sans connaitre l’ampleur de la réduction des achats d’obligations, de prévoir quelle sera la décision de la BOJ fin juillet sur les taux. Mais si on observe l’évolution du yen, les investisseurs restent très sceptiques sur une baisse des taux dans un avenir proche.
Et d’ailleurs, Ueda a déclaré que la BOJ n’était pas encore totalement convaincue que l’inflation atteindrait durablement son objectif de 2 %, et qu’il faudrait encore un peu de temps pour examiner les données avant de relever à nouveau les taux.