Nouvelle salve de déclarations de membres des Banques centrales pour avertir que le chemin sera encore long pour ramener l’inflation dans son objectif et que rien n’est encore gagné.
Le retour de la question de l’endettement ?
Nouvelle salve de déclarations de membres des Banques centrales pour avertir que le chemin sera encore long pour ramener l’inflation dans son objectif et que rien n’est encore gagné.
Plutôt prévenir que …
Devant le Parlement européen, Christine Lagarde a répété encore et encore que « ce n’est pas le moment de commencer à déclarer victoire. Nous devons rester attentifs aux différentes forces affectant l’inflation et fermement concentrés sur notre mandat de stabilité des prix ».
Elle a souligné combien les incertitudes étaient considérables et que le maintien de taux élevés pendant « suffisamment longtemps » contribuera à assurer la stabilité des prix.
Et élément neuf, déjà demandé par d’autres membres de la BCE, elle a évoqué le fameux programme PEPP, dont les réinvestissements sont actuellement programmés jusque fin 2024, en déclarant « il s’agit d’une question qui sera probablement discutée et examinée au sein du Conseil des gouverneurs dans un avenir assez proche, et nous réexaminerons éventuellement cette proposition ».
Même son de cloche de la part du gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, qui a parlé de travail difficile car « la politique monétaire est actuellement ce que j’appelle restrictive – elle restreint l’économie. Le chemin qui reste à parcourir pour ramener l’inflation à 2% sera difficile et nous ne voulons évidemment pas qu’il y ait plus de dégâts ».
Et de fermer aussi la porte à une baisse rapide des taux en poursuivant « nous devons ramener (l’inflation) à 2% et c’est la raison pour laquelle je me suis opposé dernièrement aux hypothèses selon lesquelles nous parlons de réduire les taux d’intérêt ou que nous les réduirons dans un avenir prévisible, parce qu’il est trop tôt pour avoir cette discussion ».
Le taux sterling à 2 ans reflète l’abandon des anticipations de hausse de taux et s’éloigne de son plus haut de 2023, tout en restant prudent compte tenu des intentions de la BoE de ne pas baisser ses taux rapidement.
La question budgétaire
J’évoquais hier l’imbroglio dans lequel se trouvait le gouvernement allemand après la décision de la Cour constitutionnelle. Conscient des enjeux, il a dévoilé lundi un budget supplémentaire qui suspendra exceptionnellement l’application du frein à l’endettement.
Le terme « exceptionnellement » est sans aucun doute galvaudé car cela serait la quatrième année consécutive, si le Parlement l’approuve, que ce frein sera suspendu.
Le gouvernement compte évoquer, comme les fois précédentes, des circonstances « exceptionnelles » pour suspendre ce frein, en l’occurrence, « il y avait et il y a toujours un risque que la baisse de la consommation des ménages déclenche une spirale descendante dans l’économie allemande, entraînant une baisse significative de la prospérité et de l’emploi », indique le projet de loi.
Le gouvernement compte emprunter 45 milliards d’euros, et devrait dès lors diminuer ses dépenses de 15 milliards d’euros en 2023 pour couvrir le trou de 60 milliards d’euros provoqué par la décision de la Cour.
Et la question du rating en filigrane
Soyons honnête, personne n’en a jamais parlé, mais Scope, est la première agence de notation européenne, approuvée par la BCE, qui rejoint les autres agences bien connues et que la BCE va utiliser pour évaluer la valeur des garanties des obligations d’État.
Cette agence de rating berlinoise répond à l’ambition des décideurs politiques européens de disposer d’un acteur national depuis l’apogée des problèmes d’endettement de l’Union européenne il y a 15 ans, lorsque les dégradations massives des agences américaines telles que S&P et Moody’s ont été ouvertement accusées d’être à l’origine de la tourmente.
Pour expliquer ce qui la distingue des autres agences, Dennis Shen, le principal analyste souverain de Scope, a déclaré « l’une de nos caractéristiques distinctives (…) est que nous mettons l’accent sur les multiples améliorations de la structure institutionnelle de l’Europe. Nous prenons ces améliorations institutionnelles très au sérieux ».
Que nous dit Scope qui diverge par rapport aux autres agences de rating ? Elle s’inquiète pour l’ Italie, et même si la perspective est stable, Shen s’inquiète car « l’Italie sera vulnérable si elle se trouve dans un scénario défavorable dans lequel les rendements augmentent à nouveau et les marchés ne sont pas certains que la dette sera éligible à une intervention de la BCE ».
Elle a également averti que la note AA de la France pourrait être abaissée en lui attribuant une perspective négative. Et selon Shen, la victoire du candidat d’extrême droite Geert Wilders aux élections néerlandaises de la semaine dernière pourrait également avoir des répercussions sur la notation, estimant que « les risques liés à la gouvernance constituent un défi à long terme pour l’un des derniers États souverains notés AAA dans le monde […]. Mais la note n’est pas menacée dans l’immédiat ».