Les marchés financiers en Europe n’ont pas été rassurés et le rouge a été la couleur dominante des bourses en Europe hier, comme en Asie ce matin, avec en ligne de mire le secteur bancaire.
Le risque de contagion domine
Les marchés financiers en Europe n’ont pas été rassurés et le rouge a été la couleur dominante des bourses en Europe hier, comme en Asie ce matin, avec en ligne de mire le secteur bancaire.
Une volatilité extrême
Ce ne sont d’ailleurs pas uniquement les bourses qui ont connu une volatilité extrême, mais l’ensemble des marchés financiers qui ont été secoués.
Pour bien comprendre pourquoi la secousse a été aussi violente, il faut rappeler que nous étions, la semaine passée, avec des tensions très vives sur les marchés obligataires après les propos de Powell. La hausse des taux observée alors n’était pas sans effet dans les portefeuilles obligataires, et la grande crainte, avec l’effondrement de la SVB, est que les banques soient contraintes de réaliser des actifs à perte pour faire face à des problèmes de liquidité.
Résultat, comme la perspective d’une hausse de taux de la part de la FED, la semaine prochaine, a été revue à la baisse et que les obligations ont servi de valeur refuge, au détriment des actions, les rendements obligataires sont nettement repartis à la baisse, comme celui du Treasury 2 ans.
Le mouvement a été amplifié aussi parce que les fonds spéculatifs avaient pris des positions en pariant sur une hausse des taux en procédant à des ventes à découvert qu’ils ont dû déboucler en catastrophe avec la baisse des taux, ce qui a accentué le mouvement.
Malgré les propos rassurants de Biden, l’effet de contagion a touché tout le secteur financier. Selon les estimations, les grandes banques américaines ont perdu environ 90 milliards de dollars en valeur boursière lundi, ce qui porte leur perte sur les trois dernières séances à près de 190 milliards de dollars.
Mais ce sont les banques régionales américaines qui ont été les plus durement touchées. Les actions de la First Republic Bank ont ainsi chuté de plus de 60 %, avec en prime l’agence de notation Moody’s qui a revu sa note à la baisse.
Chiffres d’inflation
C’est dans ce contexte que seront publiés, cet après-midi, les chiffres d’inflation aux Etats-Unis, ce qui risque d’encore un peu plus exacerber les tensions.
On attend une hausse de 0.4% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui passerait de 6.4% à 6% en février, soit son niveau le plus faible depuis septembre 2021.
Si l’on exclut les composantes volatiles que sont l’alimentation et l’énergie, l’inflation devrait avoir augmenté de 0.4 %, soit un recul très faible du taux annuel à 5.5% contre 5.6% en janvier.
Mais le marché de l’emploi reste toujours aussi tendu, et la FED risque dès lors de se retrouver devant un sérieux dilemme. Ne pas augmenter les taux lors de la prochaine réunion compte tenu des risques pour les petites banques régionales et l’ensemble du secteur financier ou bien tenir compte d’une inflation trop élevée et augmenter les taux de 0.25% au risque d’aggraver la situation pour les banques ?
Certains tablent déjà sur la fin du processus de resserrement des taux et une baisse des taux cette année, alors que ce scénario avait été totalement balayé après les propos de Powell. Il me semble plus raisonnable de penser que la FED va continuer de resserrer ses taux, mais de 0.25% seulement.
Chute du prix du baril
Face à tellement d’incertitude, même le prix du baril n’a pas résisté et a connu aussi une forte chute.
Il faut dire qu’il était déjà sous pression après les données sur l’inflation en Chine qui ont montré que la reprise n’était pas aussi solide qu’escomptée.
La crainte de voir le secteur financier plonger, avec comme conséquence collatérale un ralentissement encore plus marqué de l’économie, a entrainé vers le bas le prix du baril.
Mais il faut avancer
Et justement, la Commission européenne devrait dévoiler ce mardi une proposition de réforme des règles du marché européen de l’électricité. L’objectif est de rendre les consommateurs moins exposés aux mouvements à court terme des prix de l’énergie fossile, en incitant les pays à signer des contrats verrouillant les prix de l’électricité pour une longue durée.
Mais la Commission ne va sans doute pas aller aussi loin que certains pays le souhaitaient en séparant le prix du gaz du prix de l’électricité. Il faudra que ce projet soit accepté par les Etats membres et par le Parlement européen, ce qui signifie qu’il faudra du temps avant que cette réforme soit d’application.