La forte hausse de l’inflation pèse lourdement sur la confiance des consommateurs, ce qui fait craindre un sérieux ralentissement de l’économie dans la zone euro.
Les affres de l’inflation
La forte hausse de l’inflation pèse lourdement sur la confiance des consommateurs, ce qui fait craindre un sérieux ralentissement de l’économie dans la zone euro.
Hausse de l’inflation
On le craignait, mais les chiffres d’inflation, publiés hier, sont tous nettement à la hausse et provoquent de sérieuses craintes.
Ainsi, l’inflation en Allemagne a augmenté de 2.5% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui est passé de 5.5% à 7.6%, ce qui est son niveau le plus élevé depuis 1981.
Pas étonnant qu’avec ce chiffre, et alors que les taux longs aux Etats-Unis se sont un peu stabilisés, que les taux longs en Europe ont continué à augmenter à l’instar du Bund 2 ans.
Compte tenu de cette hausse de l’inflation et du contexte général, le groupe des conseillers économiques qui conseille le gouvernement allemand a revu drastiquement à la baisse ses prévisions de croissance.
Au lieu d’une croissance de 4.6% pour cette année, il ne table plus que sur une croissance de 1.8%, et sur un taux de 3.6% en 2023. Et dans le même temps, compte tenu de la hausse des prix de l’énergie, il table sur une inflation à 6.1% en 2022 et à 3.4% en 2023.
En Espagne, le taux d’inflation est passé de 7.6% en février à 9.8% en mars, en taux annuel, soit son niveau le plus élevé depuis 1985.
L’Espagne fait donc pire que la Belgique où l’inflation est passée de 8.04% à 8.31%, marquant quand même un léger ralentissement dans la hausse suite à la baisse de la TVA sur l’électricité. Comme partout, la hausse est la conséquence en grande partie de la hausse des prix de l’énergie.
Conséquence de ces hausses de prix, et j’en parlais hier, le moral des ménages est en chute libre un peu partout, ce qu’a confirmé l’indice du sentiment économique publié par la Commission européenne. Si cet indice se maintient encore bien, il ne peut cependant pas masquer le fait que le sous-indice qui mesure le moral des ménages a fortement plongé en passant de -8.8 à -18.7.
Et sans surprise le constat est le même en Suède où l’indice de confiance des consommateurs est tombé à 73.5 en mars après un niveau de 89 en février, affichant ainsi son niveau le plus faible depuis 2009.
Malgré ces hausses de l’inflation et des révisions à la baisse des chiffres de croissance, la BCE se montre encore confiante. Christine Lagarde a certes reconnu la hausse en déclarant « nous savons que vous verrez une inflation plus élevée cette année, cela ne fait aucun doute ». Mais « nous constatons également que certains des facteurs qui alimentent l’inflation aujourd’hui, l’énergie et les denrées alimentaires, vont rester élevés. Mais nous ne prévoyons pas qu’ils continueront à évoluer de plus en plus haut ».
Et donc malgré le ralentissement de la croissance et cette hausse de l’inflation, elle ne croit pas à la stagflation.
Et pourtant …
Et pourtant les nuages s’accumulent et le ralentissement en Chine ne sera pas sans conséquences pour la zone euro. Car il est bien question de ralentissement en Chine quand on observe les indices PMI officiels, qui passent, aussi bien celui de l’industrie que celui des services, sous le seuil des 50.
Et le recul est le plus marqué pour l’indice des services qui s’enfonce à 48.4 suite à la politique zéro Covid qui entraine des mesures de confinement extrêmement strictes, ce qui pèse sur la consommation. Et cela ne devrait pas s’améliorer avec les restrictions qui pèsent actuellement sur Shanghai et Shenzhen.
Seuls les Etats-Unis s’en sortent mieux
Et même si la croissance devrait ralentir, et ne pas reconduire l’exploit du taux de 6.9% du quatrième trimestre, l’économie américaine continue de montrer des signes solides.
Ainsi, les créations d’emploi dans le secteur privé, selon ADP, ont été de 455.000 en mars, ce qui laisse espérer un chiffre solide vendredi sur l’état du marché de l’emploi. Selon les estimations, l’économie américaine pourrait avoir créé 490.000 emplois en mars contre 678.000 en février.
Mais la perspective des hausses de taux de la part de la FED pourrait changer la donne. Et cette hausse se répercute dans les taux des crédits comme les taux hypothécaires.
Selon la Mortgage Bankers Association, le taux hypothécaire à taux fixe sur 30 ans a atteint 4,8 % au cours de la semaine s’achevant le 25 mars, contre 4,5 % la semaine précédente. Il s’agit de la plus forte hausse sur une semaine depuis février 2011, ce qui propulse les taux hypothécaires à leur plus haut niveau depuis décembre 2018. Depuis le début de l’année, ces taux ont grimpé de 1.5%, soit la hausse la plus rapide des coûts d’emprunt immobilier depuis 1994, année du crash obligataire.